Chapitre 29

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PDV Léo

  

Le silence règne dans le dortoir. Je dois être l'un des seuls à ne pas dormir à cette heure-ci, et j'ai toutes les raisons de rester éveillé. Mon cerveau est en ébullition. Je refuse de gâcher la dernière nuit que je peux passer avec mon homme. Aussi discret qu'un chat, je pars me faufiler dans son lit, m'infiltre sous sa couverture et me glisse sous son bras.

— Léo... ?

— C'est notre dernière nuit ensemble, profitons-en comme il se doit.

— Non, tu as eu une dure journée, tu dois te reposer.

— Hors de question. J'aurai le temps de dormir durant les deux mille nuits qui m'attendent. Alors maintiens-moi éveillé, c'est un ordre.

— Donc tu veux toujours de moi ?

— Malheureusement pour toi, tu seras enchaîné jusqu'au bout, mon loup.

— Tu peux m'enchaîner autant que tu veux. Avec ou sans collier, je resterai à tes pieds.

Je lui souris.

— Cette image me plaît... Tu remues aussi la queue pour moi ?

— Je la remue et je te la donne quand tu veux, tant que tu es capable de l'encaisser...

La malice pétille entre nous. Malgré la fraîcheur de la salle, nous retirons nos vêtements pour coller nos corps nus l'un contre l'autre. Avec nos conflits et ma phase de deuil, nous avons perdu tant de temps... Je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir.

Je remonte une jambe entre ses cuisses puis me frotte à lui jusqu'à le sentir durcir et soupirer d'envie. Sa verge moite goutte entre nos deux ventres.

— Si tu continues, je vais bientôt briser mes chaînes...

— Hmm... Le chaton tremble de peur.

Même dans la pénombre, je vois son regard luire d'envie. Il me retourne brusquement sur le dos et se positionne au-dessus de moi, sur un coude, puis fait rouler mes mamelons sous des doigts.

— Je vais faire en sorte que tu te souviennes de cette dernière fois.

Alors qu'il presse ses lèvres contre les miennes et que le désir monte dans mon corps, une sensation désagréable me saisit à la gorge. Je me perds dans le vide et sombre dans le gouffre qui m'habite depuis des semaines. De longs instants, le temps se fige. Le monde est soudain plus fade, les couleurs ont disparu.

— Rafael...

Sa bouche se retire de quelques centimètres.

— Oui, bébé ?

Je plonge un regard terne dans le sien.

— Je ne reverrai plus jamais ma mère.

Mes larmes coulent sur ces mots et une enclume s'abat sur mon cœur. Mais, pour la première fois, je ne réprime pas la douleur. Il essuie mes joues, me susurre une myriade de mots doux à l'oreille tout en me couvrant de baisers, me berce et absorbe dans sa tendresse la souffrance de mon deuil. Enfin, je m'abandonne.

Le temps perdu ne l'a jamais été. Il a appartenu à ma mère, sous l'œil vigilant de mon ange gardien. Au fond de moi, aujourd'hui, je sais qu'un cap vient d'être franchi. À travers la parole, tristement soutirée de la violence. À travers l'amour.

De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant