Chapitre 20.1

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PDV Rafael


Après une douche expéditive, je me mets à chercher Léo dans la foule de détenus. Bordel, où est-il passé ?

— Eh, regarde là-bas, me lance Mateo.

Près d'un mur, je découvre Léo et... Hawk. Hawk, notre pire ennemi, discutant avec mon petit ami. Mon cœur s'accélère. Mateo m'empoigne le bras.

— Calme-toi. Il a sûrement appris son métier, on a entendu les autres en parler dans la file. Depuis Hendrix, c'était sûr que ça allait fuiter.

— Et si c'est pas que pour ça, et si...

— Il sait rien, Rafa. Hermano, insiste-t-il en resserrant son emprise pour me rassurer.

Je me sèche à vitesse grand V et m'habille dans un coin qui me permet de les épier. Lorsque je vois Léo reculer, j'aperçois sa mine effrayée. Son visage vient de blanchir d'un seul coup. Il est clairement sous le choc d'une nouvelle. Que se passe-t-il, bon sang ? Quelques secondes plus tard il baisse les yeux et file dans le couloir. Je le suis, m'insère dans la file et bouscule deux détenus lambdas pour me placer dans son dos.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Hawk ?

Il sursaute en m'entendant. Sa tension est palpable.

— Je n'ai pas envie d'en parler, là. On verra plus tard.

— Léo, tu dois...

— Martinez.

Son ton et l'utilisation de mon nom de famille suffisent à me réduire au silence. Nul besoin de parler fort, ni d'en dire davantage. Je reste immobile, décontenancé, mais surtout inquiet. Qu'est-ce que ce connard a bien pu lui dire sur moi que je ne lui aie pas déjà avoué ?

 

J'observe d'un œil de biais Hawk et Léo depuis la cour, caché au centre de mon gang. Ils bossent sur son dossier, ça, je l'ai bien compris – et bon courage à Léo pour lui obtenir un quelconque arrangement. En revanche, je ne sais toujours pas pourquoi son attitude envers moi a changé. 

Mon comportement avant d'entrer dans les douches ne peut pas en être la cause, nous parlions en langage codé, en bons complices, et je sentais que tout allait bien entre nous. Non, cette distance s'est installée après sa conversation avec Hawk...

Dès le moment où nous sommes renvoyés à l'intérieur, je fais un signe à Mateo de me suivre et nous nous engageons derrière Léo.

Nous montons à l'étage, marchons sur ses pas jusqu'au coin de la passerelle où se trouve sa cellule, et pénétrons à l'intérieur avec lui. Il fait volte-face en m'entendant.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— J'ai plus le droit de te venir te voir ?

Il froisse une moue contrariée. Je m'avance vers lui.

— S'il te plaît, bébé, dis-moi ce que Hawk t'a dit.

— Ne t'en occupe pas. Ça ne concerne que moi.

— Que toi ? Vraiment ? fais-je gentiment dans un sourire.

— Mes affaires ne sont pas les tiennes. N'insiste pas.

Il se détourne et pose sur son lit un paquet de Cheetos.

— Tes affaires, ce sont des Cheetos ?

J'ai beau le taquiner pour détendre l'atmosphère, ma bouche est sèche et mes muscles sont raides. Il me cache quelque chose et je ne le supporte pas.

— Repars dans ta cellule, Rafael.

— Je peux t'aider...

— Ha ! M'aider ? Certainement pas. Tout ce que tu ferais c'est...

Il s'interrompt, sans doute pour taire des mots qui me blesseraient. Mateo me siffle.

— Les gars arrivent, ravale tes yeux de chiot.

Bordel. Les voix de nos camarades retentissent déjà à l'entrée.

— T'as besoin d'aide, Martinez ? glousse l'un d'entre eux.

— Barrez-vous !

Ils s'écartent sur mon ordre, mais le couloir de l'étage n'étant pas grand, ils squattent en groupe près de la cellule. Autrement dit, certains seront toujours face à nous.

Je ne peux pas partir maintenant sans avoir la moindre information sur son mal-être, mais je ne peux pas non plus conserver une attitude normale avec lui devant ceux qui le prennent pour mon objet...

Léo croise les bras, un sourcil arqué. Que dois-je faire ? Le stress l'emporte sur le reste.


De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant