Les aiguilles de ma montre posées l'une sur l'autre indiquait l'heure tardive et chétif de notre culture. Ma corbeille de sentiments étaient tout simplement remplis du champ lexical de la désillusion et de mes larmes taris. C'était bien la quatrième nuit où la lune reflétait ses magnifiques rayons sur notre maison sans que notre fils ne soit rentré. Sebastian et moi n'avions osé souffler mot à quiconque sur sa disparition, même à nos beaux-parents ; on avait jugé bon de laisser Scirsey chez Celia durant la semaine. Comme on le répétait si bien chez nous, ''lenj sal lave an fanmi''. On restait éveillé de jours et de nuit dans l'espoir de le revoir apparaître. Je jetai un coup d'oeil vers mon mari qui s'était assoupi ; je m'en voulais de lui faire vivre tous ces cauchemars, d'avoir été amoureuse d'un être aussi exécrable, d'avoir livré la vie de mon fils à ça ! Cette haine qu'Haïs avait contre ma famille et moi ne s'évanouissera jamais. Peut être que finalement je devrais moi-même céder..
Une heure du matin,Soixante minutes de cogitations, debout sur ma terrasse un vent violent rabattit les fenêtres vitrées.je renouai ma robe de chambre en nouant mes cheveux d'une queue de cheval. Le carrefour opposé à notre résidence devenait de plus en plus obscur, une silhouette sortie de nulle part s'approcha de notre barrière. Avec un leger plissement des yeux, je reconnus parfaitement la silhouette de mon fils, tout hagard il pressa la sonnette.
En moins de quelques minutes, je m'y rendis rapidement alors que le gardien s'était profondément endormi. Je fis glisser les roues de la barrière et me jeta dans ses bras ! Il ne m'entoura pas des siennes. Malgré mes multiples questions, mon euphorie, aucun mot ne traversa ses lèvres. Il était resté de marbre. Son père vint nous rejoindre, mais comme un aveugle, un automate il franchit l'entrée principale, gravit les marches et fit claquer doucement la porte de sa chambre...sans aucune explication logique. Mon sang ne fit qu'un tour lorsque j'aperçu ce symbole de malheur tatoué sur son avant -bras. Celui d"Agwe, ce maudit dessin qui m'avait rattaché au cœur de l'ambiance mystique...- On fait quoi dis moi ? Je vais lui parler. Dit Sebastian anxieux.
-Non...surtout pas ! Il ne dira rien..même si tu lui tabasses à mort.
Les lèvres tremblantes, je répliquai à nouveau..
- Sebas...je crois qu'il nous a volé notre fils...il la initié sebas..
- Arrêtes de dire ce genre de sottises.
- Il sent le sanctuaire d'Agwe, son bras porte le tatouage représentant le vèvè symbolique d'Agwe taroyo. Cette chaloupe flottant sur des vagues ...il nous la prit Sebas...
- Faudrait d'abord que kereem lui laisse le champ libre.
- Mais qui t'a dit qu'il ne l'a pas déjà fait ?
Sebastian ne savait plus comment réagir ... il me prend dans ses bras, mon cœur se mit à cogner fort dans ma poitrine...j'avais peur ...peur que tout ce cauchemar ne s'arrête jamais..je levai mes yeux vers la fenêtre de mon petit prince. Celui qui était appuyé en nous fixant d'un regard inexpressif n'était sans doute pas mon fils...ce n'était pas lui.
.Haïs
Trois jours plus tard..
Comme il me l'avait formellement conseillée, jamais je n'ai ouvert la bouche.je suis resté cloîtré dans mon mutisme. Ils respectaient tous mon silence mais ils étaient incapables de cacher la lueur d'inquiétude présente dans leurs iris matures. J'aurais voulu leur dire ; j'aurais voulu ...
On était samedi et mon agenda était vierge je me dirigeai sous la douche en appréciant la fraîcheur de l'eau qui en dégageait. Je repensai à Callie, à tout ce qu'il m'avait déballé ces quatres dernières nuits... Je m'appuyai un moment alors que j'étais incapable de réfléchir correctement... Je sortis des secondes après, m'habillai et saisis les clés de la voiture ! Tant pis de ce qui pourrait se passer. Rapidement les portes des Prices-Mars s'ouvrirent. Je l'aperçu assise sur son balcon ses écouteurs à l'oreil ; par chance, il n'y avait que le gardien et elle...
Je grimpai les marches puis fis glisser la porte faite en bois de teck . Elle se redressa d'un bond en me voyant et remis un peu d'ordre dans sa tenue.- Quelle surprise ! J'ai cru que t'avais disparu...t'es venu seul ? Tes parents te laissent conduire ?
- Oui et non ils ne me laissent pas conduire ! J'étais là endormi dans l'océan...
- Quatre jours sans nouvelle ? Tes parents m'ont dit que t'étais chez ta tante Sao en Espagne pour une urgence.
- Ah .ils t'ont dit ça ?
- Oui.
- Quoi de neuf ?
- Rien et toi
Moi : Bah rien...Tu me manques c'est tout.
- À moi aussi mon kid.
- Non...pas comme ça..
- Comment ?
Je m'approchai doucement d'elle en l'attirant par la taille.je pris ses lèvres en otage jusqu'à la mettre au pied du mur. Elle me répondit timidement ! J'ignorais qu'elle aurait pu répondre à mon baisé ...je continue donc ma valse sauvagement ; en retenant fermement ses bras...mes baises étaient d'une bestialité effrayante ! À croire que mon appétit sexuel était doté d'une carence inimaginable...
- Awch...Haïs tu me fais mal.
J'insistai sans même prêter attention à sa complainte. Brutalement, elle me repoussa ..
- Je t'ai dis que tu me faisais mal Haïs.
- Kom si sa ou paka bay ? [ Tu peux pas me donner juste ca]
- Je...je..comprend pas...
D'un geste vague de la main je lui fis signe de laisser tomber. Je sortis en furie en faisant claquer la portière..Mon portable retentit ; c'était ma petite amie... Lya
-Salut Haïs...je rentre finalement d'ici la semaine prochaine...
Mon cœur se crispa, je ne me réjouissais pas trop à l'idée de la revoir. Je laissai tomber mon portable des mains en fixant mon rétroviseur...mes iris m'effrayaient moi même ! Putain qu'est-ce que je venais de faire ? Callie ? Ma Callie ...Ce mec assis derrière le volant était tout le monde sauf Moi ...Je crois bien que le petit kereem est resté de là où il avait disparue...
Je sortis de la voiture, en me dirigeant à nouveau vers sa chambre ! De là j'entendis ses larmes et sa conversation téléphonique avec je ne sais qui ...j'ignorais que je la faisais autant mal..j'ignorais que j'étais devenu le monstre de ses cauchemars..