Chapitre 25.5

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J'approche mon visage du sien, l'obligeant à retomber sur ses coudes. La lèvre retroussée, j'articule d'une voix venimeuse :

— Leurs vies m'appartenaient à la seconde même où ils ont volé celles de Nina et Emilia. Que ça te plaise ou non, ça restera comme ça.

Il déglutit.

— Mais tu... tu n'es pas...

Comment peut-il encore oser répliquer dans ces circonstances ? alors qu'il connaît mes difficultés à me tempérer ? Devant tous les autres, il expose mes vulnérabilités et les creuse jusqu'à se donner raison. Il ne peut pas s'en empêcher, cette manie est ancrée dans sa peau.

— Fais attention, Léo, murmuré-je en ultime sommation. Tu es déjà allé trop loin, et tu le sais...

— Je ne peux pas croire que... que tu te moques d'ôter des vies, ajoute-t-il à voix basse. Tu n'es pas comme ça...

— Qu'est-ce que tu en sais, toi, de ce que je suis, Maître Pasquier ! J'ai assumé moi-même mes crimes devant la cour ! Je pensais que tu m'avais cerné, mais les sentiments font de toi un bien piètre avocat.

— Excuse-moi, j'ai l'habitude d'étudier les criminels, pas de coucher avec eux !

Si une mouche volait encore, ses ailes viennent de tomber. Toute ma retenue vole en éclats.

— Léo Pasquier, tu es dans une prison ! Entouré de criminels pendant les cinq prochaines années !

Je le bouscule pour le plaquer sur l'oreiller, envoie valser sa couverture et me positionne au-dessus de lui, la rage au bord des lèvres. Je lui saisis la mâchoire d'une poigne ferme, le regard meurtrier et la canine au-dehors. Sa pomme d'Adam ondule et ses yeux scintillent d'angoisse. Je sais que ces paroles viennent de l'électriser. S'il a besoin de réalité, je vais lui en donner. Ma voix se transforme en feulement.

— Ici, tu es en enfer. Et moi, je ne fais pas partie des anges égarés comme toi. Moi, je suis le brasier. La fournaise qui dévore les âmes avant même que tu n'attises ses flammes. Les anges comme les démons, je les avale dans leur sommeil.

Sa bouche se met à trembler. Peur ou déception, je m'en contrefous. Je relève le menton pour le toiser de haut. Je pense que c'est la première fois qu'il me craint réellement.

— Tu te prends pour un lion, mais face à un vrai prédateur, tu n'es qu'un chaton attaché à un joli collier de lois dorées.

Sa mâchoire se contracte et roule sous mes doigts. L'instant d'après, il dégage ma main, se redresse pour s'assoir devant moi alors que je suis sur ses cuisses et soutient mon regard avec audace.

— Je ne suis plus un chaton.

— Et pourtant, tu as peur du loup, en ce moment même...

Il déglutit encore, incapable de prononcer un mot. Devant les autres, son jeu d'acteur est parfait, mais devant moi, il perd ses moyens. Je connais par cœur sa façon de bluffer, je lis en lui comme dans un livre ouvert, et il le sait... La sournoiserie me pique les joues. Je me rapproche de sa bouche, puis l'attrape par les cheveux pour frôler son cou du bout de nez.

— Si je le voulais, d'un seul coup de croc...

— Tu... tu ne le feras jamais, murmure-t-il.

Mon souffle effleure son oreille.

— Mais je n'ai aucune obligation de rester avec quelqu'un qui me voit comme un monstre sanguinaire.

Il me fixe avec un regard déconfit.

— Tu penses que je te vois comme ça ?

Il s'agrippe à mon bras et secoue la tête pour me faire lâcher, mais je raffermis ma poigne.

De roses et d'acier (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant