Moana

133 33 2
                                    

 Je me réveillai en me massant les tympans... j'avais eu une nuit agitée et un sommeil léger. Des rêves me hantaient, des rêves qui me prévenaient. Je repensai à mon fils, lui qui avait connu une enfance si paisible, lui qui était aussi doux qu'un agneau. Comment pourrais-je lui avouer ce lourd secret qui taraude ma poitrine encombrée ? Comment pourrais-je avouer à mon fils que moi sa mère lui avait promis aux forces des profondeurs de l'océan ? Comment ? Entre lui et moi ce n'était déjà pas l'harmonie totale en ce moment et le temps se précipitait ; fallait que je lui dise... Je ne veux pas qu'il subisse mes propres cauchemars survenus des années auparavant! En quelques sorte je le comprenais, je comprenais ses crises d'angoisses, sa tendance à devenir arrogant, ses sauts d'humeur infranchissable. Dans sa tête c'est sûr que c'était le foutoir ! Il était tiraillé entre lui et lui ! Je savais ce que c'était, j'ai moi-même été sous l'emprise de ce demon d'Haïs... je savais de quoi son père en était capable, et mon bébé n'était pas prêt seigneur... il ne l'était pas...

Sebastian pénétra dans la chambre, il sortait du sport. Il me fit un bisou sur le front puis se dirigea vers la douche. Il en sortit des vingtaines de minutes plus tard, il gardait toujours cette même habitude de garder la serviette autour de son cou jusqu'à ce qu'il soit complètement habillé. Muni d'un t-shirt bleu et d'un pantalon jogging, il s'assit près de moi en m'embrassant le cou.

- À quoi penses-tu ?

- Haïs.

- Lequel ? Le notre

- Oui. Tu... tu ne crois pas que tu as été trop dur avec lui.

- Non. J'ai été très et même trop gentil.

Je lui fixai directement...

- Il... il n'est pas lui-même Sebastian et tu le sais. Faut que je lui dise...

- Quand ce sera le moment on lui dira ensemble mon cœur... pour le moment il ne fait que remplir ses caprices d'ados. J'étais pire tu t'en souviens...

Je hochai affirmativement de la tête peu convaincue. Il le remarqua également et me réconforta du mieux qu'il le pouvait. Je l'embrassai amoureusement... Mon amour pour lui augmentait au fil des années. Ensemble, on se rendit vers la salle à manger extérieur plongée dans une belle ambiance tropicale ou le petit déjeuné était déjà servi. Scircey s'y attabla rapidement.

- Bouf j'ai une faim de louve ! Replica t-elle

- De loup ou de louve.

- Je suis une fille papa.

Je souris... j'adorais les voir ensemble...

- Ou es ton frère ?

- Sûrement dans sa chambre.

- Va lui dire de venir se mettre à table pour son petit déjeuné.

- Laisse... je vais lui préparer un plat. Dis-je

- Et le lui apporter ? Pourquoi lui il a toujours la chance de faire des trucs cool. Riposta t-elle

- Franchement ! Tu ne me laisses jamais manger dans la chambre Mo...sauf quand...

Sebas s'arreta nettement sa phrase alors que je compris son allusion...

- Quand quoi ? Persista Scircey

- Arrêtes de railler... mange.

J'empruntai les escaliers alors qu'ils s'étaient livrés à une dispute futile et nulle. Je toquai un, puis deux coups. Aucune réponse, je fis tourner le poignet et doucement déposai le plateau sur la petite table basse. Il dormait encore. Je scrutai chacun de ses traits si bien dessiné. Il était si beau que j'avais peur que les gens ne prennent sa beauté pour celle du diable. Bien évidemment qu'il avait hérité de mes traits, mais ceux de son père était plus présent : la mâchoire carrée, les lèvres légèrement charnues et rosies, et ce regard qu'il avait lancé hier lorsqu'il se faisait engueuler par Sebastian. J'avais vu le même lorsque Haïs me manipulait... il était identique..
Je m'assis près de lui en lui caressant les cheveux ; "mon petit ange "murmurais-je. Il se reveilla des minutes plus tard, en s'étirant. Ses iris bleus croiserent mes yeux, il se retourna de l'autre sens. signe qu'il était toujours en colère. Paresseusement il se dirigea vers sa salle de bain puis ressortit quelques secondes après.

- Bonjour... Fis-je

- Bonjour.

- Je t'ai apporté ton petit déjeuné.

- Je ne suis pas aveugle et je n'ai pas faim.

Je soupirai de lassitude...

- C'était bien la mer ?

- Super.

- T'aurais jamais dû prendre cette voiture.

- Ahhhhr on va encore en parler ???

- Change d'attitude avec moi.

- J'en ai marre maman.

- De quoi.

- De tout le monde ! Des trucs que tu me caches parce que tu ne veux rien me dire sur ce que je veux savoir, de papa qui n'arrête pas de me rappeler à l'ordre, De Callie qui... et des profs...j'en ai marre.

- Je te comprend...

- Tu ne comprends rien maman. Tu ne sais rien des peurs et angoisses qui me rongent toutes les nuits... des rêves récurrents... récemment j'ai joué du tambour comme jamais auparavant... je donne des réponses à laquelle je ne m'attendais pas... je ne me reconnais plus maman et je suis perdu.

Je respirai profondément, mon Aphatie avait amélioré... je pouvais m'exprimer avec beaucoup plus de mots qu'auparavant. Avec plusieurs thérapies, le yoga et surtout à l'amour et à la patience de Sebastian, mon homme.

- Moi aussi j'étais passé par là tu sais... j'avais à peu près ton âge ; le passage à l'âge adulte est glissant dans les virages et tu ne te comprends pas toi-même. Quand tu dis que t'as pas peur, c'est que t'as peur. Alors n'aies jamais peur de dire ce que tu ressens... nous on est là pour toi...

Il ébouriffa ses cheveux en bataille ...

- Bien sûr Bien sûr que j'ai peur maman...ce qui m'arrive ce n'est pas une crise d'adolescence. Mes analyses ont révélé que tout allait parfaitement bien. Moi je ne vais pas bien et ça, ça va au-delà de la psychologie. La seule personne qui pourrait m'aider c'est toi. Je vais mal à l'église ! Je ne supporte plus l'odeur de l'encens, je balbutie mes prières, je suis incapable de prier maman. Et mes rêves me hantent en plein jours maintenant...Pourquoi hein ? Et toujours ce dreadlocks... Qui est-ce maman

Je déglutis péniblement ma salive...

- Personne.

- Très bien. Je le découvrirai seul. Si tu n'es pas venu pour m'engueuler, tu pourrais stp me laisser seul...

Il tourna le dos en branchant ses écouteurs. Je me levai et lui fit un bisou sur le front...

- Prends mes conseilles Omri. Prends les...

Je refermai la porte doucement derrière moi et me rendis dans ma chambre. Ce serait encore plus grave s'il abandonne l'église et ses prières...je redoutais déjà cette terrible tempête qui s'ammoncelait déjà... Ma peur refit surface ! Une peur vêtue de madame courage...

Omri : Ma vie ( en arabe)

That Voodo You Do  -TOME II-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant