Chapitre 19.2

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Mon tour vient après de longues minutes. Enfin ! Je fonce sous la première douche libre avec mon gel douche et retient à peine un soupir de bien-être. L'eau est fraîche, vu le nombre de détenus qui sont passés avant moi, mais je m'en moque. La sensation de propreté vaut tout l'or du monde, ici. Je ressors avec un petit sourire satisfait.

— Frenchie ?

Ce nom jette mon sourire aux oubliettes. Je me tourne vers celui qui m'interpelle : un afro-américain au bouc impeccable et au cou noirci par une tête de mort. Plusieurs larmes sont tatouées sur ses joues. Il s'avance vers moi, tout propre après sa douche alors que je me sèche encore.

— Pasquier.

Je le corrige avec politesse et pars enfiler mon uniforme orange dans un coin pour ne pas gêner la circulation.

— Peut-être que tu préfères « Lion de Glenwood » ?

Mes yeux s'agrandissent. Je réussis à contenir ma surprise, mais ma nervosité à l'évocation de ce nom ne passe pas inaperçue.

— C'est un beau titre, pour un p'tit bourgeois blanc. Je me suis intéressé à ton parcours, vraiment impressionnant. Ça m'étonne pas que t'ait réussi à les mater, là-bas, plaisante-t-il.

— Merci. Maintenant, dis-moi ce que tu attends de moi, ça ira plus vite.

— Si ma conditionnelle est encore refusée, je veux au moins baisser d'un niveau de sécu. Viens bosser sur mon dossier. J'suis sûr que tu ne refuseras pas mon paiement.

Tant d'assurance sans me connaître personnellement... J'en aurais envoyé paître plus d'un avec un dédain sans nom, à l'extérieur. Je relève le menton et croise les bras.

— Je t'écoute.

Il s'approche de moi et me souffle à l'oreille :

— Mon paiement, c'est de pas balancer Martinez pour le meurtre d'Hendrix.

Je recule et plonge un regard horrifié dans le sien. Ma bouche s'entrouvre sans qu'aucun son n'en sorte.

— Cet aprem', au grillage central. On va bien bosser ensemble, me dit-il en me tapotant le bras avant de tourner les talons.

Mon corps est pris de violentes sueurs froides, ma gorge s'assèche. Comment peut-il être au courant ? De plus, s'il m'en parle, c'est qu'il sait que j'ai été témoin, donc complice du meurtre, et s'il utilise Rafael comme moyen de pression sur moi, c'est qu'il est au courant pour notre relation...

Il sait tout sur notre passé commun à Glenwood, c'est évident. Et il est en mesure de tous nous faire tomber. Un vertige me fait tanguer.

De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant