Chapitre 30.1

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⚠️Dernier chapitre du tome 1 en 3 parties 😱! Les parties 2 et 3 seront postées ce vendredi soir, prévoyez un moment et accrochez-vous !💣Le tome 2 s'enchaînera sans aucune attente pour vous 💝

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PDV Léo

À peine les yeux ouverts, je suis tiré du deuxième étage et projeté au sol par un gardien. Mon réveil se fait sous une pluie de coups et ma première expiration dans la douleur. Insultes homophobes et privation de repas pour ce midi. M'avoir surpris dans le lit de Rafael a mis ce surveillant hors de lui.

Lorsqu'il tourne les talons, je me relève avec l'aide d'Andres. À quand remonte la dernière fois que mon corps ne m'a pas fait souffrir ? Être en bonne santé était un privilège que je pensais acquis, avant d'atterrir ici. Rafael se retient de m'enlacer pour ne pas aggraver la situation et se contente de m'effleurer la main avec un air soucieux. Puis, sans un mot, nous nous rhabillons. Quelques regards en coin, un sourire peiné, le jour J est arrivé...


Affalé sur l'une des tables de la grande salle commune, la joue écrasée dans la paume, mes doigts se baladent sur le bras de mon compagnon. Je songe à ces couples longues distances qui ne se voient qu'une fois tous les six mois, restent scotchés à leurs téléphones pour échanger des textos et pleurent lorsqu'ils ne peuvent pas s'appeler chaque soir. Pour nous, ce genre de relation serait presque une idylle...

— Bébé, je viens te voir dans cinq jours.

J'acquiesce avec un rictus de frustration.

— Il va pas arrêter de nous souler à parler de toi, ronchonne Andres en s'adressant à Rafael, et toi tu vas te transformer en Roméo. J'en ai déjà la gerbe.

Il mime l'acte de vomir. Mon rictus se mue en véritable sourire.

— On le connaît, notre Rafa, il sera en salle de visite chaque semaine, plaisante Luiz.

Ce dernier se fait transpercer par le regard noir de Rafael.

— Tu te souviendras d'où se trouve ta place ou je dois te rafraîchir la mémoire ?

— Je m'en souviens, assure-t-il en levant les mains. De toute façon, je n'aime pas forcer les gens, ils doivent s'offrir à moi de leur plein gré. Ne t'en fais pas, mon frère.

Rafael rit jaune.

— Ash avait raison sur toi. Tu penses qu'à ta gueule.

— Tu crois qu'il pense pas qu'à la sienne ? Ce type est juste moins cash que moi.

En voyant Rafael monter en tension, je m'assois sur la table, les pieds sur le banc, croise les jambes et sors mes lunettes de ma poche pour les poser sur mon nez. D'un index sous son menton, je tourne sa tête vers moi et lui souffle sur un ton velouté :

— Martinez...

Il se déplace entre mes jambes et m'empoigne les cuisses avec un grondement félin.

— Si je pouvais te manger tout cru, mon prof sexy...

Je pouffe de rire. Il est bien le seul qui ne rende pas ce fantasme malsain à mes yeux. Je relève son visage du bout de l'index et susurre son prénom en Japonais avec la langueur de ces femmes enjôleuses dans les mangas pervers :

— Rafaeru-kun...

Son regard pétille. Il me tire brusquement à lui et me fait tomber sur ses cuisses avant de se jeter sur mon cou pour sucer ma peau.

— Je jure de t'enfiler un uniforme une fois que tu seras sorti et te prendre sur un bureau.

Je remue sur lui en gloussant.

— Martinez ! Pasquier !

Nous nous séparons aussitôt sur rappel à l'ordre d'un surveillant.

— Pasquier, tu viens de profaner le hentai, s'afflige Andres. Je ne te le pardonnerai jamais.

Je lui lance un clin d'œil amusé.

— Au moins, je sais comment te faire chier, quand je m'ennuierai.

— Martinez, maugrée-t-il, tiens ton mec ou je vais casser un mur.

— Tu vas rien casser du tout, cabrão. Et toi, je t'interdis de faire ce genre de choses avec quelqu'un d'autre que moi.

Rafael me saisit la mâchoire et me transperce du regard. Je lui renvoie une moue malicieuse. Et dire qu'il y a quelques mois, sa présence m'intimidait...

— Martinez ! C'est l'heure !

Toute gaieté s'envole à ces mots. Ma gorge se noue, mais je m'oblige à lui sourire, heureux, malgré tout, de le savoir enfin libéré de son enfer. Emprisonné à dix-neuf ans pendant quinze ans... Il aura passé toute sa vie de jeune adulte derrière les barreaux après une enfance misérable.

Je ne peux pas imaginer comment il se sentira une fois dehors. Un alien qui découvre sa propre planète, épié et jugé de tous les côtés par des inconnus. Savoir que ma psy et mes collègues le soutiendront me rassure énormément.

— Tu vas me manquer...

— Je reviens vite, bébé.

Nous nous levons et il se dirige vers le gardien en même temps que trois autres détenus. Andres, Luiz et moi lui emboîtons le pas. Ash le salue depuis la table autour de laquelle son gang est installé. Je tente de ne pas montrer ma peine, mais mes efforts sont vains. Mon ventre se tord un peu plus chaque seconde. Je ne pensais pas que ce moment aurait été aussi douloureux et mon anxiété aussi pénible à cacher.

Il effleure une dernière fois ma main et adresse quelques mots en portugais à Andres, qui approuve d'un hochement de tête. En voyant que les larmes me montent aux yeux en public, ce dernier m'attrape par le cou, dans le pli de son coude, et me secoue comme un cocotier. Sa manière à lui de m'aider à dissimuler mes émotions.

— Fais pas ta lopette, lopette. Tant que tu me cherches pas, je garderai un œil sur toi. Vite fait. Pas trop non plus. Je risquerai d'attraper le gay.

En temps normal, j'aurais ri, mais en ce moment, je ne pense qu'à mon grand amour, en train de s'éloigner de moi dans le couloir face à nous. J'ai l'impression qu'on est en train de m'arracher le cœur à vif. Peu importe la sanction qu'il m'en coûtera, je dois l'enlacer une dernière fois.

Alors que je m'élance vers lui, je remarque la file indienne de prisonniers qui intègre la salle commune, à ma gauche. Des transférés d'un autre centre de détention. Mes yeux s'accrochent un instant au visage d'un détenu, puis reviennent sur Rafael. Lorsque l'information atteint mon cerveau, mes pieds s'arrêtent net. Mon regard s'agrandit, mes organes se liquéfient.

— Léo ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— On y va, Martinez, ordonne le gardien.

— Léo, réponds-moi !

Je le fixe, livide.

— Andres ! hurle-t-il.

Ce dernier se précipite vers moi. Je tourne la tête à ma gauche, vers l'homme qui s'est figé en ma direction. Le cauchemar se matérialise. Un large sourire fend son visage en deux.

— Léo !

Andres scrute le groupe à son tour.

— T'as vu qui ?

Le concerné lève la main pour me saluer, entouré de ses anciens collègues du commissariat de New York.

— Mon ex. Le chef de police à qui j'ai fait prendre trente ans.



De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant