Chapitre 25.2

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— Au fait, j'ai trouvé un carnet dans tes affaires, tout à l'heure, quand je suis allé les récupérer pour les amener ici. On aurait dit une sorte... d'histoire.

Je me redresse, anxieux.

— Tu as lu ?

— J'ai simplement jeté un coup d'œil, relax. J'ai compris que c'était personnel.

Personne n'avait encore touché à mon carnet, aucun détenu n'ose s'approcher de mon lit. Cette découverte me contrarie. Je le dévisage de biais.

— Même Andres ou Luiz n'ont jamais fouillé dans mes affaires.

— Je n'ai pas « fouillé » il est... tombé entre mes mains ? plaisante-t-il. Et puis, je suis ton petit ami, ta famille.

— Ces gars étaient ma famille avant toi.

— Bon, disons que je suis privilégié.

Léo se penche vers moi.

— Et si tu n'es pas content, tu n'as qu'à me punir pour cet outrage.

Mes yeux se plissent. Je l'attrape par le bras, le plaque sur nos deux matelas et me positionne au-dessus de lui.

— J'ai repris assez de forces pour te corriger. Ne te crois pas intouchable parce que t'es mon mec.

La malice pétille dans ses yeux. Il sort mon carnet de son pantalon et l'agite sous mon nez. Pire encore, il a le cran de l'ouvrir devant moi pour lire les premières phrases à haute voix !

— Je me souviens de ce jour où...

Je lui arrache des mains, le fourre sous mon oreiller et me lève en l'entraînant de force avec moi.

— Cette fois, tu mérites une sanction sévère, déclaré-je, assez fort pour que tout le monde entende. Tu as pris beaucoup trop de libertés à mon goût.

Il se pince les lèvres pour réprimer un rire et me laisse l'attirer derrière un dortoir vide, près du mur. Tous nos voisins se rivent vers nous, l'oreille tendue, pour savoir si je vais vraiment corriger l'insolence de mon compagnon. J'ai l'impression que notre histoire est devenue une attraction pour tous ceux qui s'ennuient. "Les feux de l'amour" version taulards. Je dois avouer que l'idée est amusante.

Je le place dos à moi, lui cloue les paumes contre la structure métallique du lit superposé et baisse son pantalon, tout juste assez pour libérer ses fesses sans risquer d'exposer ses attributs à ceux qui seraient trop proches de nous. Je fourre mon nez dans sa nuque et inspire son odeur.

— Un mot d'excuse, Maître Pasquier ? lui murmuré-je, attendant officieusement son accord.

Il se retourne de moitié, la lèvre mordue et le regard languide.

— Je ne sais pas si je me retiendrai de lire votre carnet, monsieur Martinez...

Et en plus, il me provoque ! Il ne m'en faut pas plus pour passer à l'action. Je m'écarte afin de me retrousser les manches et... il ose détacher ses doigts du lit !

— Je t'ai pas autorisé à bouger !

Docile, il se raccroche de lui-même à la structure. L'instant d'après, je lui assène une fessée si puissante que son cri retentit dans tout le dortoir. Sa peau rougie sous l'impact de ma paume. Plusieurs détenus s'approchent de quelques pas, leur repas entre les mains comme s'ils grignotaient du pop-corn. Léo me fixe avec des yeux ronds, le souffle court et les pupilles scintillantes. Est-il vraiment surpris de ma force ? Je pense qu'il n'a toujours pas conscience que je ne serai jamais comme ses anciens partenaires.

Je le saisis par les cheveux et tire sa tête en arrière, puis glisse mes doigts le long de sa gorge.

— Si tu te crois tout permis avec moi, tu te trompes lourdement, grondé-je d'une voix audible par tous. Je suis un loup. Pour moi, tu es un chaton. Et les chatons, je n'en fais qu'une bouchée.

Je le retourne brusquement pour le plaquer contre la structure et il sursaute au contact du métal froid contre ses fesses brûlantes.

— Tu en veux un peu plus ? lui murmuré-je à l'oreille pour le pousser à réagir davantage.

Je recule et hausse le ton à nouveau avec un air supérieur.

— Ne crois pas qu'une fois que je serai dehors tu pourras faire ce qu'il te chante ! J'ai des yeux partout, je surveillerai le moindre de tes faits et gestes ! Si jamais tu me manques de respect...

— Pardon, Martinez...

— J'ai pas entendu !

— Pardon, Martinez !

Je me pince les lèvres pour conserver mon sérieux.

— Retourne au lit. Magne-toi !

Un sourire danse sur sa bouche le temps d'une seconde, puis, en bon complice, il se plie à ma volonté devant tous et repart s'engluer en tailleur sur son matelas. J'en trouve certains en train de boire une bière tout en nous regardant et d'autres commenter la scène avec un voisin. En plus d'avoir signalé que personne ne pourra échapper à mes foudres, même depuis l'extérieur, le divertissement semble avoir dissipé les tensions qui planaient dans l'air. Une façon de les calmer en leur laissant croire que mon homme n'est en aucun cas exempté de sanction. Dans notre fiction imaginaire, le prof sexy et arrogant aurait été maté par le directeur devant tous les élèves.

Le feuilleton étant terminé (et à défaut de télécommande), je mets un terme à l'épisode à ma manière.

— Qu'est-ce que vous regardez, bande de cons ?!

Tout le monde se détourne dans l'instant et vaque à ses occupations. Je dois dire que je suis plutôt fier de mon jeu d'acteur. Léo se rapproche jusqu'à se coller contre mon bras et pose la tête sur mon épaule. Il me sait encore fébrile à cause de la maladie.

— Belle démonstration de force, mon cœur, mais mes fesses brûlent maintenant à cause de toi. Que comptes-tu faire pour ça ?

— Tu crois que tu mérites vraiment que je te soigne ?

Il me toise, un sourcil arqué.

— Rafael Martinez, ce n'était pas une question. Réfléchis à comment tu vas apaiser la douleur ou tu ne reverras pas ce cul, même après que je sois sorti.

Je pousse un râle de frustration. Tu parles d'un loup dominant... Il vient me titiller l'oreille du bout du nez.

— Le chaton te tient en laisse...

— Attends qu'on soit dehors tous les deux.

Il ricane, ravi de cette promesse.


De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant