Chapitre 31.2

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Une fois dans les couloirs, nous nous faisons stopper par deux gardiens.

— Eh, vous allez où comme ça ?

— Surveillants, il est...

— Malaise cardiaque... articule Léo pour les convaincre d'ouvrir les grilles.

Mes yeux s'écarquillent. Malaise cardiaque ? Pardon ? L'angoisse monte d'un cran. Les gardiens ouvrent les grilles dans le but de nous escorter jusqu'à l'infirmerie, mais Diego se fait renvoyer, n'étant pas habillé. Je récupère Léo entre mes bras et leur emboîte le pas. Il s'agrippe à mon cou d'une main fébrile et tourne la tête contre moi.

— J'ai peur... souffle-t-il.

C'est la première fois que je le vois dans un tel état.

— Je suis là. On arrive.

Ses larmes coulent et imbibent mon uniforme.

— Pardon... pardon d'avoir rompu, murmure-t-il.

— Ne parle pas, bébé, s'il te plaît, fais-je avec la même discrétion.

— Je t'aime... je t'aime tellement... !

Ma gorge se noue et ma respiration s'accélère. Il se confesse comme s'il vivait ses derniers instants...

— Plus vite, ça urge !

Les gardiens pressent le pas à mon appel. L'infirmière, assise derrière son ordinateur, lève les yeux de l'écran lorsque j'enfonce la porte.

— Il fait un malaise cardiaque, aidez-le !

Elle se lève dans la seconde, récupère une sorte de bipper et appuie sur un bouton ; une LED se met à clignoter en rouge sur le petit objet. Je dépose Léo sur un lit à son ordre et m'écarte.

— Dites-moi ce qu'il vous arrive, dit-elle à Léo en l'auscultant.

— Syndrome de Burgada. J'ai déjà fait... un malaise cardiaque il y a quelques semaines... deux infarctus ces cinq dernières années...

Je me décompose. Mon souffle se coupe. Une pathologie cardiaque... deux infarctus... Je suis bouche bée. En quelques secondes, de nombreux évènements et de « crises d'angoisses » prennent leur sens. Mon cœur se serre. Tout ce temps, il a dû se sentir si seul...

Je prends appui contre le mur, toujours figé sur lui. Son regard dévie dans le mien et je reçois ses regrets à travers sa profonde tristesse. Tant de poids pèse sur ses épaules depuis si longtemps sans que personne ne le voit...

Je baisse la tête, coupable de ne pas lui avoir inspiré plus de confiance, mais surtout, de sérénité. Car c'est ce dont il avait besoin, lorsqu'il était au plus mal.

— Que faisiez-vous, juste avant ? le questionne l'infirmière en écoutant son rythme cardiaque.

Léo me regarde, incapable de prononcer les mots dans son état.

— Il... venait de se faire violer.

— Par vous ?!

— Non ! Jamais de la vie !

Elle l'interroge du regard et Léo murmure quelques mots qu'elle seule comprend. Après ça, elle m'adresse un hochement de tête bienveillant, puis elle le branche à de multiples patch et appareils.

— Apportez-moi l'une de ces poches transparentes, lance-t-elle sur un ton ferme en désignant celles qui sont sur une console.

Je m'exécute et patiente contre le mur près du lit, jusqu'à recevoir un nouvel ordre. Une série de « bip » retentit et l'écran du cardioscope affiche le rythme cardiaque erratique de Léo. 195 battements par minute, et le chiffre oscille sans arrêt. Ce chiffre, il n'est pas censé l'atteindre à son âge, n'est-ce pas ?

De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant