Chapitre 28 : 1972 : Le nouvel ami

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– Alors Mona, où es-tu ? dit-il après un moment.

Pas conneau le gamin.

– Je suis coincée en fait, dit-elle.

Et voilà, il y a trente secondes, t'étais un super-héros faisant fuir les Maraudeurs, et là, d'un coup, t'es juste une gamine bloquée derrière un passage secret.

– Tu es où ? demanda Rogue en se levant.
– Derrière le mur, à côté de la sorcière borgne.

Il s'approcha et vit la fente.

– Comment t'as fait pour te retrouver là ? demanda-t-il.
– J'en ai aucune idée, je ne voulais pas m'approcher de vous pour ne pas avoir à prendre parti. Et j'ai basculé ici.
– Il doit y avoir un levier ou quelque chose comme ça.

Mona éclaira la pièce où elle se trouvait et chercha des yeux quelque chose qui pourrait ressembler à un levier.

– Il n'y a rien, dit-elle.
– Il y a un livre par terre, il bloque la fermeture du passage, annonça Rogue. C'est pour ça que la porte n'a pas pu se refermer complètement. Peut-être que le passage s'ouvre avec une formule.
– Mais je fais comment pour sortir, moi ? demanda-t-elle, anxieuse.
– Si tu as pu entrer, tu pourras sortir, dit-il. C'était quoi le sortilège que t'as jeté à Potter ?
– Un sortilège d'engorgement.
– On pourrait le lancer sur le livre, le passage s'ouvrirait suffisamment pour que tu puisses te faufiler.
– On peut essayer.

Quelques secondes plus tard, Rogue aidait Mona à s'extirper du passage. Le livre, qui avait désormais dix fois sa taille normale, retomba de l'autre côté en refermant le passage.

– Merci, dit-elle.
– C'est moi qui te remercie, dit Rogue. À quatre contre un, je n'avais pas beaucoup d'espoir.
– En réalité, je ne pense pas que Lupin avait l'intention de t'attaquer, et Peter en serait bien incapable.
– Peut-être.
– Comment as-tu su que c'était moi ? demanda Mona.
– Il n'y avait qu'un Serpentard pour attaquer des Gryffondor. T'es douée en sortilèges et surtout, je t'attendais depuis quelques minutes déjà.

J'aurais ajouté qu'il ne faut pas être très malin pour te sauver la mise.

Mona sourit et contempla ses chaussures.

– Quel idiot, ce Peter. Pourquoi traîne-t-il avec ces garçons qui attaquent pour rien ? s'indigna-t-elle au bout d'un moment.

Rogue hésita à parler, Mona le remarqua et lui demanda pourquoi James avait sorti sa baguette.

– Tu te rappelles ce que Mulciber disait à propos de Lupin ? Qu'il cachait quelque chose. Eh bien, j'ai voulu savoir quoi. Mais je me suis fait repérer.

Mona attendit quelques secondes avant de reprendre la parole.

– On devrait peut-être filer d'ici, dit-elle. Au cas où ils enverraient un professeur.
– Je connais une autre salle désaffectée, annonça Rogue. Pas très loin de l'infirmerie.

Ils se mirent en route et croisèrent le professeur Dumbledore dans l'escalier. Ils le saluèrent poliment, tandis que Dumbledore les regardait d'un œil curieux.

– Tu crois qu'il est venu voir ce qui se passait ? demanda Mona.
– Non, Dumbledore ne se déplace pas pour régler une querelle entre écoliers de deuxième année.
– Il est bizarre.
– Qui ça ? Dumbledore ?
– Oui.
– C'est un Legilimens, dit Rogue. S'il croise ton regard, il peut voir tes pensées en quelque sorte.
– Mais alors, dit Mona, paniquée. Il sait ce que j'ai fait, je viens de croiser son regard !
– Ça m'étonnerait qu'il ait déployé ses dons pour l'un de nous, dit Rogue. Tu as beau être une Moon et tout ça, à mon avis, Dumbledore réserve l'usage de ses pouvoirs pour vaincre le Seigneur des Ténèbres et ses partisans.
– Tu as raison, dit Mona. Personne de ma famille n'est lié à Tu-Sais-Qui, alors il y a peu de chance qu'il s'intéresse à moi.
– T'es sûre ? dit Rogue. Vu le rang de ta famille, à mon avis, ils ont dû être sollicités.

Ben comme le père de Mona, par exemple.

– Il y a bien des petites choses que j'entends lors des repas de famille, dit vaguement Mona.

Rogue la regarda mais ne posa plus de questions sur le sujet.

– Je peux te poser une question ? demanda-t-il.

Mona se sentit glacée ; il y avait plusieurs choses qu'elle devait garder sous silence.

– Dis toujours.
– Pourquoi Sirius Black t'a-t-il traitée de meurtrière ?
– Ah ! s'écria Mona, soulagée. C'est rien, une bêtise.
– Dis toujours, imita Rogue.

Mona lui jeta un coup d'œil et se lança.

– Tu jures de ne le répéter à personne ?
– Promis, dit-il.
– Au début de l'année dernière, je suis allée lui parler. Je devais m'en faire un ami parce que c'est un Black. Mais en fait, lui, il n'en avait pas du tout envie. On s'est disputés et il a sorti sa baguette.
– Tu l'as attaqué ? dit Rogue, impressionné.
– Non. C'est ma chouette, Dame de Fane, qui lui a fondu dessus.

Rogue éclata de rire.
Flippant.

– Il s'est fait avoir par une chouette, dit-il hilare.

Et il rit toujours ? Mais d'où vient ce miracle ?

– Tu ne diras rien à personne ? dit Mona. J'arrête pas de répéter à tout le monde que Dame de Fane fait juste semblant d'être méchante.

Le rire de Rogue redoubla.
Là, je commence vraiment à avoir très peur. Que Rogue rit, ce n'est vraiment pas dans l'ordre des choses. Dans trente secondes, il va pleuvoir des sauterelles. Ou pousser des arbres dans les couloirs de Poudlard.

– Je ne dirai rien à personne, assura-t-il. Tu ne dis pas que je me suis fait attaquer par Potter, et je ne dis rien pour la chouette, pour la statue, pour l'attaque, pour les cours de soutien... en fait, ta vie est pleine de secrets.
– Et si tu pouvais aussi garder secret qu'on est devenus amis, ça serait bien, dit Mona.

Wo wo oh ! Vous n'êtes pas amis, d'accord ! Non, vous n'êtes pas amis. Pas question que ma petite Mona devienne amie avec ce truc-là !

– D'accord, à condition que la prochaine fois que ta chouette attaque Black, tu me préviennes pour que je puisse assister au spectacle.
– D'accord.
– Alors, on garde nos secrets ? dit Rogue.

Pitié ! C'est la fin de la semaine, on ne se reverra pas avant l'année prochaine. Alors, s'il vous plaît, dites-moi que vous n'êtes pas amis ! Pitié.

– On garde nos secrets.

Fin d'une semaine en 1972.
À suivre, une semaine en 1973.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant