Chapitre 44 : 1974 : L'amoureux inexistant

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Mona prit le chemin de la salle commune, espérant y arriver avant Terence. Elle descendit les dernières marches menant aux cachots et se figea en voyant son frère quelques mètres devant elle. Elle recula vivement et se cacha dans l'encadrement d'une porte. Après un instant, elle vérifia que Terence ne la regardait pas et reprit les escaliers en sens inverse. Arrivée en haut des marches qu'elle avait montées à vive allure, elle s'arrêta et souffla bruyamment.

– Ça va ? demanda une voix inquiète.

Mona se redressa et vit Gaïden Wilkes.
Visiblement, le destin avait décidé que tu ferais une mauvaise rencontre, ma pauvre Mona. Le destin ou... l'auteur... Je suis sûr que c'est elle.

– Oui, répondit Mona. Je viens de me rendre compte que je dois rendre un livre à la bibliothèque. Je veux y aller avant qu'elle ne ferme.

Toujours aussi performante dans le mensonge.

– La bibliothèque ne ferme que dans deux heures, fit remarquer Gaïden.

Ok, je retire ce que j'ai dit sur ta performance. Tu restes une quiche en mensonge.

– Oui, mais je dois faire des recherches qui me prendront sûrement deux heures.

Alors ça, c'était vraiment un mensonge pourri.

– Tu veux que je t'aide ? proposa Gaïden. 

– Non, ça ira, je vais me débrouiller. 

– Tu es sûre ? insista Gaïden. Je pourrais tenir tes livres pendant que tu cherches les ouvrages dont tu as besoin entre les rayons. 

– Non vraiment, Gaïden. Tu es très gentil, mais je vais très bien me débrouiller toute seule.

Voilà, très bien, donc dégage, futur Mangemort !
Mais Gaïden ne semblait pas avoir envie de partir. Il regarda Mona, l'air ennuyé.

– J'ai fait quelque chose de mal ? demanda-t-il. 

– Non, pourquoi ? 

– Tu me repousses, dit-il. Tu te doutes sûrement que je suis amoureux de toi, et tu me repousses.

Oh punaise, il l'a dit ! Mais quel abruti fini celui-là !

– Ben... heu... tenta Mona en rougissant. Tu... tu vois... c'est... heu... 

– Vraiment, je ne comprends pas ce que j'ai fait, avoua Gaïden. Je ne te plais pas ?

Non, mais alors vraiment pas. Tu ne lui plais vraiment, mais alors vraiment pas.

– Ce n'est pas la question, dit Mona, embarrassée. 

– Alors quoi ?

– Je... je suis amoureuse d'un autre garçon.

Ah bon, et depuis quand ?

– Qui ? demanda Gaïden, agressif.

Bertram, je suppose, le pote de Terence.

– Cette personne ne le sait pas encore, dit Mona. Je préférais la mettre au courant avant toi. 

– Très bien, dit Gaïden. Mais si ce... cette personne ne veut pas de toi, tu pourras revenir vers moi, mais je n'attendrai plus très longtemps. Alors parle-lui ! 

– D'accord, répondit Mona, légèrement effrayée par le ton qu'il employait.

Il te fait peur ? Cet abruti te fait peur ? Bouge pas, je vais lui péter la gueule ! ... ah non, c'est vrai, je suis fictif. Je suis un narrateur fictif du nom d'Anatole Nomyme, âgé de... Purée, j'ai pas d'âge ! D'accord, alors les gens, je vais commencer une grève et... entre 15 et 25 ans. Ok, j'ai entre 15 et 25 ans, j'aurais aimé plus de précision. Fausse alerte, pas de grève ! Au moins j'ai droit à la carte Jeune de la SNCF.

– Je vais à la bibliothèque, annonça Mona, espérant qu'il la laisserait fuir. 

– À plus tard, répondit Gaïden d'une voix morne.

Mona s'éloigna avec une petite boule à l'estomac. Qu'allait-elle répondre à Gaïden lorsqu'il lui demanderait des nouvelles de son faux-amoureux ? Parce qu'en retournant le problème dans tous les sens, elle se rendait bien compte qu'elle avait menti. Certes, elle avait un béguin pour Bertram, mais ce n'était qu'un béguin, elle en avait pour une dizaine d'autres garçons à Poudlard.
Une dizaine d'autres ? Des noms ! Je veux des noms !

Mona monta à la bibliothèque, bien qu'elle n'ait rien à y faire. Elle ouvrit la porte de la pièce occupée par une petite douzaine de personnes. Elle se dirigea instinctivement vers le rayon consacré aux sortilèges. Entre deux livres, elle aperçut trois élèves de Gryffondor installés à une même table. Peter se tenait entre Sirius Black et James Potter, tous trois feuilletaient presque aveuglément les piles d'ouvrages empilés devant eux. Mona remarqua avec surprise que Remus Lupin, pourtant de retour à l'école depuis la veille, n'était pas dans la bibliothèque. Mona se pencha un peu et reconnut des ouvrages médicaux sur la table des Gryffondor. Elle fronça les sourcils, mais ne se posa pas plus de questions. Elle prit un livre devant elle et le feuilleta ; après avoir parcouru plusieurs pages, elle s'arrêta sur un sortilège de découpe.

– Hé, la cousine, dit James derrière elle, on n'arrête pas de se voir. Tu me poursuis, avoue ! 

– Oui, dit Mona en se tournant vers lui avec un sourire. Je te suis à la trace. 

– Je le savais, dit-il. Tu ne peux pas résister à mon charme.

Une lumière s'alluma dans l'esprit de Mona.
Si seulement ça arrivait plus souvent.

– Alors, qu'est-ce que tu fais ici ? demanda James. On n'a pas de devoirs très difficiles qui méritent une visite à la bibliothèque ces temps-ci. 

– Je fuis Gaïden Wilkes, avoua-t-elle. Il est un peu collant. 

– Tu lui as brisé le cœur ? demanda James. Le pauvre... Non, en fait, c'est bien fait, c'est un crétin.

Même James Potter est d'accord avec moi !

– Il est gentil, dit Mona. Mais il... il... voilà. 

– Décidément, c'est le jour où les demoiselles nous brisent le cœur, dit James. 

– Quelqu'un t'a brisé le cœur ? demanda-t-elle, curieuse. 

– Lily, répondit-il naturellement. Elle m'a repoussé méchamment alors que je voulais juste l'aider. 

– Elle changera peut-être d'avis, dit Mona, qui doutait fortement que cela arrive. 

– J'aimerais vraiment paraître plus intéressant à ses yeux, confia James. Mais je pense que le fait d'être souvent près d'elle, disponible... Je pense que mon accessibilité me rend inintéressant. 

– Je comprends, dit-elle. Et moi, c'est le contraire, mon accessibilité me rend trop intéressante aux yeux de Gaïden. 

– Il doit pourtant bien y avoir des solutions à nos problèmes.

Heu... vous êtes crétins ou quoi ? Même moi j'ai trouvé la solution à vos deux problèmes. Quoique... heureusement que vous êtes crétins, parce qu'il n'est pas question que vous... que vous... j'ose même pas le narrer.

– Bon, je retourne à mon labeur, déclara James. À plus tard, la cousine. 

– À plus tard, James.

Il retourna vers Sirius et Peter, qui n'avaient visiblement pas remarqué son absence prolongée. Mona finit de lire le paragraphe sur le sortilège de découpe, puis elle sortit de la bibliothèque et prit la direction de la salle commune.


Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant