Chapitre 21.2

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Lorsque je reprends conscience, je grelotte. Mes paupières tremblent et ma vue s'ajuste sur le visage de Rafael. Je suis assis entre ses bras, contre lui. Il est effrayé.

— Qu... qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

Ma tête est lourde. Mon rythme cardiaque est encore rapide, mais ses battements me paraissent lointains. Il ne tambourine plus. La crise est passée... elle est passée, et je ne suis pas mort.

— Léo, je t'en prie, j'ai failli t'emmener à l'infirmerie !

— C'est... c'est rien, juste une crise d'angoisse.

— Une crise d'angoisse ?! Que... quand ?

Je ne sais pas quoi lui dire... Je lui souris.

— Tout va bien.

— Arrête de dire ça ! J'en ai marre de t'entendre dire ça !

— Lobito, calme-toi, lance Diego depuis l'entrée, l'autre raciste est pas loin.

Rafael me supplie du regard. Comment lui faire comprendre que j'intériorise absolument tout, depuis toujours ? Je suis fatigué, je n'ai pas envie de partir dans une réflexion intense après avoir fait un malaise cardiaque. Mais pour lui, pour notre relation...

— Je suis épuisé, Rafael, murmuré-je avec une grande lenteur. Ne me fais pas trop parler et ne t'emballe pas, s'il te plaît, hm ?

Il hoche vivement la tête.

— J'ai du stress en ce moment, articulé-je. Je n'étais déjà pas en forme alors, pendant le sexe, je suis parti en crise d'angoisse.

— T'es en train de me dire que je t'ai fait l'amour alors que tu souffrais ? s'épouvante-t-il. Et que j'ai rien vu ?

— Chéri, ce n'est pas ta faute. Je ne montre rien, à personne, jamais.

Il baisse la tête, désemparé. Au fond de lui, il pense que je ne lui fais pas assez confiance pour être moi-même, et il a sans doute raison. Je caresse sa barbe fine du bout des doigts. Je dois nous protéger tous les deux en lui cachant ma mission actuelle et mon état de santé, même si ça me brise le cœur. Je ne peux pas adopter un comportement sain, dans notre situation.

— Je t'en prie, ne m'en veux pas de ne rien te dire.

— C'est à moi que j'en veux. Je m'en veux d'être inutile et si peu digne de ta confiance.

Il se détache de moi.

— Je ne veux plus jamais, jamais, te pénétrer alors que tu te sens mal.

J'absorbe sa culpabilité comme si elle était mienne. Dès l'instant où il se lève du lit, je l'attrape par le poignet. Je ne veux pas qu'il parte comme ça !

— Attends ! S'il te plaît, je... j'ai besoin de toi, maintenant, tout de suite. La vérité c'est que j'ai terriblement besoin de ton réconfort, ces derniers temps, tu n'imagines pas à quel point...

Les larmes dansent sur ma voix sans que je ne les contrôle.

— J'ai besoin de tes bras, de ton amour, je t'en prie... Excuse-moi de ne rien exprimer...

Il se rassoit et me prend dans ses bras. Je me noie dans sa chaleur, bredouille une série d'excuses en sanglotant dans son cou. Son odeur anesthésie ma douleur, sa douceur m'enveloppe. Il me berce avec tendresse, sans un mot, à l'écoute des miens. C'est pourtant de sa voix dont j'ai besoin.

— Parle-moi de nous, articulé-je, en souffrance, des gâteaux que tu me cuisineras, de ce qu'on fera...

— OK, les gâteaux. Hmm, plutôt fruits ? chocolat ?

— ... Les deux.

— J'oubliais le milkshake banane chocolat, ricane-t-il. Que dirais-tu de muffins fourrés à la confiture avec leurs petits chapeaux de mousse aux trois chocolats ?

J'acquiesce à l'idée. Mon corps se relâche peu à peu contre le sien.

— Ensuite, le soir, on se glissera sous un plaid et on recommencera ensemble ta série préférée. C'est quoi ?

— Ne te moque pas.

— Je te rappele que j'ai pas vu grand-chose, dans ma vie ?

— Mmh... Sex in the city.

— Hein ? Sérieux ? pouffe-t-il, amusé.

— Tu vois, tu te moques, marmonné-je, boudeur. J'aime, ça me vide la tête.

— Ça t'arrache pas des neurones avec ?

Je lui colle une gifle insignifiante sur le torse.

— OK, va pour Sex in the city. Mais compte pas sur moi pour regarder avec toi.

— Mais... !

— Si tu me forces, je m'endormirai et te ronflerai dessus.

— Goujat.

— Assume le fait d'être une femme superficielle.

Je relève le nez avec une moue ronchonne.

— Si je suis une femme superficielle, tu es une femme au foyer.

— Ça me va. Un joli couple de lesbiennes.

Je le fixe quelques secondes, puis me mets à rire. Il s'esclaffe à son tour. Les larmes embuent mes yeux et mon ventre se crispe ; et, pour une fois, ce n'est pas dû à l'angoisse. Cette joie, elle me fait du bien. Le poids sur ma poitrine n'est plus qu'une présence fantôme. Je repose la tête dans son cou et ferme les yeux.

— Si tu me promets de rester aussi calme, je te parlerai de ce qu'il ne va pas, dès que j'aurai bouclé mon affaire actuelle.

— Ça marche.

Il m'embrasse dans les cheveux et y fourre les doigts. Lorsque la pression avec Hawk sera redescendue, je pourrai tout lui confier sur ma santé, sans craindre une mauvaise réaction de sa part. Mais en attendant...

— Dis, tu m'expliques où est le coiffeur ? J'ai bien envie de revenir à une coupe un peu plus... mature.

  

Je n'avais pas prévu de poster aujourd'hui, mais comme j'ai appris que certains d'entre vous faisaient leur rentrée cette semaine, petit cadeau 😊

Force à vous et plein de bisous 🫶🏻


De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant