De roses et d'acier (MxM)

Chapitre 19

PDV Léo

Malgré mes efforts pour ne pas paraître différent, Elie a déjà perçu le changement dans mon attitude. Je lui ai donc tout expliqué, depuis la situation délicate dans laquelle nous nous trouvons, Rafael et moi, à ma crainte d'être à nouveau vulnérable face aux détenus. Je sais qu'il m'encouragera émotionnellement, quel que soit mon choix.

De son côté, Steven m'a fait de nouvelles suggestions lors de sa dernière visite et nous avons établi un plan qui pourrait me placer en position de force au sein de la prison. Mais pour ce faire, il me faut un maximum de public. Inutile de préciser que Luiz et Ash sont les premiers à avoir répondu présent.

Assis à l'une des tables de la salle TV, Elie palpe son gobelet de café pour se réchauffer les mains.

— Bon, et vous êtes ensemble, ça y est ?

Il ressemble à une coiffeuse en manque de ragots. Je lui renvoie une moue indécise.

— Pas... vraiment. Du moins, pas encore. Je lui ai demandé d'attendre que j'aie pris la parole. Je dois d'abord instaurer le respect envers moi, même si, pour ça, je dois avoir recours à la sournoiserie ou à la menace.

— La menace ?

— Oui, la menace. Steven s'est présenté à Hamilton et nous avons eu une petite conversation à trois. Je dois dire que l'échange a été fructueux. Steven connaît ses faiblesses ainsi que les failles qui feraient couler l'établissement. En un claquement de doigts, il pourrait déclencher les foudres des actionnaires de Glenwood et lui coller un scandale sur le dos.

— Woah ! T'as vraiment tout prévu... Vous avez manigancé ça en si peu de temps ?

— Ça fait des semaines que je réfléchis à un plan pour assurer mes arrières. De nombreux appels, des visites...

Je me laisse retomber au fond du dossier et croise les bras.

— Tu croyais réellement que je m'étais simplement muré dans le silence avec des idées noires ? Que je n'allais pas réagir ?

Il éclate de rire.

— Ça c'est mon Léo.

Son enthousiasme est contagieux. Beaucoup guettent le moment où je rouvrirai les portes de mes services, cette soudaine gaieté attire donc l'attention.

Je me retourne vers le fond de salle et croise le regard de Rafael, installé à côté de Luiz. Depuis tout à l'heure, je crois que ses yeux ne me lâchent pas une seconde. Mon sourire se teinte de tendresse. Malheureusement, Luiz prend ce geste pour lui et me lance un clin d'œil complice. Il a l'air ravi de me voir en meilleure forme.

Si tout se déroule bien, dès ce soir, je pourrai enfin sortir la tête de l'eau. J'ai eu ma dose de solitude, je dois reprendre les rênes.

La salle se remplit vite. Ash arrive à son tour avec les membres de son gang. Nos regards se rencontrent et nous échangeons un discret signe de tête. Un banal conflit est endigué par les surveillants postés aux entrées tandis que les autres détenus s'installent sur les tables ou les chaises pour discuter, parier, grignoter ou débuter des activités diverses.

Le stress me tord l'estomac. Le moment est venu, tout va se jouer maintenant...

Je me lève, marche en direction des gardiens et leur souffle quelques mots. L'instant d'après, ils quittent la salle aux yeux de tous. Le vacarme diminue à cet instant. Nous y sommes. Je tourne les talons et fais face aux hommes, ceux qui me tolèrent et ceux qui rêvent de me soumettre. Aujourd'hui, l'esprit l'emportera sur la brutalité.