De roses et d'acier (MxM)

Chapitre 41

PDV Rafael

— Rafael, t'as repassé ta chemise pour demain ?

— Mmh, non.

— T'abuse !

Helena passe devant la télé et s'arrête, poings sur la taille.

— Pas qu'il soit énorme, mais ton cul me cache la vue.

— Bouge le tien pour aller te nourrir, Martinez.

— M'appelle pas comme ça, putain.

— Mon appart', mes règles, chéri.

Je ronchonne. Mes yeux se posent sur la finition en dentelle de son bas.

— Tire sur ta robe, on va tout voir.

— Ah, j'avais pourtant demandé à Em de me prendre la bonne taille, dit-elle en remontant l'adhésif. Tant pis, j'ai pas le temps de me changer. T'as les lasagnes dans le four, donc par pitié, mange ! Tu vas finir par fusionner avec ce canapé, si ça continue.

— M'en fous.

— Dios mio, que cet homme m'énerve. Quand est-ce que tu comptes accepter un travail ? Tu as encore reçu une proposition, tu n'as que l'embarras du choix.

Je reste scotché à l'écran.

— Tu es sorti de prison il y a un an, Rafa. Je t'en prie, il faut que tu reprennes une vie normale. Viens avec moi au gala, demain soir.

— Mmh.

Elle grommèle. Elle recoiffe sa longue tignasse pourpre dans le miroir, jette un œil à sa peau mate pour vérifier son maquillage et récupère son sac à main sur le fauteuil avant de venir vers moi. Ses lèvres rouges se pressent sur ma joue.

— Te quiero, burro. (je t'aime, bourrique)

— Mmh, t'quiero.

La sonnette retentit, la porte s'ouvre. Des bruits de talons. J'ignore leur discussion.

— Salut, Rafael !

Em m'adresse un grand sourire qui fait pétiller ses grands yeux bleus de Polonaise. Un côté de son carré blond polaire retombe sur son visage quand elle se penche vers moi.

— Salut, Em.

— Toujours aussi grincheux ?

— J'suis pas grincheux.

— Qu'est-ce que c'est quand tu l'es alors, ricane-t-elle.

— M'en parle pas, je sais plus quoi faire de lui, se plaint Helena, depuis le couloir.

Je lève les yeux au ciel et répète sa phrase sur un ton moqueur en grimaçant. Em éclate de rire.

— Ne l'encourage pas, toi ! s'écrie Helena.

Elle accourt vers nous, un blazer entre les bras et l'enfile sur les épaules d'Em.

— Il va faire froid, ce soir. Couvre-toi.

Helena dépose un baiser sur ses lèvres et Em lui rend un magnifique sourire.

— Merci, mon cœur.

— Je reviens tout de suite, lance Helena en repartant dans la salle de bain.

— Dépêche-toi, Bébé, on va vraiment être en retard.

— « Bébé » ... répété-je en fixant la table basse.

Em s'assoit à côté de moi avec une moue chagrine.