Chapitre 37.2

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— Hmm, par où commencer... Tu te souviens de la biographie que tu m'avais dit d'écrire ? Et ben, je l'ai écrite. Trois cent quatre-vingt pages.

— Sérieusement ? Je suis fier de toi, mon cœur !

— Maintenant, il faut que j'envoie mon manuscrit, mais je sais vraiment pas comment m'y prendre, dans ce pays.

— Je vais te mettre en contact avec un ami écrivain, il pourra peut-être te filer un contact, au pire quelques astuces. Sinon, quoi d'autre ? Ton conseiller de réinsertion est bien j'espère ?

— Plutôt, oui. Il fait même du zèle. Il est jeune et plein de bonne foi. Je pense trouver un travail rapidement.

Je m'accoude sur la table et me penche vers lui avec un air taquin.

— Monsieur Martinez attire les jeunes, décidément.

Il me renvoie un petit sourire malicieux.

— Ça change de te voir jaloux. Ça pourrait me plaire...

— Ne me titille pas trop non plus, fais-je en relevant le menton.

Il éclate de rire, satisfait de ma réaction, et je me retiens de l'imiter. Malgré mon calme d'homme distingué, je peux mordre très fort lorsqu'on tente de me piquer mon mec. Je me suis déjà occupé de recadrer les molosses qui harcelaient certains de mes ex, doux comme des agneaux, je ne prédis rien de bon à celui qui chercherait à me voler l'homme de ma vie.

— A part ça, poursuit Rafael, je cherche un appartement à Long Island. Je voulais prendre quelque chose d'assez confortable pour deux, histoire d'anticiper ta sortie, mais, avant même de parler loyer, dès que les gens apprennent que je viens de sortir de prison, curieusement, j'ai plus de nouvelles...

Je peux comprendre l'appréhension des propriétaires, mais comment espérer réintégrer d'anciens détenus dans la société et diminuer le taux de récidive si on ne leur laisse aucune chance ? Sur ce point, à nouveau, je serai grandement privilégié par mon rang social. Je vais faire au mieux pour l'aider dans ses recherches.

— Ne t'embête pas avec un appartement pour deux. Prends-toi un petit studio bien placé pour le travail et fais toi discret jusqu'à ce que je sois libéré.

— Et où est-ce qu'on ira à ta sortie ?

— J'ai de nombreux contacts et ma réputation va en s'améliorant. Mon ancien appartement était à Upper East Side. Ce ne sera pas difficile de nous trouver quelque chose dans le coin.

— Vraiment ?

— C'est ce dont on avait parlé, à Northbury. Tu ne veux plus y vivre ?

— Si, mais...

Il se gratte la nuque et détourne une moue honteuse.

— Bébé, un mec comme moi, habiter dans un quartier aussi luxueux de Manhattan... j'ai pas ma place là-bas. Tu imagines ce que diront les voisins ? Léo Pasquier, le célèbre avocat chouchou du grand public, à la colle avec un ex-taulard latino...

— Rafael, les voisins, je m'en branle, si tu savais à quel point.

— Et Steven ? Tu t'en branle ? Qu'est-ce que tu feras quand il l'apprendra ? Tu as besoin de lui pour être innocenté et il va te lâcher à cause de moi...

— Besoin de lui ? Pourquoi est-ce que j'aurais besoin de lui pour être innocenté ?

— Ben, c'est ton ami et avocat.

Je lui souris gentiment.

— Mon cœur, tu te souviens que je suis moi-même avocat ? Quand je retournerai devant la cour, je me représenterai moi-même. Je n'ai besoin de personne d'autre.

Il me regarde avec de grands yeux ébahis.

— Et si j'ai besoin d'un conseil, il y a de très bons avocats parmi mes groupes de soutiens, je ferai appel à eux. Steven m'a aidé à certains moments, c'est un bon ami, mais je ne compte pas cacher l'homme que j'aime à qui que ce soit. Tu as fait plus que ton temps, tu n'as plus aucun compte à rendre à personne. Et puis, de toute façon, ces cinq dernières années m'ont radicalement changé, je ne partage plus les mêmes valeurs que le cabinet. Je sais quel genre d'avocat je serai en sortant de Gordon Valley.

— C'est-à-dire ?

Je croise les bras et me laisse retomber dans le dossier avec un air rêveur.

— J'ai eu la chance de rencontrer Ilma Marrow, une femme flic géniale grâce à une fan qui avait des ennuis avec un homme. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à l'aider sur leur procès et il s'avère que le courant est vraiment très bien passé. Nous sommes sur la même longueur d'ondes.

— C'est qui cette femme ?

— La capitaine d'une section spéciale de la police, dédiée aux victimes de violences et d'agressions sexuelles.

Je me rapproche de lui, le regard pétillant.

— Elle veut que je devienne l'avocat de leur section criminelle.

— Oh, mais c'est super, bébé !

Je rayonne de fierté.

— Le reste de mon temps, je m'occuperai de particuliers. Mais ça, c'est un projet que je garde secret, pour le moment.

Un projet ou plutôt, une déclaration de guerre... Il souffle du nez, amusé.

— Au début, j'avais tendance à me sentir indispensable à ta survie, mais j'ai vite fini par comprendre que tu étais ton propre sauveur, avoue-t-il dans un sourire. Tu es vraiment l'homme le plus fort que je connaisse.

Je caresse sa joue.

— Je n'ai pas besoin d'un sauveur, Rafael Martinez, mais d'un homme tendre et loyal avec qui partager une existence pleine de couleurs. Je veux un amour, un amant, un meilleur ami. Un partenaire pour la vie.

Son visage s'éclaire.

— Et un cuistot, ajoute-t-il.

— Et un cuistot, oui...

Nous rions en cœur. Il m'embrasse le dessus de la main et me contemple avec des pupilles scintillantes.

— Je suis heureux, en plus d'être rassuré.

— Pourquoi ?

— Parce qu'il y aura au moins une personne sur cette Terre qui ne me considèrera pas comme un raté, et que cette personne c'est toi.

Mes lèvres se froissent de chagrin. Je déplace ma chaise tout près de la sienne pour me positionner face à lui et prends ses mains.

— Un jour, ta bonté et ta générosité seront reconnues, je te le promets, mon amour.

J'enroule mes bras autour de lui et attire sa tête dans mon cou avant de déposer un baiser dans ses cheveux.

— Je t'aime, Rafael. Désormais, tu ne seras plus seul.

 

Nous actuellement => 💓💖🥹✨

💚🦁 Léo : On est beaux, hein ? 🥰

🖤🐺 Rafael : Les plus beaux. Celui qui dit le contraire, je le...💢


De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant