Chapitre 5

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PDV Rafael

Une odeur de lessive et de linge humide imprègne la laverie. Pendant que je jette des chemises et des pantalons sales dans une machine, Andres ronchonne, encore. À certains moments, il me donne la migraine. À d'autres, comme aujourd'hui, j'apprécie qu'il m'occupe l'esprit.

Un poing. Ce mec m'a vraiment collé un poing, sans que je ne le lui rende... Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Est-ce qu'il me fait pitié à ce point ? Impossible. Les petits snobs dans son genre m'ont toujours agacé. Mais celui-là... il a quelque chose de spécial. Ce petit Français à la trop grande bouche, maladroit, ignorant et caractériel, mais sensible... il est l'auteur parfait du guide de la non-survie en taule.

Quoiqu'il en soit, il m'énerve. Pour m'avoir mal parlé, rejeté alors que je lui apporté mon aide (qui oserait le faire ?) et provoqué pour ensuite me frapper. Un poing, à moi. Je cherche toujours la vraie raison pour laquelle je ne lui ai pas cassé un bras.

Je prends une longue inspiration et enfourne avec plus de hargne les vêtements dans la machine.

— Pourquoi t'es sur les nerfs, Martinez ? C'est moi qui devrais l'être.

— J'ai mes raisons.

— Ramos nous dit tout, autant me le dire maintenant. Et pis, on s'fait vraiment trop chier.

— Parlons de toi et de tes clopes perdues.

— Eh, je t'emmerde ! J'avais besoin de tunes pour rembourser ma dette à Marco.

Je me retourne et le regarde, sidéré. Là, par exemple, j'ai envie de l'encastrer. Je referme violemment la porte de la machine et me plante devant lui.

— T'as emprunté à Marco ? Ce gars n'attend qu'une chose c'est une raison de nous niquer et toi tu t'endettes auprès de lui ?!

— Ferme-là ! J'avais pas le choix !

— T'as tout Glenwood à disposition, me dis pas que t'avais pas le choix ! Même emprunter à un gardien aurait été moins con. Maintenant, c'est tout le gang qui va peut-être avoir des ennuis par ta faute, caralho ! T'es vraiment une tâche.

Il approche son visage du mien et brandit un index entre nous avec un air qui se veut intimidant.

— Redis-moi ça quand on sera dehors !

— Pourquoi pas maintenant ? J'ai un poing à rendre. À moins que tu sois trop petit pour m'atteindre, comme au basket.

Il écarquille les yeux, piqué au vif.

— T'as dit quoi ?!

— Trop pe...

— Toujours un plaisir de t'entendre engueuler Andres.

Une voix me coupe. Nous nous braquons vers l'entrée de la laverie et découvrons Ash et son toutou au crâne tatoué, tous deux les bras chargés d'un sac de linge qu'ils déposent sur une table de tri. L'expression d'Andres change du tout au tout. Il relève le menton et vise Davis avec une moue méprisante.

— Comment va le chien-chien ? Wouaf ! Wouaf !

Davis l'assassine du regard. Si le pire pour Andres est d'être dénigré au basket ou qu'on parle de sa taille, Davis, de son côté, ne supporte pas d'être traîté comme un vulgaire clébard fidèle à son maître.

— Un jour... un jour, je t'exploserai, Andres, grogne-t-il en avançant vers nous. Je vais retapisser tous les pavés et les murs de Glenwood avec ton sang et me faire un collier avec tes tripes.

— Un collier pour le toutou ? Je veux voir ça !

Davis se jette sur lui mais Ash le retient à bout de bras.

De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant