Chapitre 8.3

1.1K 142 48
                                    

6 parties seront publiées en tout aujourd'hui, + 3 demain (et je pense que ça vous plaira...) ⭐️

Bonne lecture ! Merci beaucoup pour vos messages 💜

____

J'inspire un bon coup en faisant les cent pas dans les sanitaires. Pourquoi n'est-il pas déjà là ? Je dois absolument lui expliquer notre plan afin de ne pas l'inquiéter.

— Qu'est-ce qu'il fout ? râle Mateo.

— La dernière fois que je l'ai vu, Peterson lui parlait à la grille.

— Ce con de maton...

Je grommèle. Les détenus vont et viennent dans les WC, les grilles dans les couloirs s'ouvrent et se referment. Malheureusement, la personne suivante n'est pas Léo... Je me raidis instantanément en voyant Hendrix.

— Pourquoi tant de monde, ce soir ? s'exclame-t-il, guilleret.

On le croirait dans une aire de jeux. Je croise les bras et m'accoude à un mur de manière désinvolte. Jusqu'à voir Léo arriver. Il pose les yeux vers nous. Bientôt, il nous questionnera sur les raisons de sa présence ici. Après tout, c'est Mateo qui lui a demandé de se rendre aux toilettes.

Mon ami et moi échangeons un regard soucieux, puis, à contrecœur, je lui adresse un imperceptible hochement de tête. Nous devons prendre les devants avant même qu'il n'ouvre la bouche et ne nous trahisse. Avons-nous fait le bon choix ? Même si c'est pour son propre bien, je regrette déjà ce qui va suivre. Mateo l'attrape par le poignet.

— Qu'est-ce que tu fais ? Lâche-moi... !

Je dois montrer à Hendrix que son sort m'est égal. Je le dois...

Léo freine des quatre fers lorsqu'il se fait tirer en avant, mais Mateo le maîtrise sans mal et l'envoie valser contre le mur opposé au mien. Il pousse un couinement. Je serre les dents et ferme les yeux. Dans mon dos, et alors qu'il se soulage à l'urinoir, je sais qu'Hendrix n'en perd pas une miette.

— Pourquoi tant de brutalité ? soupire-t-il.

— J'en fais ce que je veux ! Ferme ta gueule !

Je sens le regard anxieux de Léo peser sur moi alors que Mateo le tient par le vêtement, mais je me force à ne pas bouger d'un centimètre et garde une parfaite impassibilité. Hendrix met trop de temps, beaucoup trop de temps... et Mateo connaît aussi bien que moi les étapes qui doivent suivre.

Il cogne Léo contre le mur jusqu'à lui arracher un gémissement de douleur, puis plaque une main sur sa bouche pour l'empêcher de trahir notre relation. Ma gorge se noue. Si ce n'était pas mon meilleur ami...

— Toi, tu vas devenir ma pute. J'ai bouffé des chattes blanches, mais jamais de p'tit cul blanc. En plus, un p'tit cul français. Comment ils font les français pour couiner, hein ?

Quelques rires répondent à cette vanne foireuse. Moi, elle me soulève l'estomac. Je me retourne face à eux dans le but de garder Hendrix dans mon champ de vision, sur ma gauche, et reste bras croisés, aussi rigide que le marbre. Mon regard rencontre celui, humide, de Léo, me suppliant en silence d'intervenir. Mais je ne fais rien. Je laisse mon ami le terroriser grâce à des menaces toutes plus abjectes les unes que les autres.

En ce moment, il doit se dire que je ne suis plus l'homme qu'il a aimé. Que cet homme-là n'a jamais existé et qu'il n'était qu'une façade agrémentée de belles valeurs. Je crois juste que celui que j'étais à Glenwood lui appartiendra toujours. Comme une rose qui s'ouvre au soleil avant de se refermer dans la nuit. Hors de notre amour, je n'ai qu'un rideau d'épines à offrir. Je n'éclos qu'à travers ses sourires.

Je suis des yeux le chemin des mains de Mateo, qui se baladent autour de lui et effleurent ses vêtements sans jamais toucher son corps. Lorsqu'Hendrix passe entre nous pour quitter les toilettes, je tapote l'épaule de mon ami avant de lui emboîter le pas.

— Magne-toi le cul, Mateo, lancé-je en sortant, j'vais pas attendre mille ans.

J'entends Léo se débattre et crier sous la paume de mon ami dès que je franchis le seuil des toilettes. Mon cœur se serre. Pardonne-moi de devoir t'infliger ça, mon amour...

Je chope Hendrix par la nuque et lui écrase le visage contre un mur.

— Tu vas arrêter de roder près de mes gars, connard.

— Autour de tes gars ? marmonne-t-il, la joue comprimée.

— Miguel. Le cousin de Mateo.

— Ahh, le p'tit Miguel...

Je lui cogne la tête contre le carrelage et le plaque dos au mur.

— Si tu t'en prends à ce gosse, je t'écorche vif.

— C'est une cible difficile, murmure-t-il, sonné par l'impact, je... je n'aime pas les cibles difficiles... Tu t'en doutes.

Il tente un sourire. Un sourire qui ne passe pas. Je le saisis à la gorge et le projette sur le sol. Les poings encore tremblants et les muscles bandés, je lève les yeux sur le surveillant en bout du couloir. Celui-là n'est pas un de nos complices. Il me regarde, regarde Hendrix, à terre, puis me fixe à nouveau. La tension me monte à la gorge. En un mot, il peut m'envoyer au trou.

Après quelques secondes, il remonte sa ceinture et se détourne avec un regard éloquent. Beaucoup de gens semblent raccord sur cet homme, dans cette prison. Mais je sais aussi que d'autres gardiens ne tarderont pas arriver.

Alors qu'Hendrix se relève, Léo s'enfuit des toilettes et s'échappe. Mateo remonte sa braguette et s'arrête à côté de moi avec un air blasé.

— Il est coriace, malgré les apparences. Demain, je réussirai à me le faire.

Quel acteur... Trop bon acteur pour mon pauvre chaton. Deux surveillants arrivent et saisissent Hendrix pour l'éloigner.

— Dommage, nous lance-t-il, encadré par les gardiens. J'aurais bien aimé l'essayer, ce soir.

Je lance un regard anxieux à Mateo, qui hausse les épaules, et réponds à Hendrix sur un ton faussement désinvolte.

— Qu'est-ce que tu chies, cabrón ?

Le salop nous jette une œillade amusée avant de disparaître derrière un angle du couloir. Son rire résonne jusqu'à nous. Je me braque vers Mateo.

— Qu'est-ce qu'il voulait dire, putain ?

— Je sais pas... T'inquiète pas, Diego va le coller jusqu'à l'heure de fermeture des cellules.

Je serre les poings et me retiens de foncer voir Léo. Je ne peux pas prendre le risque qu'Hendrix me voit près de lui. Je prends une profonde inspiration pour me calmer. Les trois prochains jours vont être les plus longs de toute mon existence.

De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant