Un jour, Mona Moon sera une rebelle

Chapitre 61 : 1975 : WOKETY POKETY

Mona se replongea dans le souvenir de son premier baiser avec James et leva sa baguette. Son résultat fut bien en deçà de celui de James. Elle tenta de se rappeler les chaussures que Molly lui avait offertes, sans succès. Elle se remémora ses moments de rigolade avec Grace, sa joie lorsqu'elle réussissait un sortilège qu'elle et Rogue avaient inventé, et ses longues discussions avec Kathy les soirs d'été.

– Vous savez quoi ? intervint James. Je vais aller embrasser Lily et revenir avec un souvenir super puissant.

– Je ne pense pas que ce souvenir sera très heureux si tu l'embrasses maintenant, dit Mona.

– Pourquoi ?

– Parce qu'en deux jours, tu as fait perdre 120 points à la maison des Gryffondors.

– Elle m'en tiendrait rigueur ?

– Ce n'est pas pour ça qu'elle s'égosillait sur toi ce matin ?

– Ah oui, peut-être bien, réalisa James.

– Pense à ton tout premier baiser, suggéra Sirius, resté légèrement en retrait.

Le jeune homme essayait lui aussi de jeter le sortilège, mais ses résultats étaient encore moins brillants que ceux de James et Mona.

– Mon premier... répéta James. Avec Mona ?

Il se tourna vers la jeune fille, fronça les sourcils et leva sa baguette, mais ne produisit qu'un mince filet de vapeur.

– Je suis vexée, dit-elle après un instant.

– C'est vrai ? s'inquiéta James.

– Non, j'ai obtenu encore moins de résultats en utilisant le même souvenir.

– En même temps, il est possible que tu n'éprouves plus la moindre émotion avec ce souvenir... Cherche dans une autre catégorie, suggéra Sirius en se rapprochant.

– Ou avec un autre garçon ? proposa James en jetant un regard de reproche à son ami.

– Eh bien, il y en a bien un autre qui m'a embrassée, répondit Mona d'un air faussement pensif. Mais il avait une odeur de chacal, des yeux terrifiants, et c'était un idiot qui croyait à n'importe quoi.

Sirius abaissa brusquement sa baguette, lançant un regard noir à Mona.

Comment sais-tu qu'elle parle de toi ?

– Pourquoi l'as-tu laissé t'embrasser alors ? demanda James.

– Ça n'a duré qu'une seconde, le temps que je le repousse.

– Serait-ce Wilkes ? interrogea James, curieux.

– Non... je n'aurais pas été aussi dégoûtée.

Sirius grogna bruyamment.

– Ça va ? lui demanda James.

– Oui, mal à la gorge, répondit-il.

– C'est peut-être un effet secondaire de... tu-sais-quoi.

Mona releva la tête, soudain très intéressée.

Vous n'êtes pas malins, les gars. Les « tu-sais-quoi » attisent toujours la curiosité de ceux qui vous écoutent.

– Je n'aboie pas encore, dit Sirius.

– Ah bon ? dit Mona. Je croyais.

Excellent, gamine !

– Eh ! râla Sirius.

– Quoi ? demanda-t-elle avec un sourire éclatant.

Il détourna la tête sans répondre, profondément agacé.

Mais t'es une vraie méchante, comment, tu le fais chanter... c'est bien, gamine.

James regarda tour à tour ses deux amis, fronçant les sourcils.

Non, non, mais c'est normal, il y a bien un truc qui t'échappe.

Une heure plus tard, personne n'avait réussi à produire un Patronus. Le professeur Sheldon affichait une mine affreusement déçue.

– Quelle bande de cornichons vous faites, dit-il. J'espère que lors du prochain cours, plus de la moitié d'entre vous réussira à faire apparaître un Patronus corporel, et pas cette brume invisible.

Les élèves rangèrent leurs affaires sans l'écouter. Ils étaient habitués à ne jamais accomplir les prouesses réclamées par leur enseignant.

– Je veux deux préfets pour ranger ce désordre. Je vais dans mon bureau.

Il ouvrit une porte et disparut en la claquant brutalement. Les deux préfets de Serdaigle, qui étaient près de la sortie, se dépêchèrent de ranger leurs affaires et furent les premiers dehors. Mulciber, également préfet, fut le troisième. Mona se tourna vers James et sa petite bande. Elle vit James et Sirius agripper Remus Lupin et sortir rapidement de la salle. Mona attrapa son sac et se précipita vers la sortie, apercevant du coin de l'œil Lily franchir la porte.

Une seconde... Mona, serais-tu préfète ? Mais c'est merveilleux, pour une fois que je n'ai pas honte de toi.

Elle était à deux pas de la porte lorsque Suzie Green apparut devant elle, se rattrapant à la poignée pour ne pas tomber.

– Bon courage ! lança-t-elle à un élève derrière Mona.

Suzie disparut de l'encadrement. Il fallait deux préfets, et six sur les huit étaient déjà sortis. Mona se retourna et découvrit sans surprise le second préfet de Poufsouffle, Clive Hunting. Le jeune homme tenait maladroitement son sac, ses affaires étant emballées n'importe comment. Visiblement, lui aussi avait tenté une sortie précipitée.

– Bon, dit Mona. On n'a plus qu'à s'y mettre.

– On devrait s'y habituer, confia Clive. Le professeur Sheldon tient toujours à ce que deux préfets nettoient sa salle de classe après un cours pratique.

Ce qui explique pourquoi les préfets de Serdaigle et Mulciber étaient si près de la porte.

– En même temps, il ne donne pas souvent de cours pratiques, dit Mona.

Clive approuva d'un sourire. Mona posa son sac près de l'entrée, le Poufsouffle l'imita. Tous deux regardèrent les retardataires quitter la salle de classe. Lorsque le dernier groupe de Poufsouffle fut passé, suivi de très près par Grace, Mona et Clive sortirent leurs baguettes et se placèrent sur l'estrade. Quelques secondes plus tard, les chaises et les tables commencèrent à tourner et se déplacer dans la salle. Les papiers froissés au sol s'envolèrent pour se jeter dans la poubelle, les griffonnages sur les tables disparurent.

Mais c'est Merlin l'Enchanteur !

HIGITUS FIGITUS ZOMBRA KAMPO...

On vous demande toute votre attention ! Nous faisons les bagages et nous partons !

WOKETY POKETY WOKETY WOK...

ABRACADABRACABRANACK...

Et voilà, ainsi plus petits, vous tiendrez tous dans mon sac.

On entendrait presque la musique !

HIGITUS FIGITUS MIGITUS WOUM...

PRESTIDIGITORIUM...

Quoi, tais-toi ? J'allais vous faire tout le Disney, moi... pff, même pas drôle.

Mona remarqua avec satisfaction que ses sortilèges devenaient de plus en plus brillants. Elle était bien plus douée que Clive, et de loin. Pourtant, le Poufsouffle était l'un des élèves les plus brillants de l'école.

Tu as la classe, Mona.