Chapitre 47 : 1974 : Le premier baiser de Mona

83 3 0
                                    



Brusquement, une soixantaine d'oiseaux firent irruption dans la grande salle par les hautes fenêtres. D'autres les suivaient encore, et parmi eux, Mona aperçut le vol nerveux de Dame de Fane.

– J'ai du courrier, annonça Mona d'une voix normale.

Aussitôt, les élèves autour d'elle s'écartèrent brusquement. Seul Terence ne bougea pas, mais il sortit sa baguette magique. La chouette se posa devant l'assiette de Mona et commença immédiatement à menacer Regulus Black en écartant ses ailes vers lui.

– Arrête ça, ordonna Mona d'un ton plat.

T'as pensé à faire preuve d'un peu plus d'autorité ? Juste pour voir si ta chouette pourrait être un peu moins flippante pour les gens...

Mona décrocha le parchemin attaché à la patte de Dame de Fane. La missive venait de Magda et était relativement courte.

– C'est notre mère, dit Mona en direction de Terence.

Elle lut la lettre, et ses sourcils se froncèrent à mesure qu'elle avançait dans sa lecture. Pendant ce temps, la chouette s'était tournée vers Terence, qui ne bougeait toujours pas malgré les menaces du volatile. Terence gardait sa baguette serrée entre ses doigts. La chouette poussa trois petits cris menaçants, et Terence lui répondit en imitant les trois cris.

Pfffpfpffpf.

L'oiseau ne sembla pas impressionné et reprit sa technique d'intimidation. Terence continua à l'imiter, poussant un peu plus loin ses bruits de chouette.

Pfpfpfpfpfpf... ahh ah ah...

Désolé, j'ai tenu aussi longtemps que j'ai pu, mais ce con est tellement crétin avec son air abruti de stupidité que je me perds en pléonasme !

Mona releva la tête de sa lettre et vit le manège de Terence. Aussitôt, ses sourcils froncés s'écarquillèrent. Terence le vit et cessa immédiatement ses petits cris.

– De quoi parle mère ? demanda Terence, ignorant la chouette.

– Un simple rappel de notre liste, répondit Mona en retenant un sourire.

– Une liste ? demanda Grace.

– De Noël, mentit Mona. Notre liste de Noël. Personnellement, je choisirais bien un séjour shopping à Paris.

Elle jeta un coup d'œil à Terence, qui ferma les yeux pour approuver. Le fameux séjour ne pourrait jamais avoir lieu, mais Mona pourrait toujours montrer des robes ressemblant à celles des publicités parisiennes.

– Je ne sais toujours pas quoi demander, dit Terence négligemment.

– Demande des tenues, suggéra Mona.

– J'en demanderai sûrement une ou deuxpour pouvoir voir la capitale française une nouvelle fois.

Genre... pour info, il n'est jamais sorti d'Angleterre le gamin.

– Je pense demander un Strutoscope, déclara Regulus. Mais j'ai peur qu'il se déclenche à chaque fois que mon frère passera près de ma chambre.

Un léger silence tomba sur les élèves. Ils ne parlaient jamais du frère de Regulus, qui appartenait à la maison opposée aux Serpentards.

Bon sang, qu'on se fait chier, on sait tous que Sirius et Regulus sont frères ! Allez, avance rapide ! >>>>>>>>>>>>>>

– Je suis sûr que tu me suis, dit James. Ça fait trois fois en trois jours qu'on se croise. Allez, avoue, la Cousine, tu es amoureuse de moi.

– Follement, répondit Mona en plaisantant.

Je trouve aussi que vous vous croisez souvent ces derniers temps ; y'aurait-il de l'embrouille là-dessous ?

Les deux élèves se faisaient face, après s'être rencontrés dans un couloir alors que Mona sortait de la bibliothèque pour retrouver Rogue pour l'une de leurs séances interdites.

– Ça s'améliore, ton problème avec Gaïden Wilkes ? demanda James.

– Non, je ne l'ai pas revu, et ça m'arrange. Et toi, Lily t'a encore envoyé bouler ?

– Pire, elle m'a ignoré. Alors j'ai fait pareil.

– Tu penses qu'elle a bien compris tes intentions ? demanda Mona.

– Non, avoua James. Je lui dis simplement que j'aimerais qu'on soit amis.

Ceci explique donc cela.

– De toute façon, si elle repousse ton amitié, il y a de bonnes chances qu'elle repousse... autre chose.

– Oui, confirma James.

Ils se regardèrent en silence pendant un moment.

– Tu sais quoi, dit James, je crois bien que je devrais oublier cette fille et penser plutôt à celles qui acceptent mon amitié pour passer à... autre chose.

– Ah ? dit Mona, plutôt contente pour Lily, qui semblait trouver James encombrant.

– Après tout, reprit-il, j'en connais une très bien, une amie gentille, avec qui je rigole bien, je connais une partie de sa famille... Elle est plutôt jolie et juste en face de moi.

La bouche de Mona s'ouvrit sous le choc ; elle resta plantée là pendant une seconde.

Eh oui, il faut le temps que l'information monte au cerveau. Et le temps qu'elle se rende compte que James veut juste l'utiliser, parce que là, c'est plus que flagrant !

C'est alors que Mona se souvint de Gaïden, Gaïden qui lui avait dit de lui montrer son « amoureux », sinon il deviendrait encore plus insistant. James pourrait être cet « amoureux imaginaire », ce qui lui permettrait enfin d'avoir la paix avec Gaïden. Et puis, James était loin d'être repoussant...

Oh oh oh !... Non, je ne suis pas le Père Noël ! C'est un « oh oh oh » de « calme-toi ma fille ». Non mais Mona, il va t'utiliser, réfléchis ! Et tu le sais en plus, je le lis dans ton esprit, alors quoi ? Tu veux l'utiliser pendant qu'il t'utilisera ! Non mais ça va pas la tête ! Va t'en tout de suite, tu trouveras une autre solution pour éjecter Wilkes.

– Mona ?

– Pardon ?... dit Mona, perdue. Je veux dire, oui... je suis en face de toi... et je suis jolie, t'as raison de le souligner.

James éclata de rire, tandis que Mona se rappelait son reflet dans le miroir, qu'elle trouvait vraiment terne. James cessa bientôt de rire et se tourna vers elle avec un large sourire. Mona, à son tour, se mit à sourire. Le sourire de James s'effaça lentement, ses yeux se fixant sur les lèvres de Mona.

Oh non ! Oh non !

Puis, soudain, son visage se rapprocha de celui de Mona, et il lui déposa un court baiser sur les lèvres.

NNNoooooonNNNNN !! C'était son premier baiser ! Ça ne peut pas être pour une relation comme ça !

– Ça te dirait une balade dans le parc demain ? demanda James.

– Demain... samedi... ok.

James sourit encore plus largement.

– On dit demain, 14 heures, devant la grande porte ? suggéra James.

– J'y serai.

À nouveau, il avança son visage et embrassa Mona sur la bouche. Le baiser ne dura qu'une seconde. Puis il s'éloigna.

C'était son deuxième baiser... et... et... je veux mourir !... et je ne peux même pas, je suis fictif ! NNNNNooooonnnnn !

Avec peine, Mona se reprit et se tourna pour reprendre sa route initiale. Elle regagna la salle désaffectée où elle et Rogue avaient pris l'habitude de tenter leurs expériences interdites.

– Ce n'est pas trop tôt ! dit Rogue en la voyant entrer.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant