Chapitre 149 : 1979 : La visite de Maman

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Il referma la porte de la chambre derrière lui. Mona entrouvrit les yeux pour la première fois depuis que le réveil avait sonné. Elle regarda la porte, déçue de ne pas voir Brad durant les deux jours suivants. Le jeune homme habitait l'appartement du même palier que Mona. Il avait très gentiment proposé de l'aider le jour du déménagement, mais les visages des sorciers présents ce jour-là ne l'avaient pas encouragé à insister devant le refus de Mona. Il avait fallu de longues semaines et une panne de sucre pour que le jeune homme frappe pour la première fois à sa porte. Mona, qui n'avait absolument pas de sucre chez elle, s'était empressée d'en voler discrètement à la supérette en bas de chez elle. Un paquet de sucre avait ainsi atterri sur sa table de cuisine, et elle avait pu répondre à la demande de son charmant voisin.

Je précise que j'ai quelques recommandations de l'autrice, je n'aurais jamais dit que ce type était charmant !

Deux jours plus tard, il était revenu frapper à sa porte avec un autre paquet de sucre à lui donner. Puis, la semaine suivante, il lui manquait des œufs, puis de la farine...

En gros, il prépare un gâteau, mais à son rythme. Je savais qu'il était lent.

Mona avait trouvé ce jeune homme à son goût : grand, brun, taillé en V.

C'est d'un banal ! Le prototype du mec canon. Moi, au moins, je... je ressemble à quoi, d'ailleurs ?

Malgré son statut de moldu, Mona s'était laissée séduire. Ils s'étaient embrassés, bécotés, et après plusieurs semaines, ils avaient...

Non, je ne raconte pas ça. Rien à foutre, je narre pas comment Brad Keaton a volé la petite fleur de ma Mona.

Leur idylle durait depuis presque six mois maintenant, et Mona appréciait de plus en plus le garçon, même si elle sentait venir les ennuis d'une relation trop sérieuse avec un moldu. Comment annoncer aux Moon qu'elle sortait avec un homme qui ignorait tout du monde de la sorcellerie ?

C'est de ta faute ! Pourquoi fréquenter un moldu ? Ou un sorcier d'ailleurs, pourquoi fréquenter un homme ?

Une heure après le départ de Brad, Mona sortit de ses draps. Elle récupéra sa baguette magique, cachée dans la pile de vêtements de la veille, et reforma son lit.

Tu pourrais commencer par t'habiller, je vais finir par me coincer le cou à force de regarder en l'air.

Elle sortit dans le couloir et traversa le salon.

Non, elle n'est pas toute nue. Je ne vais pas non plus vous prévenir chaque fois que je fais un saut dans le temps.

Arrivée dans sa cuisine, elle ouvrit les placards en sachant pertinemment qu'ils étaient vides.

Et voilà, maintenant je l'imagine se promenant toute nue. C'est votre faute, ça !

Elle retourna dans son salon presque dépourvu de mobilier et ouvrit une petite commode qui lui servait de buffet. Elle y trouva une petite bourse et découvrit, sans surprise, qu'elle était vide. Après un instant de réflexion, elle s'approcha de la fenêtre de son salon, l'entrouvrit, et jeta un coup d'œil vers la supérette en bas de la rue. D'un geste rapide, elle attira à elle une bouteille de lait, du café et du pain.

Petite voleuse ! Ouais, t'es pauvre, et alors ? On va te couper la main.

Mona buvait son café brûlant à petites gorgées. Elle s'était mise à cette boisson en constatant que les moldus ne buvaient pas de jus de citrouille.

C'est parce qu'ils n'ont jamais goûté, les cons.

Soudain, la fenêtre entrouverte s'ouvrit brusquement. Mona sursauta à peine, habituée aux intrusions matinales de Dame de Fane. La chouette se cogna intentionnellement à la porte de la cuisine. Mona l'ouvrit d'un coup de baguette magique. L'oiseau vola dans la pièce et heurta une autre porte, que Mona ouvrit également. Elle prit soin de refermer derrière le volatile.

Qui veut que je lui explique ? C'est le matin, le soleil se lève, c'est la vie Ricoré ! Non, attendez, je voulais dire que la chouette va se coucher maintenant, puisqu'il fait jour. Et la pièce à côté de la cuisine, qui serait normalement un garde-manger, mais comme Mona n'a rien à manger, elle n'a rien à garder. Donc elle a transformé l'endroit en volière pour le pigeon. Quoique, son utilité peut encore être toujours un garde-manger. On le déplume et on se fait un rôti ?

Mona n'eut pas le temps de finir son café...

Il est bizarre, son café quand même.

...qu'on frappa de nouveau à sa porte. Ce n'était pas le fracas de Dame de Fane, mais un simple toc toc. Mona grogna légèrement : une seule personne pouvait venir si tôt. Elle se leva, ouvrit la porte, et découvrit, sans surprise, sa mère, Magda Moon.

– Tu en as mis, du temps !

– J'étais... aux toilettes, mentit Mona en s'écartant.

Magda entra et s'installa lourdement sur une des deux chaises de Mona.

– Pourquoi tu ne les dupliques pas ? demanda Magda en désignant les chaises.

– Parce qu'elles le sont déjà et couvertes d'une demi-douzaine de sorts pour ne pas tomber en miettes.

Magda écarta la remarque d'un geste de la main.

– Je t'apporte ta part des bénéfices des Moon.

La première fois que Magda lui avait annoncé ça, Mona s'était redressée, ravie à l'idée de toucher un peu d'argent. Cette époque était bien révolue. Magda posa quatre Gallions sur la table.

– C'est tout ? s'étonna quand même Mona.

– Le seul contrat que nous avions avec les Black a pris fin le mois dernier, grogna Magda. Tu n'avais qu'à épouser Sirius, nous ne serions pas dans cette situation. Tu ne serais pas dans cette situation.

Elle désigna l'appartement de Mona d'un geste large.

– Je suis dans cette situation parce que ma présence Rue Constantinople était devenue insupportable.

– Insupportable parce que tu n'as pas fait ce qu'on te demandait.

– C'est Sirius qui m'a jetée.

– Il fallait insister.

Mona abandonna l'échange, laissant la victoire à sa mère. Mais Magda ne célébra pas sa victoire, fermant simplement les yeux, se concentrant avec intensité.

Elle pond un œuf ?

– Je t'ai amené la gazette d'hier, dit-elle d'une voix plus douce. Nous en avons fini la lecture.

Elle sortit un exemplaire de la Gazette du Sorcier de son sac, que Mona remercia machinalement.

– J'ai appris tes efforts pour faire en sorte que cela fonctionne avec le fils Black, dit Magda. Nous l'avons bien senti quand Walburga nous a adressé des excuses en traitant son fils d'ignominie. Ces malheureux n'ont plus affaires nulle part, de toute façon. Une alliance entre toi et Sirius n'aurait peut-être rien changé. 

Mona acquiesça, se sentant à la fois triste en pensant aux Black et surprise par la réaction de sa mère.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant