Chapitre 10

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PDV Léo

Le lever est difficile. Je n'imagine pas la taille de mes cernes. Je bougonne en me faisant aboyer dessus par le gardien. Par pitié, laissez-moi dormir ! Mon corps pèse une tonne, chaque mouvement pour m'arracher du matelas me demande un effort immense. Je compte bien rattraper mes heures de sommeil dès que je le pourrai, aujourd'hui. 

Encore en caleçon, je me dirige vers le petit lavabo pour aller me brosser les dents et grogne lorsque mon orteil touche l'eau dégoulinant des WC bouchés. J'entends à peine Hendrix me saluer en quittant la cellule. Ce cinglé. Quelle surprise me réserve-t-il, la nuit prochaine ? Compte-t-il me dessiner sur tout le corps ? Me prélever un organe à main nue ?

Je recrache et me passe un coup d'eau sur le visage avant de le sécher.

— Aqui esta ! (il est ici)

A l'entrée de la cellule, Diaz. J'ouvre de grands yeux effrayés et recule.

— Vas-t'en ! Laisse-moi tranquille !

A sa suite, Rafael arrive. Pourquoi sont-ils ici ? Je fronce les sourcils, crispé de tous mes membres.

— Q-qu'est-ce que tu...

— Putain !

Rafael se rue vers moi et me capture en ses bras pour me serrer très fort contre lui. J'en reste souffle coupé.

— R-Rafael ?

Il me saisit par les épaules et m'examine sous toutes les coutures avec un air inquiet. La phrase au-dessus de l'élastique de mon caleçon l'interpelle immédiatement.

— C'est quoi ça ?

— Hendrix m'a écrit ça cette nuit, mais je n'arrive pas à lire.

Il s'accroupit devant moi et baisse légèrement l'élastique.

— « Creo que prefieres esta parte » (je crois que tu préfères cette partie), lit-il à haute voix. Putain de... Mateo !

Son ami s'avance vers moi. Je me crispe en réflexe, mais leur unique préoccupation est cette phrase. Ils échangent quelques mots en espagnol sur un ton sérieux, me dévisagent, puis Mateo retourne dans l'encadrement pour tenir le rôle de porte.

— Tu vas m'expliquer ce qu'il se passe, s'il te plaît ?

— Ce message est pour moi. Hendrix, il sait pour toi et moi. J'ai tout fait pour le persuader que je n'avais aucune attache avec toi, mais...

Il ferme les yeux et soupire nerveusement.

— Comme je le craignais, il va t'utiliser pour m'atteindre. Je suis désolé, à cause de moi, tu es en danger.

Son regard se repose sur moi, empli de chagrin. Je peine à y croire.

— Donc, hier...

— J'avais prévu de te prévenir, c'était que du cinéma. Mateo est mon meilleur ami, il est au courant de tout, il ne te ferait jamais de mal. Jamais.

La pression chute brusquement. Le château de cartes de mes pensées s'écroule. Tout mon jugement bascule. Il glisse ses mains dans mon cou. La tendresse dans ses yeux me laisse entendre que certains mots lui brûlent les lèvres. Il me prend à nouveau contre lui dans une étreinte protectrice.

— Dis-moi qu'il ne t'a rien fait de mal, s'il te plaît...

— Il ne m'a pas touché.

Son soupir soulagé se perd près de mon oreille. Je sens son nez s'enfouir dans mes cheveux. Mes bras s'enroulent lentement autour de lui, dans son dos, et je profite de cet élan d'affection pour me nourrir de sa chaleur, de son odeur, au creux de son cou. Je meurs d'envie de lui dire que je l'aime. Je voudrais rester comme ça des heures durant, pour compenser le temps où j'ai souffert de son absence et de son ignorance. Mais il ne doit pas s'en aller avant que je ne me sois confessé.

De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant