Chapitre 23.4

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Dès le réveil, des éclats de voix s'élèvent. Les gardiens sont déjà sur les nerfs. À croire que passer son temps à s'empiffrer rend grincheux... La nuit a été agitée et peu réparatrice. Entre le vacarme de la tempête, les émotions, les changements extrêmes de températures et la présence de trois cent quatre-vingts hommes, difficile d'espérer mieux.

Je me frotte les yeux et lève le nez vers les lucarnes, tout en haut des murs. Les vitres sont blanchies par la neige, on ne distingue même plus les barreaux.

— Quelle nuit de merde...

Je me tourne vers Rafael. Il tremble comme une feuille.

— Mon cœur ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Je palpe son visage : son front est chaud et ses joues sont glacées. C'est là que je réalise que l'unique couverture que nous avions était sur moi.

— Pourquoi est-ce que tu n'étais pas couvert ?

— Tu grelottais... et ensuite tu l'as tirée vers toi, je ne voulais pas te l'enlever et risquer que tu prennes froid.

Même dans cet état, brûlant de fièvre, il parvient à me sourire pour me rassurer.

— Et maintenant, tu es malade...

— Je ne vais pas en mourir.

Dès qu'il se redresse, il retombe sur le matelas. Je soupire, contrarié, et interpelle un gardien qui passe près de nous. Parmi tous ceux qui se chargent de nous déloger, je choisis intentionnellement le surveillant le plus négligent et enrobé ; le plus pressé d'engloutir les viennoiseries bien chaudes du petit déjeuner, apporté par la relève. Il a toujours été facile à manipuler.

— Surveillant Fiori ? Martinez est pas bien, il a besoin de soins et de repos.

— Pas de place à l'infirmerie, rétorque-t-il, mal réveillé de sa sieste.

— Bien sûr, ça se comprend. Mais peut-il rester ici ? Je m'occuperai de lui. Il est tombé très malade avec le froid, comme pas mal d'autres détenus. Sûrement un gros virus...

Au mot "virus", il nous dévisage d'un sale œil. Il râle dans son talkie-walkie et pousse un grognement. Le moindre petit changement de programme suffit toujours à lui retourner le cerveau... Je tousse dans mon poing pour attirer son attention et feins un haut-le-cœur. Il se met à grimacer.

— Je pense que je suis contaminé, moi aussi...

— Vous gardez vos malades ici jusqu'à nouvel ordre. On doit surtout pas se taper une épidémie maintenant, dit-il en cognant dans les matelas pour réveiller les retardataires. Ceux qui sont pas malades, bougez-vous l'cul !

Il s'éloigne en beuglant, suivi par des rangées de détenus.

— Martinez est malade ? se moque Tucker.

— Tire-toi... grogne Rafael.

Tucker lève les mains et déguerpit en compagnie de Reyes, leurs serviettes de bain sous le bras.

— Léo, vas manger, je sais que t'es pas malade.

— Certes. Mais jusqu'à ce que tu guérisses, c'est moi qui vais prendre soin de toi.

— Tu vas attraper ce que j'ai...

— Je suis du genre résistant.

Je le borde sous la couverture et patiente le temps que tous les bien portants disparaissent dans les couloirs. Une fois qu'ils auront tous fini leur toilette, j'irai à la salle de bain et reviendrai avec de l'eau tiède et une serviette humide. Et puisque je dois passer prendre mon traitement, j'en profiterai pour rapporter des médicaments ainsi que des vêtements propres.

Rafael me saisit par le bras d'une main molle.

— Bébé...

Son expression et sa voix sont fiévreuses. Il a l'air si vulnérable, dans cet état... Je glisse les doigts dans ses cheveux pour dégager son front brûlant et dépose un baiser sur le haut de son crâne.

— Tout va bien, mon chéri, je vais bien m'occuper de toi.


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De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant