Éclipse de quelques jours...
Tout les soirs, je repensais à son baisé volé ; j'aurais voulu croire qu'il était sincère. Il était d'une telle douceur que j'aurais tout simplement souhaité que le temps se fige pour en savourer les délices.... Mais cela ne l'était que dans mon petit nuage ! Ce n'était que de l'illusion.... il était loin de ce que j'aurais désire que ça soit...
Ce jour où il s'était présenté chez moi le visage désemparé, j'avais laissé ses larmes couler librement sur mes épaules. Sa souffrance était-elle que j'avais fini par pleurer silencieusement. Son absence m'avait manqué, il avait laissé un énorme fossé en moi, ou aucune couche de terre n'était assez suffisante pour la recouvrir... et ce n'est qu'a son retour que je me rendais compte à quel point Haïs était mon autre moi... Notre relation était comme un fil rompu que l'on essayait de récoler. Il n'avait plus le contrôle de sa vie mais faisait en sorte de bien gérer quand j'étais présente... Il a reprit le chemin vers l'église et essayait tant bien que mal de supporter l'odeur de l'encens qui lui foutait des vertiges à mille degrés. Tout les soirs je l'appelais et on discutait, puis ensemble on priait avant de se dire bonne nuit. Il disait que ça lui faisait du bien... cela évitait ses cauchemars à répétition et cette peur récurrente. Aujourd'hui il s'y était rendu malgré sa mauvaise humeur ; il évitait tout contact physique avec moi... depuis la dernière fois, il évitait souvent de trop établir des connexions entre nos corps, comme à l'époque où notre amitié était encore solide il ne voulait rien risqué disait-il. Sa tenue noire et ténébreux lui rendait mille gois plus beau qu'il ne l'était déjà. Sa chemise bien enfouie dans son jeans de marque lui allait à merveille. Ses mocassins en cuir noirs décontractés foulaient les jardins du St-Pierre avec cette classe qu'il avait toujours émané...
- Alors t'es en forme. Demandai-je
- Non. J'ai dû faire un grand effort tu sais..
- Ça va aller...
- Non.
- Ça va aller...
Je lui touchai la main, il frémit en la ôtant rapidement.
- Ce soir mes parents donnent une soirée privée pour à peu près huit cent personnes... tu es la hui centième sur la liste, ta famille et toi.
- C'est ta nouvelle façon de m'inviter ?
- Bah oui... pour que tu ne refuses pas.
Je souris...
- C'est pourquoi t'es venu seul à la messe ce matin !
- Oui... en passant ce matin j'ai parlé à Lya...
- Alors ?
- Je n'ai pas pu l'avouer que je l'ai trompé... je ne veux pas qu'elle me...
J'eu un énorme pincement au cœur
- Quitte ?
Ma montre afficha dix heures trente lorsqu'il s'apprêta à me répondre, je ne voulais pas non plus qu'il le fasse ! Donc rapidement je m'exclamai :
- Il est l'heure...allons-y
Nous nous primes une jolie place. La messe débuta dans une ambiance calme et paisible... Aujourd'hui pour une raison bien spéciale, à l'approche de la semaine sainte, le prêtre s'apprêta à l'adoration du Saint Sacrement... En deux secondes, Haïs se mit à trembler comme une feuille. Il murmura entre ses dents.
- Je... je vais rester au dehors... je peux pas.. je pourrai pas supporter ça...
- Résiste. Fis-je
Il m'obeit mais il eut une forte poussée d'adrénaline à l'approche du curé tenant l'objet sacré ; il sortit de la paroisse en marchant comme s'il avait le diable à ses trousses... mais c'était le diable qui avait Dieu à ses trousses... Quelques bonnes trentaines de minutes s'écroulerent, la messe prit fin je le retrouvai assis sur le rebord d'un petit mur fait de pierres décoratives dont à l'arrière était disposé quelque plante.
- Hé...
- Je suis désolé ! J'ai dû te foutre la honte.
- Non..Non..j'aurais pas du te forcer.
- Si j'étais resté une minute de plus, il m'aurait foutu la honte comme à l'exposition de maman il y a des années...
- Quelle exposition ?
- Hier soir, maman était venu me parler ! J'ai fait semblant de l'ignorer en gardant une branche de mes écouteurs... Elle m'a tout raconté.. .Absolument tout... ma naissance...sa rencontre ...son mariage..tout...
- Attend laisse-moi me transformer en ton journal intime...
En un long résumé, il avait réussi à m'expliquer en long et en large toute la synopsie hiéroglyphique de la vie de sa génitrice, cette peintre de renom, mon troisième modèle après maman et ma sœur. Au fait toutes les femmes de la famille d'Haïs étaient mes modèles !
- Waw... toute une synopsie ça... c'est effrayant... Dis-je
- Moi qui disait que ces faits insolites n'existaient que dans les cerveaux bornés des haïtiens un peu trop ignorants.
- Ça c'est ce que nous inculque le milieu dans lequel on vit ! Mais j'ai toujours cru que ces faits étaient réels. Mme Rodriguez, Elle a du souffert ...tu lui as dit quoi.
- Rien. Elle a cru que je ne l'avais pas écouté vu que j'ai fait semblant de plonger mon regard dans le vide et d'avoir des rimes dans la tête...Ensuite elle est partie en pleurant...juste avant qu'elle parte je l'ai regardé, sans qu'elle ne le remarque. Maintenant je vois bien qu'elle souffre toujours...mais je ne peux pas m'empêcher de continuer à l'en vouloir
- Au moins sa douleur ne te laisse pas indifférent...
Il changea de sujet...
- Je sais que t'as peur de venir dans ma chambre, mais tu pourrais passer la journée avec moi ? Je serai quasiment seul.
- Je ne me sens pas encore prête Haïs...
- Je ne te ferai pas de mal et tu le sais !
- Je le sais ...mais lui si ...j'ai confiance en toi mais pas en celui qui est propriétaire et architecte de ce decor sinistre qui rode dans ta chambre...
- Et ce soir ?
Il me tendit la lettre d'invitation.
- Je crois que oui...je viendrai.
- Super...merci.
Je lui souris... il gardait ses distances comme à sa nouvelle habitude depuis qu'on avait recommencé à se parler ; il me fit un bisou invisible pui grimpa sur le siège passager.
Je sais qu'il s'en sortira me dis-je.Dans la soirée
Tout se déroulait à merveille jusque-là, toute ma famille s'était présente à cette soirée chic qu'offrait les Rodriguez... Tout jusqu'à ce que je perde Haïs de vue !
Lorsque je le retrouvai, mes yeux s'écarquillerent de surprise...- Mon Dieu Haïs Qu'est-ce-que t'as fait ?