Chapitre 31.1

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PDV Rafael


Je me dirige vers les sanitaires en compagnie de Sanchez. Il me raconte l'épreuve qu'il traverse à cause de la maladie orpheline de sa fille et de son ex-femme, qui refuse de lui amener au parloir. Nos gangs respectifs nous suivent au compte-goutte.

Nous pénétrons dans la salle de bain et je pose ma serviette sur une barre avant de me déshabiller. Puisque je dois patienter pour avoir une douche libre, je décide de me laver les dents. Quelques mecs de Lewis talonnent une vague de latinos en crachant quelques insultes provocatrices. Les premières hostilités du matin. Une odeur de tabac commence à imprégner les lieux, légère et volatile.

Je me rince la bouche et examine ma barbe de cinq jours.

— Ça m'donne envie, lance un mec qui passe derrière moi.

— Comment un gars peut avoir une voix si bandante ? J'vais aller me branler.

Ils éclatent de rire. Je fronce les sourcils. J'ai un très mauvais pressentiment. Je me retourne, la boule au ventre. Près d'un évier, des béquilles. Léo est ici. Il est ici... Je fonce dans la foule de détenus en direction des douches. C'est là que je le découvre. Mes yeux s'écarquillent, mon cœur s'arrête.

— Jackson !

Mon hurlement les saisit tous. Le temps qu'il se stoppe, je l'ai déjà chopé par le bras et poussé contre les autres.

— Lé... Pasquier !

Léo reste immobile, haletant, ses mains tremblantes toujours imprimés sur le carrelage. Incapable de se soutenir plus longtemps, il se laisse glisser au sol le long du mur. Je suis encore sous le choc.

— Martinez, quelle surprise !

Ma mâchoire se contracte. J'ai une envie viscérale de l'égorger.

— Pourquoi t'as fait ça ? reprend-il. C'est plus ton jouet, Pasquier, on te voit plus le baiser. D'ailleurs, en y réfléchissant, on t'a jamais vu le baiser, comment ça se fait ?

— Je fais pas ça en public, articulé-je sur un ton acerbe.

— C'est pas ce qu'ils ont vu, pourtant, à Glenwood... sourit-il.

Des hommes se braquent sur moi, dont un chef de gang cubain. Je me retiens de réagir. Il cherche à me coincer. Plus je vais me défendre, plus il révèlera des infos sur notre passé. S'il balance que nous étions en couple à Glenwood et profondément amoureux, nous serons tous les deux finis...

— Tu vas pas me dire que tu t'es pris d'affection pour ce p'tit gars ? me nargue-t-il. Pas après ce qu'il t'est arrivé ici, hein...

La haine me dévore. Il veille à ne pas citer Emilia pour ne pas justifier que je le frappe, mais éveille le souvenir de son meurtre chez ceux qui savent.

— C'est ce que je pensais. Martinez est le Loup Noir, el jefe ! Jamais il n'aurait de sentiments pour un homme, excuse-moi si je t'ai offensé, dit-il en levant les mains.

Putain d'enflure...

— Donc, à moins que tu marques ton territoire, chef, je continue mon affaire avec Pasquier, fait-il en avançant à nouveau vers Léo.

— T'es qui, toi, cabrón ! s'écrie un de mes gars. Ce type, il appartient à Martinez !

— Qu'il le prouve comme un homme, alors.

Les trois types de mon gang présents, Sanchez et d'autres, me fixent avec insistance, dans l'attente d'un recadrage en bonne et due forme. Mais si j'éclate Jackson, Léo subira des représailles. Et si je ne fais rien, je prouverai que je me fiche de lui, et n'importe qui pourra en faire ce qu'il veut, à commencer par ce connard.

De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant