Sebastian

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Encore une énième nuit à regarder par la fenêtre et je ne l'a voyais toujours pas rentrer. Mon portable indiquait exactement 21 heures.
Tout semble tellement irréel, j'avais l'impression de devenir fou!
Haïs s'était profondément endormi, les employés de services discutaient dans leur hameau situé non loin de la piscine ou reflétaient les lumières fluorescentes. Plus j'accrochais mon regard vers la rue qui devenait de plus en plus déserte, moins j'avais envie de patienter indéfiniment. Je pianotai quelques secondes sur le rebord de la fenêtre me retournai pour faire face à la porte de la salle de bains, je soupirai " Ah Mo si tu savais à quel point que j'adore t'observer quand tu sors de cette douche! Si tu savais combien de fois j'ai dû refouler mes sentiments, mes frissons ou les ratements de mon cœur au moindre effleurement soit d'une clé que tu me tends ou même de ces fois où dans nos grandes réceptions nous avions dû nous tenir par la main pour sauver l'apparence! Combien de fois que t'as brisé mon cœur déjà en lambeaux à chaque fois que tu me repoussais Mo ? Tu me pousses à faire des choix tellement dégeulasses, je sais qu'actuellement je ne fous que de la merde avec Renata, je sais que je suis tombé bien bas ...Tu m'ecartes doucement de ta vie Mo! À chaque fois que je penses à ton anniversaire et à la première fois que tu t'es donnée à moi, j'ai l'impression d'avoir rêvé...Moana " À cette dernière pensée, je pris mon portable et appuyai sur son contact. Ce ne fut qu'une question de secondes pour que je tombe sur son répondeur! Sans trop réfléchir à l'heure assez tardive, je pris ma voiture et me dirigeai vers Montagne noire, chez ma belle-mère, puis klaxonai. Le gardien m'ouvrit et je fus reçu par Véronique quelques minutes plus tard. Elle s'étonna en me voyant debout au seuil de l'énorme escalier spiralé qui me rappelait les années ou tout ce que je voulais c'était d'avoir Moana pour moi tout seul... La voix de Véronique me descendit de mon petit nuage. Elle me fit la bise

- Sebastian ? Il y a un problème? Je veux dire il est assez tard et t'as l'air anxieux... il est arrivé quelque chose à Haïs ou à Moana? Me demanda t-elle

Je regrettais déjà de m'être rendu ici ! Où as-tu la tête Sebastian !!!

- Non...non ...tout va bien ! Je revenais de chez un ami et je me suis dit que ça ne fera pas de mal de te rendre visite histoire de savoir si tout est nickel... Mentis-je

- Voyons Sebastian! Je ne suis pas encore vieille ! En plus nous devrions dîner ce dimanche en famille ! Me rapella t-elle

- Oui bien sûr...euh juste une question Moana serait passer ici par hasard ? lui demandai-je

- Je n'ai pas revu Moana, depuis deux jours...Pourquoi ?

- Elle aurait dû laisser un tableau ici pour un de mes amis..j'ai cru que c'était déjà fait ! mystifiai-je

- Ah... J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas Sebastian...

- Non tout va bien...Je ne compte pas te déranger davantage...

Elle m'accompagna jusqu'à la sortie puis déclara subitement :

 - Sebastian, je sais que Mo doit te rendre la vie un peu difficile ! Je ne suis pas une idiote, j'ai remarqué beaucoup de choses mais je t'en pries soit patient, elle a tellement souffert et je n'ai pas vraiment été la comme il le fallait! Soit le à ma place. Soit prudent mon chéri.

Je souris simplement d'un hauchement de tête, puis dirigeai mon volant vers la pente dangereuse de Montagne noire. Comment ais-je pu craquer ainsi bordel aux avances de Renata! Comment! Natt avait raison. Je cognai du point sur le volant. Puis essayai quand même de contacter Sao qui semblait être en très bonne compagnie! Ces réponses se faisaient entre des chuchotements tantôt timides tantôt sensuelles.

- Je suis désolé si je te dérange, mais dis-moi Moana est chez toi ? Elle m'avait dit qu'elle passerait te rendre visite !

Elle eut un rire étouffé puis s'éclaircit la gorge.

- Non non... elle... arrêtes... je parle à Sebastian! Désolé Seba mais non je ne l'ai pas vu ... 

Elle rigola à nouveau et repris :

- Y'a un problème ?

- Ah ok ! Non non tu peux dormir t'inquiètes ..

Je raccrochai en rejetant tout l'air accumulé. Je ne savais plus où la chercher et ne pas la retrouver à ses deux endroits confirmait mes doutes ! Elle avait encore disparu comme la dernière fois lors de notre anniversaire de mariage. Je voulais plus y penser, je me rendis chez Renata en dépit de tout, dans l'espoir de retrouver une oreille ! Je m'assis dehors sur les marches du perron et me lâchai :

-Je me suis disputé avec elle, je sais plus quoi faire.

- Sebastian je ne suis pas psychologue ! Que veux-tu que je te dise ! Si Moana ne veut plus de toi divorce ! D'ailleurs c'est clair qu'elle n'en a jamais voulu...

Je levai les yeux vers elle.

- Malgré tout je lui ai donné bien plus ce qu'il fallait, je me suis bagarré contre sa mauvaise humeur orageuse, son mépris, ses réponses brûlantes et sanglantes...C'est pour elle !

- Je te comprends mon chéri

 - Tu ne comprends rien du tout ! Ludovic lui aurait compris...C'est fou ce qu'il me manque...Il était unique à mes yeux ! Le genre de pote quoique coureur de jupons n'a jamais même une fois levé les yeux vers ma sœur. Il me disait que bien qu'elle soit Jolie, qu'il baissera toujours les yeux devant elle dans les escaliers, que ma mère était la sienne et vice-versa ! Une amitié tellement solide .

J'emis un sourire nerveux.

 - Pourquoi te sens-tu autant coupable de sa mort ? En plus on parle de cette idiote de Moana          pourquoi a-t'on atterri sur Ludovic ?

- Parce que Ludovic m'aurait dit quoi faire ! Pourquoi deteste-tu autant Moana.

- Je ne detestes pas Moana, Pourquoi devrai-je la haïr si je détiens la queue de son mec entre mes jambes en permanence. Je te jure Sebastian j'ai tout le temps envie de toi ...j'ai certaines fois envie que tu me baises sans relâche!

Je la dévisageai avec dégoût.

-Tu sais quoi, je n'ai vraiment rien à faire ici ! J'étais venue dans le but que tu me tendes ton oreille et non ta chatte en éruption!

Elle rabattit ses cheveux sur son dos, je me levai puis l'avouai :

- Au final j'avais tort ! T'as beaucoup changé Renata....T'es loin d'être la même.

Sans attendre sa réponse je partis puis me remis à rouler. À cette heure, la rue désertait peu à peu. Mes yeux brillaient d'une lueur négative, j'avais la conscience perturbée prête à s'éteindre! J'avais l'impression que mon cerceau était troué comme une paire de vans usée. Je me garai un instant pour absorber un peu d'air frais. je recomposai son numéro à plusieurs reprises, mais il n'y avait que sa putain de messagerie ! Seul au milieu du passage piéton, une faucheuse me fit des appels de phares! J'avais envie d'envoyer chier la Terre entière ainsi que sa taille de guêpe peu impressionnante ! Je poussai un juron. Ma vie devenait de jours en jours une imparfaite perfection, chaque jour je subissais une nouvelle dose de pressions...

Je renversai la tête en arrière puis remontai en selle. Je rentrai, et m'allongeai de tout mon poids sur notre lit où l'on sait aimer une seule fois en 6ans. J'étais torturé, lorsque mes pensées claquèrent la porte du réel. Les coïncidences n'existaient pas, à chaque seconde, je voyais des signes partout. Son refus à mon dîner, son silence bruyant, ses yeux pers incapable de soutenir les miens, son exposition. Moa ne me dit pas que tu t'es encore rendue vers ses maudits lieux mystiques... Comment tu fais pour autant t'accrocher à lui ?  un lwa ! Je regardai son visage sur le plafond blanc, j'essayais d'oublier mais la peine était fixe! Voilà que maintenant j'échangeais des heures de sommeil contre des réponses... allant jusqu'au plus idiotes. Elle était partie! je repensai à Renata, j'étais un gros salaud ...je suis un gros salaud ! Comment ais-je pu dis-moi Sebastian? Comment?

Mon regard était fixé directement sur la porte, je la voyais rentrer et m'enlacer, son timbre de voix calme paisible et légèrement grave resonnait dans ma tête... et voilà que cette nuit encore une fois, je dormirai seule avec mes cauchemars et mes doutes tout repassait en boucle...je pris son oreiller en me laissant bercer par la musique resonnant dans mes écouteurs ! Je le serai contre mon torse ... serre-moi fort Mo, ne me lâche pas ... serre-moi fort....

That Voodo You Do  -TOME II-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant