Haïs

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Samedi

Une énième journée ou je n'étais pas moi même. Maman s'exasperait face à Naomie qui paraissait un peu anormale et lente dans tout ce qu'elle faisait, a croire qu'elle le faisait expres. Scirsey se préparait pour son cours de danse, assis sur le canapé j'attendis qu'elle passe et lui fit un accroche patte. Elle se retrouva sur le sol et prononça mon prénom de façon hystérique en tapant de ses chaussons de jazz

- Je déteste quand tu me fais ça ! Je te deteste....je te déteste...je te haies

Mon air moqueur l'enerva encore plus !

- Ce n'est pas de ma faute si t'es maladroite...

Elle avait déjà les larmes aux yeux et me cria d'une lueur haineuse

-Je te déteste...en plus t'es devenu laid ...moche et méchant.

-Devine pourquoi ? C'est parce que toi et moi on est obligé de partager le même oxygène... peut-être si tu commences par disparaître de mon champ de vision ...je serai moins laid !

Sa colère orageuse redoubla ses pleurs, incapable de se défendre..

- Allez disparais. Lui dis-je en lui fixant de mon regard dépourvu d'expression

Maman vint immédiatement la consoler, elle s'éloigna en lui caressant les cheveux...

- Ne fais pas attention à lui. Lui calma maman

Ils partirent finalement en me laissant seul une nouvelle fois. À même le comptoir, je lui dechirai presque sa robe jusqu'à atterrir sur le canapé, chauffée comme de l'or elle me donnait tout cette salope de Naomie. Absolument tout ce que je voulais...Seul dans mon coin, je m'observais ! Ce monstre n'était pas moi...


Callie

📩 Allez Callie dis-moi oui...je t'aime bien et tu le sais..essaies au moins ...si ça ne marche pas je t'ennuie plus avec ça, promis. M'envoya Jean-Mark depuis snap

 📨Je vais réfléchir et plus tard je te dirai promis.

Je refermai ma page de discussion. Vêtue d'une minie jupe de sport et d'un débardeur signé Mr Fall, je pris une profonde inspiration et pénétrai dans la demeure des Rodriguez malgré cette douche froide reçue la veille par Haïs. Je n'avais pas eu de ses nouvelles depuis sa tentative de suicide. Je contournai la grande rentrée principale où sur les murs des plantes vertes étaient accrochées. Je me dirigeai tout droit vers la grande galerie. La maison semblait endormie...ou pas tout à fait.

Mes yeux s'aggrandirent de surprise face à l'échiquier pornographique qui s'étalait devant moi. Je reconnue immédiatement cette fille que m'avait décrite Scirsey car elle la trouvait gravement belle ! Un peu bizarre mais belle. Mes doigts fébriles cachèrent le "oh" qui traversa mes lèvres ... je reculai doucement en essayant de rappeler mon frère..je tombai à la fois sur sa messagerie et sur le gérant.

-Ou gentan ale madmwazel Callie ?  [ Vous vous en allez deja mademoiselle Callie?]

- Non....je ....je n'ai trouvé personne. Bredouillai-je 

Oh ou pa jwenn Naomie ? Mr Rodriguez anlè a ! Li pa diw sa...banm al deyel pou ou... [ Vous n'avez pas retrouvez Naomie? Mr Rodriguez est là-haut pourtant, laissez-moi aller vous le chercher !]

Je m'écriai presque..

- Non ...c'est gentil, je.. je vais verifier, merci !

Il me sourit d'un air sympathique alors que je rebroussai chemin, j'avais la tete assez choquer. Lorsque j'arrivai, il n'y avait qu'Haïs sur le sofa. Je me raclai la gorge...

-Bonjour.

Il leva des yeux et semblait surpris de ma présence. À croire qu'il revenait d'un long voyage...

-Callie...Tu ...t'étais la ?

- Je voulais savoir si ça allait ,vu que je n'ai pas de tes nouvelles ! Mais apparemment tu vas bien ..donc je ne reste pas trop longtemps...

Je m'apprêtais à tourner des talons mais il arrêta mon geste.

- Attend...Attend ...stp...Attends-moi là haut.

Malgré le torrent qui me laminait, j'acceptai silencieusement. Je me dirigeai dans sa chambre qui m'était devenu totalement inconnu. Il apparut, se dirigea vers sa salle de bain puis en ressortit des minutes plus tard avec une serviette autour du coup qu'il relâcha vaguement sur une chaise. Il s'assit à quelques mètres de moi

-Ça fait longtemps que t'es là ?

- Suffisamment pour que je garde le silence...

- Ah.

- Oui Ah.

Il me prit la main...la sienne était glaciale et désagréable au touché...j'avais peur de ses réactions mais ça se voyait qu'il était anxieux et tourmenté. Haïs n'allait pas bien du tout...
Un long silence bruyant s'installa entre nous. On n'avait plus rien à se dire...nos mondes étaient devenus tellement différent ; mais on s'accrochait dans l'espoir que tout redevienne comme avant en sachant pertinemment que rien ne sera plus jamais pareil ! À cette pensée, j'empêchai l'averse qui s'apprêtait à humidifier mes joues. J'avais suffisamment pleuré pour lui, pour nous ...pour cette amitié disparue en fumée...je me levai prête à m'en aller...

- Faut que j'y aille.

- Déjà ? Tu ...tu ne restes pas voir Scirsey ?

- Non...je l'ai vu à l'école et on va se voir à la danse...en plus j'ai un recital à préparer et un rendez-vous ..

- Tu ...ne m'invites pas ?

- T'as pas mis les pieds dans mon spectacle de danse ...je n'ai pas voulu insister à t'emmerder... bien que ta presence m'aurait fait plaisir.

- Ça m'était complètement sorti de la tête..

- Non...Ce soir là tu étais avec Chloé.

-Comment tu le sais.

- T'es simplement visible aux yeux de tous ! C'est ce que tu voulais non.

- Je n'en sais rien...C'est avec qui ton rendez-vous ?

- Jean Marck.

Il ne répondit pas, j'aurais voulu qu'il me sorte un truc ...juste un ...qu'il dise ou fasse quelque chose qui pourrait m'empêcher de dire oui à Jean-Marck. Je voulais arrêter d'être constamment concentrer sur lui, je voulais que les filles me laissent respirer avec toutes leurs critiques destructrices. Je voulais simplement respirer sans encombre... Aucun mot ne sortit de ses lèvres...aucun. Avec peine, je lui lançai un au revoir inaudible et claquai la porte de sa chambre.

*

Haïs

J'observai un instant mon reflet au miroir, je le reconnaissais plus ! Ce n'était pas mon regard mais c'était mes yeux. Mon poing s'ecrasa sur mon visage qui m'observait ...cet être exécrable...
Non ...pas cette fois. Je dévalai les escaliers et m'approchai d'elle. Ma taille se rapprocha du sien...nos lèvres tremblotantes s'entrechoquèrent..je pris tout mon temps pour savourer ce baisé qui attendait depuis des siècles d'être éclos. Ses lèvres avaient la douceur du miel...mes mains autour de sa taille, respectueusement je me laissai guider par tout ce qu'elle me faisait ressentir...c'était bien elle la baume de mes malheurs...uniquement elle.

That Voodo You Do  -TOME II-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant