Vingt-et-un jours plus tard
Il était plus de vingt- deux heures lorsque j'entendis le bruit d'un moteur s'éteindre et les roues de la barrière se refermer. Haïs dormait paisiblement sur mes genoux, alors que je vidais en silence mon troisième vers de kummel mes yeux rivés vaguement sur BFMTV. J'eteignis l'écran lorsque finalement je vis la silhouette de Moana traverser la grande galerie qui menait vers le salon ou j'étais. Vingt-et-un jours ! Elle apparaît au bout de trois semaines, comme si tout était normal. Je ne pus m'empêcher de la dévisager alors qu'elle empruntai déjà les escaliers sans même me dire bonsoir. Elle portait encore les mêmes vêtements du matin de sa disparition. Ses cheveux étaient humides, sa robe qui laissait entrevoir la naissance de ses seins dénudées était presque transformé en haillons et dégoulinait, pieds-nus, ses orteils habituellement manicures en noir étaient immaculés de boue. Je me demandais ou diable avait-elle traînée.
Je secouai négativement la tête et allai border Haïs, puis me rendis vers sa voiture dont le moteur était encore chaud. De la vitre, j'inspectai avec assiduité, l'état du véhicule. Les roues étaient boueuses, les sièges étaient complètement imbibés, et le plus bizarre des branches d'algues, des résidus de certaines plantes marines jonchaient sur le pare-brise, les sièges, le volant etc. Je levai les yeux vers la fenêtre de notre chambre pour observer sa silhouette merveilleusement bien dessinée, jouer avec l'éclat lumineux du lustre en cristal. Je réfléchis quelques instants, puis d'un pas décidé, je grimpai les marches et pénétrai dans la chambre en refermant la porte avec précaution pour ne pas réveiller le petit. Elle était assise devant sa coiffeuse et se brossait soigneusement les cheveux sans se soucier de ma présence. Elle s'était déjà douché, son peignoir immaculé laissait entrevoir ses sous-vêtements noirs qu'elle portait sensuellement en écoutant sa musique houcine sur sa stéréo. Je détournai vivement le regard de sa peau dénudé et affrontai ses yeux verts puis l'interrogeai en haussant le ton suffisamment pour l'effarer.
-Tu étais où Moana ?!
- ....
- RÉPONDS-MOI MOANA! Deux à trois jours ok! Mais vingt-et-un putains de jours Moana! Tu disparais pendant vingt-et-un jours ! Mo dis-moi t'étais ou? Me répétai-je
Elle me jeta un regard hautain puis répliqua froidement
-Eben genlè mwen rete avew isi a ( je ne te dois aucune explication)
- Moana t'es une mère ! Tu ne peux pas disparaître ainsi et y revenir comme bon te semble! je reprends Moana, tu étais ou ?
Elle me ridiculisa, et me jeta d'un air de defiance:
- SIW KAPAB FEM DIW KOTE'M TE YE
Je perdais patience.
- Haïs à besoin de toi ! Ta relation avec lui n'est pas assez pourri comme ça ? C'est ton fils, c'est notre fils. Tu ne peux pas l'abandonner en te livrant à tes salopris de je ne sais quoi ! Ça fait cinq ans que je supporte cette attitude! Ton champagne que chaque matin tu déverses à la porte d'entrée, tes cérémonies du sous-sol et tes disparitions ! Demain ce sera quoi hein ?
-Hmmm...Yo kenbew isi an ? (Qui te retient par ici)
- C'était le jour de notre anniversaire de mariage, tu te rends compte? Peu importe de ce que j'avais prévu, Peu importe que tu t'en fou ou pas, t'as pas le droit de disparaître ainsi !
Elle ricana méchamment, je m'énervai en élevant la voix...
- Je ne me ferai pas répéter deux fois
Elle se tourna sur sa chaise pivotante s'empara de son portable de manière à me démontrer qu'elle n'en avait rien à foutre des "poubelles" que je lui déballais! Je le lui tirai rageusement des mains, puis l'écrasai contre le mur. Je la retournai vers moi en l'emprisonant de mes bras.
-REPONDS! la pressurai-je
-Eben pase sou mwen ! Epa vyole ou kon vyole moun ! Annik pase sou Mwen pouw ka fem reponn ou salopri ( tu n'as qu'a me violer, c'est ce que tu sais faire de mieux, violer les femmes, abuses de moi, afin de parvenir a tes fins)
Dans un accès de colère, je pris sa stéréo qui diffusait une mélodie agaçante et le fracassai en mille morceaux devant elle ! Mes yeux lançaient des éclairs ...
-TU RÉPONDS OU JE NE RÉPONDRAI PLUS DE RIEN MOANA!
La réponse sortit immédiatement de ses jolies lèvres légèrement gonflées.
- À cornillon, nan Dlo doko!
- Ah T'etais sous l'eau ? Confirmai-je nerveusement
Elle hocha affirmativement la tête.
- En résumé, Tu as passé Vingt-et-un jours sous l'eau ? Et après ce sera quoi hein ?
Elle répliqua entre deux rires diabolique
-Bat Chen an tann mèt li sa a poko janm denye kou ki touye koukou Mon A-M-O-U-R.
Épuisé, je lui lançai un simple regard puis ajoutai entre deux soupire:
- Désolé pour ton portable et ta stéréo, Dès demain tu les aura ...
Sur ce, je tournai les talons et allai me servir un vers d'armaniac au salon histoire de calmer toute cette pression qui s'accumulait en moi. Vers 23 heures, je m'allongeai auprès d'elle en rabattant les couvertures sur moi. J'avais à peine éteint la lampe de la table de chevet que j'entendis Moana gémir seule. Je me levai hâtivement pour rester stupéfait face au spectacle que j'assistais ! Elle bougeait lascivement en prononçant le prénom d'Haïs qui allait et venait en elle sans que je puisse vraiment le voir. Elle était au bord de l'orgasme et gémissait en s'agrippant aux draps. Son corps était collé de sueurs, elle se mordillait les lèvres au point d'en provoquer le saignement. Incapable de supporter ces ébats sexuels, je me levai d'un bond et me dirigeai vers la porte qui se verrouilla avant même que je n'aie pu toucher le verrou ! Il en était pareil pour celle de la salle de bain ainsi que le balcon. J'étais prisonnier dans ma propre chambre, condamné a les regardé se donner bestialement l'un a l'autre, j'observai le corps offrant de ma femme couverte de morsures, de suçon s'effondrer sous les caresses invisibles de son amant a l'apparence fluide et cristalline. Le pire Moana avait ses yeux figés dans le mien et se tordait lascivement de plaisir sans gêne aucune. Elle humectait ses lèvres gonflées de désirs ardent ! Ma femme me trompait la sous mes yeux aux sens propres du terme. Je ne pouvais rien faire à part que les observer le cœur lourd au bord de la cassure. J'avais les poings serrés, la mine tranchante et le moral à moitié soutenu. Je me laissai choir sur la moquette, en assistant à leur scène obscène qui dura plus de deux heures ! Je m'entendais demander au très haut pourquoi?Serais-ce ma punition pour avoir baiser la haine ? Aurais-je condamné mon âme à une âme en péril uniquement plongée dans le malheur ?
Je me fis du mal en laissant mes yeux étudiés chaque geste, chaque mouvement qui l'emportait vers l'extase, leur gémissement me laminait les tympans. A croire que je les mirais, à croire que c'était un fait normal de regarder ma femme se faire dechalborer par son amant sans que je ne puisse rien faire ! Moi qui ignorais le goût de ses lèvres, la douceur de sa peau , les battements de son cœur, la tendresse de ses caresses ! Cinq ans. ..cinq foutues années.
je répétai sans cesse à voix basse mes iris brun rivés sur leurs corps-Pourquoi Moi? Pourquoi Tu me mets dans cette merde mon amour... Ce soir où je t'ai demandé ta main, tu t'es laissé faire et maintenant j'en souffre... Je m'en rends compte que je n'aurais pas du forcer... Voilà maintenant je dois t'observer en silence, tu n'es pas celle dont je suis tombé amoureux Mo, t'es devenue une étrangère... Dans la merde Mo, tu m'as mis dans la merde...
Mon regard devint absent, je fermai les yeux, j'aurais voulu avoir un masque !
j'avais juré à Dieu, à ma conscience et à Moana que j'étais prêt à assumer ce que j'avais entre les côtes, à assumer le poids de mes erreurs, mais là j'avais mal... elle avait saigné ma plaie qui s'était à peine refermé... Je t'en prie Mo ne mets pas mon cœur en danger. Sinon je vais sombrer dans la folie... je t'en pries...