Haïs

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Ce goût acre que je ressentais dans ma bouche ,ces picotements incessants qui zigzaguaient mes tripes me donnaient tout simplement l'impression que j'étais en plein cœur vaudouesque. Je n'avais plus la notion de l'espace et du temps lorsqu'à mon réveil de ce matin je me suis évanoui secoué par de violents spasmes qui en moins d'une heure aurait déchiqueté mon corps en mille morceaux. J'atteris dans un lieu désert où l'eau qui tombait en cascade et les énormes rochers me rappelaient la scène du bassin bleu de Jacmel ;  l'eau coulait de manière si pure et cristalline que j'aurais voulu y plonger pour ne jamais y remonter. Le scintillement des étoiles dessus avaient l'air de petits cristaux qui décoraient cette nappe bleu qui se laissait doré par les éclats lumineux de la lune. J'aurais voulu admirer ce spectacle davantage mais un coup de tambour raisonnant des profondeurs du bassin me firent reculer de plusieurs centimètres ! En une fraction de seconde, les lieux étaient encerclés de tambourineurs et de danseuses.
Des offrandes, du Champagne, des moutons et des oies blanches étaient apportés en quantité sur un plateau d'argent par un groupe d'hommes et de femmes drapés en sari blanc. Tous  hypnotisés, ils fredonnaient une mélodie dont eux seuls pouvaient décrypter les paroles. Une jeune fille belle comme tout et complètement nue s'avança vers moi ; elle avait les larmes aux yeux et étaient enchaînés des mains et des pieds. Sur un dernier bruit sec ; le son des tambours s'arrêta...les danseuses totalement zombifiées s'immobiliserent en se prosternant devant moi....
Peur serait bien un piètre mot si j'avais eu à décrire les sentiments d'effrois qui me traversaient.je déglutis péniblement, malgré mes mains moites, je cherchais un psaume ou une priere qui pourraient m'aider à supporter tout ça mais rien ne me venait à l'esprit ! D'ailleurs même le nôtre père s'était complètement effacé de ma mémoire. Je n'avais pas eu de difficulté à comprendre dans le tourbillon dans lequel je me trouvais lorsque Haïs Agwe Taroyo se presenta à moi en personne. Il s'adressa à l'assemblé...

- Prosternez-vous devant le prince..fils d'Agwe, Prince des eaux. Zantray mwen...san mwen ap koule nan vènn ni.. [ Mon sang coule dans ses veines]

Ils s'exécuterent rapidement. Il pointa du doigt la jeune creole enchaînée et déclara d'un ton dictatorial.

- Voit mon fils les offrandes...tes offrandes...voit cette belle creature que l'on t'offre en sacrifice...

Le visage désemparé, elle me suppliait des yeux. Un énorme coup de fouet la força à se plier en quatre, un cri perçant retentit et rendait les lieux encore plus lugubres...

- Elle est à toi. Dit-il d'un timbre de voix puissante

Traumatisé et complètement désarçonné par un tel spectacle je ne réagis pas. Ils emmenèrent la jolie noire aux regards de jets en plein cœur du bassin. Après un rituel composé de danses de coup de tambour, de coup de fouet tranchant l'air,elle fut violée et sacrifiée là sous mon regard ahurissant. Une algue de je ne sais combien de centimètre, lui perfora les parties intimes en ressortant jusqu'à la bouche. Un frisson de terreur me parcouru jusqu'à l'échine,les battements de mon cœur frôlait la défaillance cardiaque. Jamais je n'ai vécu de spectacle aussi effrayant..Haïs reprit sur le même ton

- Voit cette fille mourir pour toi.. Ou pa nenpot ki moun...ou se pitit dlo...ou gen fos sou simbi e tout antite gadyen dlo dous ak osean... [ Tu n'es pas n'importe qui tu es le fils des oceans, tu as la force de Simbi, des antites des eaux douces !]

Les meringues vaudou reprenaient petit à petit... leur regard de zombi m'electrifiait les sens ... Putain ou me trouvais-je ? La voix ténébreux d'Agwe prononça le prénom de maman.

- Moana...fanm dous ...elle est inégalable..se la premye fwa je nou te kontre..se la mwen te bwe san li ...se la mwen te pran nanm ni se la ou fet ..nan mitan kalfou basen ble... [ Moana femme douce, c'est ici que tu es né au fin fond du bassin bleu, ici jai bu son sang, je l'ai injecté mes desirs]

- ....

- N'aies pas honte de ta vraie nature mon fils. Nous les initiés du panthéon vaudou sommes également tes amis. Décide-toi...mwen pa gen poum ofriw ló ak diaman ;  paske ou posede yo deja... mwen pa gen poum ofriw anyen lot anko ke gren bagay ou pa ka genyen an.. [ Je n'ai pas a t'offrir de diamant, ni d'or car la seule chose que tu veux c'est Callie] ........

Ses mots me picoraient, plus il parlait, plus je repensais à Callie..Il avait raison sur un point..je l'aimais à ce point et encore plus... je la voulais pour moi seul ! Pourtant j'étais encore jeune ; rien ne pressait...je pouvais encore l'avoir. Mais ce dernier comme s'il avait lu dans mes pensées me contredit.

Siw kite chans sa pase...lap jwen lot neg...lap pati et wap pedil a jamè...gen de jan ou renmen on moun ...jamè ou pap resanti menm sansasyon anko san li..kaptire nanm ni pou ou sel...wap ka gen tout sa ou vle Haïs..tout sa ou bezwen ...tout sa ou vle de li...Aksepte pakt lan ...Akseptel...[ Si tu laisses cette chance passer elle trouvera un autre homme, parfois on a une façon d'aimer quelqu'un que jamais on ne ressent la même chose pour une autre, capture son âme... Tu l'auras pour toi seul Haïs ... Acceptes le pacte... Accepte-le !

Moana

Il était plus de 9 heures am et le bout du nez d'Haïs ne s'était pas pointé. Convaincue à l'idée qu'il dormait encore, je n'avais pas décidé de le réveiller ; Mais là fallait qu'il le fasse. Je grimpai les escaliers et rapidement fis tourner serrure vue que personne ne me répondait. Sa chambre était complètement vide. Il n'y avait aucune trace de mon fils. Paniquée, je descendis et le cherchai de partout. Il n'était ni avec des amis, ni chez Callie ni avec son père ou ses grands-parents...Aucune des institutions qu'il fréquentait ne l'avait remarqué
Personne ne l'avait vu ; il s'était tout simplement volatilisé...Sebastian abandonna son travail pour me rejoindre. Notre gérant nous garantie qu'il n'avait pas traversé le seuil de notre barrière vu qu'il était resté de service toute la nuit jusqu'à l'heure ou il narrait sa soirée...

J'étais inconsolable et totalement affecté... Nous avons dû porter plainte au poste de police...
Trois jours d'angoisses et de peur...il n'était toujours pas rentré......

That Voodo You Do  -TOME II-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant