Haïs l'insultait en sortant des mots dont la vulgarité dépassait les limites de l'injure. Il répondit d'un calme inimaginable...
-Insulte-moi et descends-moi comme tu veux ! Mais quand t'aura fini, ne reviens plus voir avec tes gros sabots pour semer le fiasco en venant ici, en jetant des mots sans parcimonie ! Des grands mots qui font froid dans le dos...
Il ne répondit rien mais avançait...
Ce goût âcre et acide qui enveloppait mes papilles gustatives me donnaient l'impression que je n'avais plus pour longtemps ! On dit qu'il n'est jamais trop tard pour faire le bon choix ,mais cette fois pour moi il était trop tard. Je me suis laissée aveuglé par les forces impudiques et obscures pendant beaucoup trop longtemps, j'ai choisi de revenir à la lumière alors que tout était déjà signée...je me suis accrochée à Dieu, à Sebas , à mon fils et surtout à moi-même beaucoup trop tard !
Ma foi était encore faible et j'étais incapable de réciter intérieurement une quelconque prière ! Les larmes coulaient, en dépit de mes efforts pour les empêcher de faire . Mes jambes flageolaient, j'étais au bord de l'abîme ! Je plongeai mes yeux dans ceux de Seba ; ou diable trouvait-il cette force pour résister à tout même au plus perfide des lwa régissant des profondeurs de notre nature mystérieuse..dehors la pluie redoublait de force. La présence d'Haïs lui foutait beaucoup plus de la rage que de la peur ...mon démon sentait qu'il gagnait la partie, plus il avançait, plus je ressentais des spasmes. Je me blottie dans les bras de mon homme, qui sans siller et sans bouger d'un poil défiait l'ennemi. L'eau irradiait de partout, les algues qui jonchaient le sol se nouaient autour de ma cheville en me perforant la peau , je flageolais, ma vue se brouillait, le regard glacial d'Haïs qui se rapprochait de nous, de moi et de mon âme défectueuse. Je cherchai en vain l'appui de mes multiples prières ,de mes psaumes et même de mon mea culpa mais tout était en désordre, tout disparaissait comme des données supprimées sur un ordinateur..j'en étais incapable !
Alors comme pour lui dire au revoir, comme pour accepter ma défaite face au diable, comme pour l'aimer une dernière fois, J'ignorai les sensations mortelles que me faisaient ressentir l'énergie malsaine présente, les douleurs perforantes des algues raides comme des cactus et surtout Haïs qui essayait de me chevaucher de ses yeux d'acier bleu métallique, J'ignorai tout cela et scellai mes lèvres entre celles de Sebastian! Je m'aggripai à lui comme si c'était lui qui disparaissait à petit feu! Je me laissai planer dans la passion et l'amour de notre baisé en dépit du spectacle lugubre que nous offrait l'échiquier vaudou ! En dépit des forces maléfiques qui jouaient mon esprit, en dépit des mains d'Haïs qui cherchait un moyen de s'immiscer entre nous. Je faillis m'évanouir mais je me retins en m'accentuant sur notre voluptueux baisé vertigineux. Tout se déchaînait dans la pièce plongée dans une totale obscurité comme une tempête, les sons de tambours, des chiens qui aboyaient, je n'ai jamais eu de nuit aussi effrayante, cependant je continuai de l'embrasser ! Son amour me permettait de résister, de tenir encore bon. Je fermai les yeux et continuai ma valse ; je ressentis une atroce douleur au crâne ; comme un violent courant tout tournoyait ! Sebastian me soufflait de résister. Je suffoquais ! Puis tout à coup, les vitres explosèrent ! Les murs se fissurèrent, les aboiements des chiens triplèrent et l'orage n'hésitait pas à se faire entendre par des grondements terribles ! Un énorme coup d'éclairs puis plus rien, la force me manqua, mes jambes incapables de résister davantage m'abandonnèrent, en gros le néant total, trou noir, je strangulais ,mes ongles s'enfoncèrent dans la peau de Sebastian, je fermai les yeux sans même croiser ceux de l'homme que j'aimais ...
Sebastian
J'observai ses longues prunelles, et ses petites lèvres rosies. Sa peau était parcourue de multiples blessures ! J'inspirai profondément ; elle a dû vivre des trucs inimaginables pour en arriver jusqu'ici. Je lui caressai chaque parcelle de son visage et lui déposai un petit baisé..ses cheveux lisses recouvraient sa poitrine bien tracée. Elle était tellement belle ...
Je me relevai pour m'appuyer près de la fenêtre de notre chambre ! Cette nuit à été la plus horrible de toute ! Rien que d'y repenser, me replongeait dans cette mare au diable, dans ce cauchemar interminable ! J'écartai les cintres des rideaux pour laisser les rayons de soleil irradiés la chambre! Je sentis des bras envelopper ma taille ,je souris et me retournai vers ma femme dont le regard éteint habituellement, brillait de manière différente..je l'embrassai doucement- Merci . Me dit-elle d'un ton de reconnaissance
- Je t'aime mon cœur..
Elle cherchait les mots pour me répondre, elle était redevenue celle dont j'étais tombé amoureux dans ma jeunesse! Laconique, incapable de s'exprimer.
- Surtout ne dis rien, j'ai compris ...tu parles très peu, t'agis... Viens me le dire sous la douche...Lui dis-je
Elle me sourit et se blottit dans mes bras en me serrant fort, ses mains agrippées à mon t-shirt me procurait un immense plaisir..je lisais ses gestes comme dans un livre ouvert ...je la comprenais...
-T'inquiètes pas, il ne reviendra pas et même si tu ne le sais pas je veille sur toi et lui également de là-haut il le fait.
Sans rien dire elle me tira par mon t-shirt en m'attirant vers l'élégante cabine de douche en verre ! Elle fit couler l'eau et m'embrassa fiévreusement en prenant soin de me débarrasser de mes vêtements. Sous l'eau fraîche, comme des dingues, comme des schizophrènes épris d'amour, nous nous donnâmes l'un à l'autre. Elle s'était permit de gémir silencieusement en s'effondrant sous mes caresses ! Lui faire l'amour la rendait plus belle, plus sensuelle et plus Moana ....
Mo était comme ça, elle aimait sans avoir besoin d'ouvrir la bouche ...