Chapitre 27

1.3K 161 53
                                    

PDV Rafael

Je fonce dans le dortoir après le travail, aux alentours de 11h30. Ash et deux de ses hommes sont déjà à l'emplacement de Léo. Quand j'arrive, je le découvre allongé sur son lit, inerte et rigide, malgré ses yeux ouverts. Je m'agenouille face à lui.

— Bébé, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Dis-moi...

— On l'a trouvé assis entre deux téléphones, m'informe un homme de Ash. Il a pas sorti un mot.

J'écarte une mèche de sa tempe, inquiet.

— Laissez-nous.

Les gars se retirent. Ash referme une main sur mon épaule et y exerce une légère pression. Je hoche la tête pour le remercier de sa présence et attends qu'il soit parti avant de m'allonger sur le lit, puis prends Léo en coquille dans mes bras. Mais malgré toute la tendresse du monde, son regard demeure figé dans le vide.

— Bébé, réponds-moi, s'il te plaît...

Après un silence interminable et alors que je m'apprêtais à parler à nouveau, il articule enfin ses premiers mots :

— Ma mère est morte.

J'ouvre de grands yeux. Sa mère est morte... Je m'attendais à tout sauf à ça...

— Je... je suis désolé. Hamilton peut peut-être te donner une permission pour assister à...

— Les funérailles ont déjà eu lieu.

Pardon ? Son père ne l'a-t-il donc pas prévenu avant ? Peu importe l'amertume que l'on se porte, comment peut-on tenir son enfant à l'écart du décès de sa mère ! Je tais les paroles acerbes qui me brûlent la langue et le cajole contre moi. Owens, Elie et maintenant sa mère... Les malheurs arrivent rarement seuls, mais là...

— Martinez, tu savais que ta femme était riche ?

Je tourne la tête et aperçois trois détenus qui passent dans l'allée, derrière nous. Des types qui ne sont ici que depuis trois mois.

— Tu devrais le faire payer pour te le coltiner jour et nuit, lance l'un d'entre eux.

— Et pour ça aussi !

Le second mime des coups de reins tout en s'esclaffant. J'ai du mal à croire ce que j'entends en pareil moment. Mon sang commence à bouillir.

— Tu pars quand déjà, moins de deux semaines ? ajoute le troisième. Je sens qu'on va se verser de gros salaires.

Ceux-là, je nous les réserve pour ce soir, Ash et moi. Dès demain, ils seront bien dressés. Je repose la tête dans les cheveux de Léo. C'est en enfermant son corps mince entre mes bras que je réalise combien il est vulnérable sans sa combattivité. En réalité, je n'ai jamais été nécessaire à sa survie. Tout ce dont il a toujours eu besoin était d'être lui-même, d'imposer le respect par sa force de caractère, son intelligence et ses compétences. Mais aujourd'hui, il n'est plus que l'ombre de lui-même.

— Léo, mon bébé, promets-moi que tu vas te relever...

Son silence me tord le ventre.

— Je t'en supplie, tu dois être fort... !

Ses yeux se lèvent dans les miens et creusent un vide indescriptible au plus profond de moi. Dans son regard, je découvre un gouffre sans fin ou plus aucun espoir ne subsiste. Le garçon que j'ai devant moi n'est plus celui que je connaissais. Le lion a disparu. Et j'ai peur de ne plus jamais le revoir.


De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant