Chapitre 23.3

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Au clair de lune, debout au pied des matelas, Rafael paraît plus grand et imposant que n'importe qui. Reyes et Tucker stoppent tout mouvement et reculent. Les poings de mon homme se serrent. Même dans la pénombre, on devine les éclairs que lancent ses yeux.

— Rafa ! se réjouit Luiz.

— Qu'est-ce que tu fous ici.

— Ces trous du cul, ils emmerdaient Léo.

— C'est faux ! se défend Reyes.

— Pour une fois, je suis d'accord, confirmé-je. C'est Nguyen que Tucker tourmentait.

— Ah, tu vois, Martinez ? se ravit Reyes.

Je lui jette une œillade de biais.

— N'en profite pas trop non plus...

Après de longues secondes, je constate que Rafael est toujours braqué sur Luiz.

— Ce que je vois, moi, c'est que tu viens de mettre Léo en danger en le mêlant à tes embrouilles.

Ses yeux roulent sur sa main, posée sur ma jambe.

— Dégage ta main ! Tout de suite !

Luiz tapote ma cuisse en riant avant de se relever. Les phalanges de Rafael blanchissent de rage. Je crains le pire...

— Ne va pas encore t'imaginer des trucs, mon frère.

Rafael se penche pour s'approcher de son visage.

— « Frère », je lis en toi comme dans un livre ouvert... siffle-t-il, venimeux.

— C'est sur moi que ton petit copain pourra compter, quand tu seras plus là. Dans son intérêt, il vaudrait mieux qu'on soit proches, lui et moi.

Tucker et Reyes se fixent, aussi abasourdis que moi. Luiz vient-il vraiment de prononcer ces mots ?

— Lui et toi ? Lui et toi ?!

Il le chope par les cheveux, le retourne et l'écrase à plat ventre sur mon matelas, le genou appuyé au creux de ses reins. Je fais un bond du côté de Reyes. Luiz pousse un gémissement douloureux.

— Il n'y aura jamais de lui et toi ! fulmine Rafael. Je confierai sans hésitation sa vie à Andres, mais à toi, jamais ! Si tu veux finir ta peine en vie, ne t'avises plus une seule fois de poser les mains sur mon mec.

— Détenus ! hurle un gardien depuis l'entrée.

Luiz acquiesce vivement, mais je sais que Rafael l'étripe dans ses pensées. Il se penche vers lui et lui souffle à l'oreille :

— Tu as oublié qui j'étais, Luiz Ramos... Tu as oublié... Il me prendra sûrement l'envie de te le rappeler, très bientôt.

Ce dernier lui répond par des non frénétiques, presque plaintifs. La lèvre retroussée, Rafael s'écarte et Luiz se remet debout.

— Encore une chose : appelle-le encore « mon petit lion » et ce sont mes griffes à moi que tu sentiras se planter dans ton ventre.

Ramos se fraye un chemin entre les matelas et s'éloigne sans demander son reste, l'oreille basse. Mes voisins se rangent sous leurs couvertures, devenus aussi muets que des carpes. Lorsque le regard noir de Rafael tombe dans le mien, je frémis. Pourquoi me fixe-t-il comme si j'étais coupable de quelque chose ?

Il s'approche, les muscles de ses bras roulant à chaque mouvement, et se positionne au-dessus de moi. Je retombe sur les coudes, pétrifié. Dans ces moments, il a le don d'inspirer la terreur à tous – moi y compris, malgré la confiance que j'ai en lui.

Il saisit ma mâchoire entre ses doigts. Mon pouls s'accélère.

— R-Rafae...

Ses lèvres se referment sur les miennes et il m'embrasse avec passion. Mon souffle se coupe. Il glisse une main dans ma nuque et me tire les cheveux en arrière pour s'offrir ma gorge.

— Tu es à moi, susurre-t-il d'une voix feutrée, pas vrai ?

Je lèche sa salive sur ma lèvre, puis le regarde droit dans les yeux. Dans son état, après tout ça, serais-je assez fou pour le titiller... ?

— Et... et si je ne réponds pas ?

Oui, je suis fou. Une étincelle s'allume dans ses iris sombres. Il resserre les doigts dans mes cheveux et me souffle à l'oreille :

— Je te ferai l'amour jusqu'à ce que tu me dises « oui » ...

Le « oui » s'estompe dans un doux murmure érotique. Je me mords la lèvre, réprimant un soupir alangui. Sa poigne se relâche et nos bouches se scellent dans un long baiser. Sans rompre le contact, je laisse mon dos retomber sur le matelas, les bras enroulés autour de lui pour l'entraîner avec moi. Avec ses problèmes de violence et dans cet environnement malsain, sa jalousie serait capable de le pousser à blesser quelqu'un... Je dois l'aider à s'en défaire.

Je caresse sa joue.

— Chéri, c'est toi que je...

— Où est ta couverture ?

— Je l'ai donnée à Nguyen à cause de Tucker.

Il se braque aussitôt vers le coupable, qui lui tend une couverture d'une main dans le dos avant même que l'ordre ne tombe. Rafael l'étale sur nous et nous nous lovons l'un contre l'autre. Je niche mon nez sous sa mâchoire, un sourire soulagé aux lèvres. Sentir mon corps se réchauffer grâce au sien me procure un plaisir incomparable.

Alors qu'il me borde soigneusement pour ne pas laisser le froid s'infiltrer, je lui murmure :

— Je pensais qu'un loup vivait en meute. Où est-elle, cette meute ?

— En meute ou solitaire, les deux me vont.

— Et aujourd'hui, qu'en est-il ?

Son étreinte se resserre.

— Aujourd'hui, j'ai trouvé mon âme sœur.


De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant