Quelques minutes plus tôt .
J'abandonnai le téléphone sur le siège passager et j'empruntai un troisième virage après le clignotement du feu de signalisation. Mon chapelet d'argent fraîchement achetée à la paroisse de St-Pierre était enroulée autour de mon poignet. Au moment ou je m'appretais à traverser le carrefour, l'objet de dévotion s'accrocha au levier de vitesse, je le libérai de son emprise en fredonnant. Tout à coup un énorme toreau aux yeux rouges ayant surtout l'air d'un Buffalo se plaça exactement en face de ma voiture. J'ecarquillai les yeux et freinai d'un coup sec; malheureusement je perdis de manière absurde le contrôle du véhicule qui s'enfonça directement dans un camion ! Mon corps fut propulsé en avant; une énorme douleur et un fourmillement sortit de nul part électrifia mes membres en entier puis plus rien ...
Mes iris croisèrent l'éclat lumineux des lampes au formes rectangulaires placés au plafond. Un mal de crâne hors paire m'explosait les neurones. Je me reveillai petit à petit pour finalement affronter deux paires de yeux inquiets et le visage barbu du médecin. Maman fut la première à rèagir en me prenant dans ses bras...
- Moana ma chérie ! J'ai eu l'une de ses peurs, Dieu soit loué, mais qu'est-ce-qui s'est passé ma puce ....
Je ressassai comme un long métrage les dernières images que me diffusaient mon cerveau et je ne comprenais toujours rien !
- Je... je ne sais... pas... je me suis...je sais plus. Bredouillai-je
- Mme Rodriguez, il n'y avait absolument rien pour avoir déclenché un freinage aussi sec et brutale ! Selon les témoins oculaires... vous auriez volontairement perdu le contrôle de votre voiture dans une courbe et aviez frappé de plein fouet une autre voiture conduite par un homme de trente ans.
- Seigneur Moana ! Où diable avait tu la tête? S'exclama ma mère.
Ma sœur qui ne s'était pas encore manifestée fronça les sourcils....
- Moa t'es sûre que tout allait bien ?
-Je... je me suis retournée vers la droite... et j'ai vu... j'ai vu...un...
- Tu as vu ?? Insista ma sœur
- Ou du moins j'ai cru voir quelque chose ! Bredouillai-je
- Allons Moana... ce n'est pas logique ça !!Docteur elle va bien au moins ? Dit maman d'un ton inquiétant.
Les traits du médecin se plissèrent légèrement, Il répondit d'un air anxieux.
- Les nouvelles sont aussi bonnes que moins bonnes ! Les bonnes nouvelles d'abord. Mise à part quelques égratignures et une fracture au bassin vous vous en êtes sortie ; Quant à Mr Caron, Il a subi plusieurs fractures et une hémorragie aux poumons ! Mais Ne vous inquiétez pas tout va rentrer dans l'ordre....
- Tout s'est passé si vite, je pensais mourir. Ça a fessé fort. Je n'étais plus capable de sortir du camion et... il y avait de la boucane, j'ai eu peur ! Expliquai-je traumatisée
- Vous êtes encore ébranlée par tout ça... Mieux vaut laisser les autres moins bonnes pour plus tard !
Il fit signe à maman et à ma sœur puis sortirent un instant de la chambre d'hôpital..
Mes sens ne me jouaient aucun tour; de jours en jours je me sentais plus proche de mes démons! Comment faire pour les tuer? Pour le tuer ? ! Je pressai nerveusement mon chapelet entrelacé dans mes doigts en soupirant. Sebastian arriva quelques secondes plus tard presqu'en pétant les portes de la chambre. Il se précipita vers moi l'air anxieux en m'enlaçant du mieux qu'il le pouvait...-J'ai eu une peur multicolore ! heureusement que tu vas bien... j'ai cru que le ciel allait s'effondrer et que le sol se dérobait sous mes pieds ! Qu'à dit le médecin ? T'as rien de cassé ? Mo, mon amour, dis-moi comment ? Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
- C'était lui Sebas. Lui chuchotai-je
Le Docteur Bonssi se dirigea vers nous l'air anxieux ...
- Qu'est-ce-qui ce passe Bonssi ? S'enquérit Sebas
- Je suis désolé mais ....
Il dirigea ses iris brunes vers moi...
- Mme Rodriguez étiez-vous au courant que vous étiez enceinte de deux semaines ?
J'ecarquillai les yeux ainsi que Sebastian
-Non. Répondis-je le regard rempli de larmes
Mon rythme cardiaque devint saccadé face à l'air anxieux qu'affichait le "Toubib"
- Vous attendiez de faux jumeaux ! Une fille et un garçon. Declara-t-il
- Pourquoi parlez-vous d'eux au passé? demanda Sebas en redoutant le pire
- Je suis désolé mais vous avez fait une fausse couche ! Il est nécessaire de vous reposer quotidiennement pour assurer un rétablissement plus rapide et également pour éviter la dépression. Soyez fort! Vous êtes encore jeunes...
Il sortit de la pièce en nous laissant seul face à notre désarroi. Un sentiment de culpabilité s'y installa ; j'étais incapable d'émettre aucun son, et incapable de fixer Sebas qui avait le regard lointain. Je ne pus empêcher une larme de couler, je me sentais anéantie, je n'avais plus de force. Mon mari m'étreignit en me caressant les cheveux, j'éclatai en sanglot ...
- C'est lui Sebas! C'est ce maudit Haïs, Il veut me faire payer, il nous a pris nos enfants ...nos enfants à nous ! Je l'ai vu, c'est à cause de lui si je me retrouve sur ce lit d'hôpital ! Il s'est manifesté en prenant la firme d'un énorme Buffalo et ses yeux étaient injectés de sang. Il s'est placé devant ma voiture et sur le cou j'ai freiné Sebas, j'ai assassiné nos enfants... seigneur...je ne crois pas que j'y arriverai...il me les à pris
Il me caressa les épaules...
- Il ne fait que nous tacler ! On ne va pas se laisser faire mon cœur...
- T'allait être papa et maintenant ? Tout s'est effondré, bientôt je redeviendrai muette ...il laisse sans doute le meilleur pour la fin ! Ow Seba serre moi fort stp ...
- Plonge tes yeux dans les miens. On va s'en sortir mon cœur, je suis déjà papa et je sais qu'on en fera d'autre ! Ne t'inquiète pas pour ça. Calme toi... On maquillera ensemble toute cette peine qui nous déchire les entrailles... Tu verras bientôt la lumière... c'est promis Moana...
- Il est capable de s'attaquer également à... Kereem! Mon petit Haïs !
- Arrêtes de t'en faire ! Il n'osera jamais. Il est le diable et alors! Soyons simplement proche de son ennemi ...
Il se fit une place près de moi, sur mon lit d'hôpital et m'attira vers lui en m'entourant de ses bras protecteurs! Je m'appuyai sur son torse en repensant à cette grossesse interrompue... Pourrais je m'en remettre ? Je levai les yeux vers lui, il semblait perturbé ; calme mais inquiet.
- Sebas...
- Dis-moi...
- T'es pas seule non plus... tu peux exprimer ta douleur ! Je sais que t'as mal... ne te sens pas obliger de garder le secret... Lui dis-je
Il me sourit faiblement et laissa couler une larme de tristesse... Lucifer avait saigné la où ça fait mal !