Chapitre 4 : 1970 : Le jeu des Dames

113 3 0
                                    

Jour 4

Mona regardait sa chambre avec désespoir. Comment pouvait-on s'ennuyer à ce point ? Elle se promena un peu et vit sa voisine Kathy qui s'amusait avec un jeu de cartes. Mona songea à la rejoindre.

D'accord, alors là, Mona, tu vas être sage et rester gentiment dans ta chambre.

Mais Mona n'avait pas envie d'être sage. Elle sortit discrètement de sa chambre, descendit silencieusement les escaliers, vérifia que le chemin était libre, puis traversa le hall, ouvrit la porte d'entrée et la referma derrière elle.

Prions pour que tes parents ne remarquent rien.

Elle rejoignit la fillette moldue.

— Salut, dit Mona.

— Salut, tu vas bien ?

— Oui.

— Tu veux jouer à la bataille ?

— C'est comme la marelle ?

— Non, c'est un jeu de cartes. Tu ne connais pas ?

— Non.

— Les règles sont simples...

Et elles sont tellement simples qu'on ne va pas les retranscrire.

Avance rapide. >>>>>>>

— Des fleurs partout, dit Edgar.

Oups, trop loin, marche arrière. <<<<

— C'est très simple, concéda Mona. On commence ?

— D'accord.

Kathy distribua les cartes et elles commencèrent à jouer.

— Un cinq, dit Kathy en posant une carte.

— Et moi, un six. J'ai gagné, conclut Mona, ravie.

Elle récupéra les deux cartes.

— Un valet, dit Kathy.

— Un roi ! répondit Mona, victorieuse.

Elle ramassa de nouveau les cartes.

— Un...

Bon, c'est chiant. Avance rapide.. >>>

— J'ai gagné ! dit Mona, radieuse.

— Oui, tu m'as carrément écrasée, dit Kathy, hilare.

— On recommence ? suggéra Mona.

— Oui.

Mona distribua les cartes et perdit cette seconde partie.

— On ne peut pas gagner à chaque fois, conclut-elle, bonne joueuse.

— C'est sûr. Il faut que je rentre, annonça Kathy. On se revoit demain ?

— Oui.

— À demain, Mona.

— À demain, Kathy.

Mona rentra chez elle et fila dans sa chambre. Personne n'avait remarqué son absence.

— Les jeux des moldus sont vraiment très simples, dit-elle dans sa chambre.

Je me disais aussi que ça faisait bien trois jours qu'elle n'avait pas tenté de discuter avec sa chambre.

— C'en est ridicule, ajouta-t-elle, méprisante.

Hein ? Allez, avoue que tu t'es bien amusée ! Une demi-heure plus tard, on appela Mona pour le dîner.

Avançons rapidement, je m'arrête quand c'est intéressant. >>>>

— Des fleurs partout, dit Edgar.

Tiens, c'est pas là qu'on était tout à l'heure ?

— Sur tous leurs vêtements, les moldus n'ont aucun goût, dit Edgar. Et maintenant presque toutes les femmes portent des pantalons.

— Scandaleux ! s'indigna Magda. Non mais vraiment !

— Pourquoi mettent-ils des fleurs sur tous leurs vêtements ? demanda Hugh.

Parce qu'on est en 70, en pleine période hippie and disco du Dance floor.

— Scandaleux, insista Edgar sans écouter son fils.

Le vieux Ed ne changera jamais. Allez, à demain les gens !

Jour 5

Mona referma silencieusement la porte d'entrée et courut rejoindre Kathy qui l'attendait sur le perron voisin.

— Salut.

— Salut.

— J'ai un jeu de Dames, montra Kathy.

— Ça je connais ! dit Mona, radieuse.

Tu connais mais tu es une vraie quiche ; rentre plutôt chez toi, tu vas regretter de ne pas être restée dans ta chambre. Elles installèrent le jeu.

— Tu as deux frères, c'est ça ? demanda Kathy pendant le jeu.

— Oui, Terence et Hugh, ils sont plus jeunes, répondit Mona. Et toi, tu as des frères et sœurs ?

— Non, je suis fille unique, je m'ennuie souvent.

Mona n'est pas fille unique, mais cela ne l'empêche pas de s'ennuyer comme un rat mort.

— Que font tes parents ? demanda Kathy.

— Ma mère reste à la maison et mon père s'occupe des finances de la famille.

Pour la petite Kathy, ça ne veut pas dire grand-chose. La réalité, c'est que les Moon étaient à une lointaine époque une riche famille qui faisait beaucoup de business un peu partout. Mais depuis quelques années, personne ne comprend ce qui se passe, le business ne marche plus, et les Moon sont de plus en plus ruinés. Ce qui est gênant, c'est qu'ils ne veulent surtout pas que cela se sache, mais essayez de garder un grand train de vie sans un Gallion en poche. Bref, les Moon continuent d'exhiber leur sang-pur, leur noblesse, et pour les tunes, eh bien, ils font genre.

— Ah ? dit Kathy, incompréhensive.

— Et les tiens ?

— Ma mère vend des livres et mon père commande de l'électroménager.

Là, c'est Mona qui ne comprend rien.

— C'est à toi de jouer, dit Kathy.

Elles jouèrent pendant deux heures, puis se quittèrent en se promettant de se revoir le lendemain. Mona, dans sa chambre.

— Père et Mère se trompent peut-être sur les moldus. Les moldus n'ont pas l'air si idiots que ça, dit-elle.

Eh, on va peut-être pouvoir faire quelque chose de toi si tu t'en rends compte.

— À table.

Mona descendit.

— Ça y est, la date du mariage de Molly est fixée, annonça Magda.

— C'est dommage qu'elle se marie avec ce Weasley, dit Edgar. Le Malefoy qu'on lui avait trouvé était très bien. Un peu jeune, mais il fallait juste attendre un peu.

— On va aller à son mariage ? demanda Terence.

Edgar l'ignora royalement. Pourquoi insistez-vous ? Mona, elle, a tout compris et ça fait longtemps qu'elle ne cherche plus à parler avec son père.

— Évidemment, répondit Magda à la place de son époux.

Bon, c'est tout pour aujourd'hui.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant