Moana

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Le prêtre sanctifia les lieux plus précisément la cave qui autrefois était l'antre d'Agwe . Voilà quelques semaines que je m'acharnais dans une lutte indeterminable. Je participais dans des prières pratiquement tous les après-midi à la paroisse avec Sebastian ! Je sentais qu'il s'affaiblissait, et j'étais de moins en moins effrayée par ses menaces mystiques. J'avais placé des crucifix partout dans la maison et versé de l'eau bénite dans chaque recoin, je me sentais de plus en plus en sécurité avec cette nouvelle force spirituelle et purifiante qui m'habitait ! Petit à petit mes plaies souillées disparaissaient...mais j'avais encore honte de mes actes du passé !

J'avais aménagé les lieux en transformant le tout en un oasis de paix ....
Différemment de tous les soirs, je ne m'y rendis pas pour prier. Ce soir, j'avais les bras encombrés d'un luxueux vase fraîchement confectionné de vers et de diamants bleus, offert par Sebastian. Je m'y servirai, pour y ajoutai de l'ensens béni par le prêtre. Il scintillait sous les reflets des ampoules dont la beauté de leur décor variait selon leur architecture. Je piétinai le sous-sol témoin de tant de saleté, témoin de toutes mes nuits de perversions avec le diable ! J'éteignis les cierges allumés, et tirai les cintres des rideaux aux teints légèrement rosés...
Brusquement, une pluie diluvienne se déclencha de manière inattendue suivie d'une bourrasque de vent, ce qui provoqua le flottement des rideaux qui laissaient entrevoir a travers les vitres, les coups d'éclairs zébrant le ciel ! Un frisson me parcourut jusqu'à l'échine lorsque je ressentis un souffle derrière moi. Une main se posa sur mon épaule, et sous l'effet de la peur, je restai figer sans oser ravaler ma salive..je me retournai doucement incapable de contrôler le tremblement de mes doigts fébriles ! Je pivotai doucement sur moi-même mais il n'y avait personne ...Je relâchai un profond soupir en gardant les paupières closes. Mon rythme cardiaque s'acceléra à nouveau, lorsque j'entendis prononcer mon prénom !  D'un geste maladroit je relâchai le vase qui se fracassa en mille morceaux sur la moquette toute neuve. J'expirai bruyamment à la vue de Sebastian ...

-Relax ce n'est que moi..Tout va bien? Je voulais simplement savoir ou tu étais vu qu'il pleut des cornes au dehors! Mais t'es sûr que tout va bien? Me demanda-t-il

-Tu ...tu es la depuis combien de temps ? M'informai-je paniqué.

-Deux ou trois secondes je suppose!

Il fronça ses épais sourcils...

- T'es sûre que ça va?

- Ou....en fait non ...

-Et pourquoi Mo ?

Une voix autre que la mienne répondit à ma place, mes yeux s'écarquillerent de stupeur, la pièce devint lugubre éclairé simplement par l'éclat lumineux des éclaires..
Rapidement Sebastian prit ma taille en otage.

-Paske mwen vin chèche sal dwem nan.. (Je suis venue chercher ce qu'elle me devait)

Haïs les yeux haineux et froid nous fixait le regard dur comme de la pierre. Sebastian soutint son regard sans siller d'un poil alors que moi en dépit de cette force spirituelle qui émanait de moi, j'en étais incapable. Incapable de croiser cette froideur dont je m'étais épris ; cette souillure dans lequel je m'étais abreuvée de sexe, de plaisirs charnels inimaginable ! Je m'étais laissée chevaucher par le vaudou en soi ...Il se moquait maintenant de ma honte.
Son rire glacial faisait presqu'echo dans la pièce, je fis intérieurement le signe de la croix.

-Ta présence est indésirable...tu ne le vois donc pas ? Ne t'approche surtout pas et encore moins d'elle...L'avertit Sebastian

Il balaya la pièce en s'attardant sur les crucifix et les cierges éteints..il eut un sourire narquois qui ramena des algues ondulant sur la moquette comme des serpents en quête de leur proie! Mon cœur battait la chamade ...Je cherchais dans mon âme un lieu de répit vers ou me cacher de cet être monstrueux...

- Mwen lakay mwen ...Fanm sa pa fanm. Recidiva-t-il. (Je suis chez moi, cette creature n'est pas tienne)

Des larmes d'humiliations inondaient mon visage, mais j'essayais de garder la force pour l'affronter. Tout ça devait prendre fin ....

- Vas t'en ....C'est fini Haïs Vas t'en ....Je t'ai dis de t'en aller et de laisser ma famille tranquille. Mwen pa vlew isi an ( je ne te veux plus ici). Lui criai-je 

-Mwen pap fè on pa San ou ! Mwen vle wew ou ranpe Moana jiskaske ou enplore pityem. (Je n'irai nulle part sans toi Moana, je veux te voir ramper et implorer ma pitié.)

- Ne fais pas attention à lui . Me souffla Sebastian.

Plus il parlait ,plus il me fixait de ses yeux d'acier. En une fraction de secondes, la cave était inondée d'eau de mer ! Le bruit lugubre et agaçant d'une chaloupe sur l'océan retentissait dans la pénombre lugubre. Le souffle me manquait, mes mains étaient devenues moites, des gouttes de sueurs perlaient sur mon front, un goût fade et amer s'étalait à travers mes papilles gustatives ...

- Hein Moana ...Banm saw dwem nan...se nanm ou ,ou te van mwen banm mwenl Moana...  (Rend moi ce qui m'appartient, ton ame, tu me l'as vendu, rends-le-moi)

Je tremblais, la force me manquait ..

Sebastian avait entrelacé ses doigts dans les miennes!

-Résiste Moana...Résiste...M'encouragea mon mari..

- C'est trop dur Sebas! Je n'y arriverai pas . M'ecriai-je en pleurant.

J'avais l'impression qu'il aspirait toute mon énergie vitale

- Ban mwenl Moana ....Banmwenl... ( Donnes le moi Moana, donnes le moi) 

J'avais l'impression de devenir folle, Sebastian m'aggripa à lui en se servant de son corps comme armure ..Haïs le défiait d'un regard mauvais en le provoquant mais quelque chose l'empêchait de lui sauter dessus et de l'etriper,il n'avait osé faire un pas vers Sebastian.

- Poutet tintin bondye'w l'an ou panse mwen paka taklew ou son ti grenn sab bo lanmè Sebastian ...menm jan ak malpwopte yo bay pou Ludovic lan !  (A cause de ton merdique de Dieu, tu te crois inatteignable ? Tu n'es rien qu'un brin de sable gisant au bord de l'océan! pareil pour ton idiot de Ludovic)

La voix de mon mari récidiva sans avoir froid aux yeux ...

- Je suis la Hais, Je te mets au defi de me tacler, Viens Prends-moi a la place de ma famille, si t'en es capable, je te mets au defi! Dans le cas contraire, disparais.

La colère du démon augmentait de plus en plus, des objets tombaient de partout ! Leur fracas sur le sol était mêlé au grondement de l'orage. Des algues se nouèrent autour de ma cheville, l'eau nous arrivait déjà à la taille mais j'avais l'impression que je me noyais. Sebastian ses doigts dans les miennes étaient restés de marbre alors qu'Haïs avançait vers nous petit à petit....


That Voodo You Do  -TOME II-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant