Chapitre 64 : 1975 : Le canidé est une victime

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Terence prit le pichet de jus de citrouille avec lequel Mona tentait toujours de se cacher. En voyant le visage de son frère, elle se redressa vivement.

– Tu faisais quoi ? demanda-t-il en remplissant son verre.

– Oh, rien, répondit-elle.

– Si, tu faisais quelque chose, insista Terence. Dis-moi ce que c'était.

Il reposa le pichet sur la table, porta son verre à ses lèvres et commença à boire.

– Je regardais simplement une mouche se noyer dans le jus de citrouille.

Terence recracha violemment le jus, arrosant copieusement Regulus et Avery, assis en face de lui.

AHAHAH, excellent gamine !

– Je suis désolée, dit Mona, hilare, en direction de Avery et Regulus.

Autour de la table, plusieurs élèves tentèrent de dissimuler leur fou rire.

– Tu plaisantais ! hurla Terence.

– Évidemment, confirma Mona. Mais tu n'avais qu'à me parler correctement. Je ne pouvais pas prévoir que tu arroserais tes voisins de table.

– Espèce de... commença Terence avec fureur.

Il se retint d'insulter sa sœur mais débuta tout de même son sermon. Mona décrocha rapidement et tourna son attention vers Rogue. Il fronçait les sourcils tandis que Lily quittait la Grande Salle, suivie de près par James et sa bande. Soudain, Mona se souvint qu'elle voulait demander de l'aide à Lily pour le Patronus. Elle se leva brusquement.

– C'est très intéressant, dit-elle en coupant son frère. Mais je dois aller dresser des mouches !

Raaaaah, je déteins sur cette gamine. De l'humour marrant... (pléonasme, oui je sais, vos gueules). Elle le tient de moi. Au début, Mona était chiante, on se faisait chier dans son univers de Moon casse-couilles (oui, Moon et casse-couilles, je sais, j'ai encore fait un pléonasme). Et regarde-la maintenant ! Elle a une vie amoureuse animée, trop à mon goût, elle a plein de potes bizarres, trop à mon goût et elle est drôle... et en fin de compte, trop à mon goût, je dois rester la seule figure comique ici, ne l'oublions pas.

Mona s'éclipsa avant que quiconque ait eu le temps de réagir. Elle se précipita et fit volontairement du bruit, espérant ainsi que son amie l'entendrait, la reconnaîtrait et laisserait les Gryffondors rejoindre leur salle commune sans elle. Malheureusement, Lily ne se retourna pas, seul Sirius Black jeta un vague coup d'œil en arrière. James et Sirius suivaient toujours Lily et sa bande. Mona monta les escaliers du hall en cherchant par quel chemin elle pourrait passer pour arriver avant eux. Lorsqu'elle atteignit les dernières marches, elle vit une paire de jambes lui barrer la route. Elle redressa la tête, Sirius Black l'attendait tout en haut, les bras croisés.

Quelle entrée en scène.

– Il faut qu'on parle, dit-il calmement.

– De quoi tu veux parler ? demanda Mona.

– De ton... chantage, répondit Sirius, penaud.

– Je te fais chanter ?

Son attaque sarcastique ne sembla pas émouvoir Sirius, qui lui fit signe de le rejoindre. Elle finit de monter les marches et le suivit un peu à l'écart.

– Je veux que tu arrêtes de me menacer de dévoiler à James ce... enfin, Tu-Sais-Quoi.

Il se grattait la tête, visiblement très embêté. Mona se sentit soudain coupable.

Si le canidé joue les victimes, cet échange va être beaucoup moins drôle que les précédents.

– Tu me taquines, alors je me défends comme je peux, justifia-t-elle.

– Oui, mais à l'époque, je pensais bien faire, et tu le sais.

– C'est vrai, admit Mona, timidement.

– Et puis, tu sais très bien que si je te taquine, c'est parce que je sais que cela ne te vexera pas. Après tout, t'es pas vraiment très moche, ni très conne...

Mona leva un sourcil, étonnée. Sirius baissa la tête avec un léger sourire.

– Fais pas comme si tu l'apprenais, dit-il. T'es pas horrible comme fille. Surtout pour une Serpentarde.

Victime, puis ça ? Ça sent mauvais !

Il releva la tête et adressa un nouveau sourire à une Mona plus que surprise.

– Ben, si tu le dis, répondit-elle, étonnée.

Sirius regarda autour de lui, balançant ses bras, l'air gêné.

– Voilà, dit-il.

– Voilà, répéta Mona, incapable de dire autre chose.

Attends, hier il la sacque et là, il la drague ?

– Je... commença Sirius.

– Oui, répondit Mona.

Sirius se stoppa, la regarda droit dans les yeux et effaça lentement son sourire. Puis doucement, il...

NNNNNNNNnooooooooooooooonnnnnnnnnnnnnnnnNNNNNN ! Pas encore, je proteste !

Doucement, tout doucement, il s'approcha de Mona. Elle sentit son cœur battre la chamade tandis que le Gryffondor se rapprochait.

Parce qu'en plus, il prend son temps, le bougre ! Je ne souffre pas assez comme ça, peut-être ?

Il prit les coudes de Mona dans ses mains et s'arrêta enfin d'avancer alors que leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Mona releva la tête, espérant de tout son cœur qu'elle n'était pas trop rouge. Sirius baissa la tête lentement. Mona avança légèrement elle aussi, et ils...

Je ne le narrerai pas... m'en fous... non... je ne narrerai pas cette scène. On passe à la scène suivante, allez.
...
Non ? On peut pas avancer ?
Autrice, je te déteste.

...ils s'embrassèrent. Le baiser dura de longues secondes. Puis Sirius s'éloigna lentement, un sourire réapparaissant sur ses lèvres. Mais ce n'était pas le même sourire que les précédents. Mona s'en rendit compte et recula brusquement, enlevant les mains de Sirius.

– Cette fois, c'est toi qui m'as embrassé, dit-il, railleur. On est quitte !

Oh, putain, l'enfoiré ! Non mais quel fils de... ce salopard.

Une pensée assez proche de la mienne traversa l'esprit de Mona.

– T'avais vraiment besoin de faire ça ? grogna-t-elle. Tu ne pouvais pas simplement me demander d'arrêter ?

– Ça fait un an que ça dure. Tu te serais arrêtée un temps, puis tes mauvaises habitudes seraient revenues. À présent, nous sommes tous les deux en faute vis-à-vis de James.

– Espèce de... commença Mona.

Une série de hurlements suraigus leur parvint de la Grande Salle. Les deux élèves se stoppèrent et dévalèrent les escaliers à toute allure. Sirius sortit sa baguette magique, Mona hésita à l'imiter. Ils arrivèrent dans l'encadrement de la porte lorsque Mona fut heurtée de plein fouet par un truc plumeux. Elle vacilla en arrière et faillit tomber, mais Sirius la retint.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant