Chapitre 82 : 1976 : Grace rencontre Dirk

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Les deux filles se dirigèrent vers Dirk. Mona dégaina aussitôt son sourire de circonstance et aborda le Serdaigle. Grace s'arrêta à côté d'elle, essayant d'adopter la même attitude. La blonde était moins habituée à ces mondanités.

— Alors Dirk, prêt à soutenir ton équipe ? demanda Mona.

— J'ai répété tous les chants de victoire, répondit-il en regardant tour à tour les deux filles.

— Ça ne te servira pas à grand-chose, plaisanta Mona.

Il inspira profondément et afficha une expression faussement suffisante, qu'il effaça rapidement pour provoquer l'amusement des deux filles.

— Et toi Grace ? demanda-t-il en se tournant vers elle. Tu vas jouer les supportrices ?

— Mona s'en charge pour nous deux, répondit la blonde.

— C'est vrai qu'elle peut faire peur.

— Et encore, moi je suis à ses côtés, répliqua Grace. Je subis son attitude de plein fouet.

— Je suis juste là, rappela Mona avec une fausse colère.

— Je ne m'en étais pas rendu compte, plaisanta Grace. J'oublie ta présence quand tu ne hurles pas "Allez les Serpentard !"

Dirk éclata de rire malgré la piètre imitation de la jeune fille. Mona plissa les yeux, feignant d'être furieuse.

— Tu ne dois pas me discréditer devant les supporters adverses, murmura Mona, assez fort pour que Dirk l'entende.

— Tu t'en charges très bien toute seule, rétorqua son amie.

Ahah ! Non, je n'ai pas ri à une blague de Grace... qui m'a balancé ? 'foiré.

Dirk éclata à nouveau de rire.

— Bon, si c'est pour se moquer de moi, ce n'est pas la peine, dit Mona, faussement offusquée. J'en connais d'autres qui s'en chargent très bien.

Je croyais que tu ne pouvais pas m'entendre.

Elle salua Dirk d'un petit signe de la main et continua d'avancer, suivie de Grace.

— Il est sympa, hein ? demanda Mona un instant plus tard.

Grace n'écoutait pas, elle regardait derrière elle.

— Pardon ? demanda-t-elle.

— Dirk, il est sympa ?

— Oui, très, répondit Grace.

Mona fouilla dans son sac, remarquant à peine que le regard de son amie se perdait à nouveau au loin.

Mais relève la tête, bon sang de Sang-pur. Je ne peux pas voir ce qui se passe si tout ce que tu m'offres, c'est une trousse à plumes, un gros bouquin et ce truc qui ressemble à une serviette hygiénique version sorcière.

— Il paraît plus vieux qu'un élève de quatrième année, non ? demanda Grace.

Une seconde. Mona, pourquoi as-tu un truc qui ressemble à une serviette hygiénique version sorcière ?

— Peut-être, répondit Mona, la tête toujours dans son sac de cours.

Tu ne devrais pas avoir ces choses-là, tu es encore une toute petite fille.

— Il traîne avec qui ? demanda Grace.

De quinze ans d'accord. Et je reconnais que cette chose immonde pourrait t'être arrivé sans que je m'en être rendu compte parce que je reste à la porte quand tu entres dans certaines pièces.

- Des types de sa classe, répondit Mona.

Quoi ? J'ai dit "chose immonde" ? Vous trouvez ça normal, vous, un être humain qui pisse du sang ? Je regrette, mesdames et mesdemoiselles, mais vous avez un truc qui cloche.

— Il est doué à l'école ?

Mais c'est quoi toutes ces tomates pourries que je viens de recevoir ?

— D'après ma grand-mère, il finira au ministère.

Quoi qu'il en soit, je dois en avoir le cœur net. Je dois savoir si Mona subit la visite des Anglais. Alors c'est parti, je plonge.

— Marine ou Meredith ?

Beurk, beurk, beurk.

— Marine.

Je confirme, Mona est une femme.

— Alors ça va, Marine Moon ne se trompe jamais, déclara Grace.

Je me disais bien qu'elle avait grandi, surtout au niveau de... enfin vous voyez... Les vicieux, vous dégagez.

Les deux filles arrivèrent à l'entrée de leur salle commune.

— Prête ? demanda Grace.

— On y va, dit Mona avec une lueur d'inquiétude dans les yeux.

Tu as peur ? Mais de qui as-tu peur, petite fille ? Dis à ton narrateur que j'aille leur péter la gueule.

Grace prononça le mot de passe, et la porte s'ouvrit. Elle entra dans la pièce, suivie de près par Mona. Toutes deux avancèrent d'un pas décidé, gardant la porte du dortoir des filles dans leur ligne de mire. Mona poussa sa vision périphérique à son maximum. Les frères Lestrange interrompirent leur conversation pour observer Mona. En fait, la plupart des élèves regardaient Mona traverser la salle. Seul Wilkes, éconduit par Grace quelques semaines plus tôt, détourna le regard.

Le pauvre, nan je déconne, tant mieux.

Mona frôla Mulciber et lui adressa un faible sourire. Il répondit d'un simple coup d'œil et se tourna à nouveau vers Avery, Wilkes et Rogue.

— Elle devrait comprendre qu'elle n'a pas à être si prétentieuse, cette Sang-de-Bourbe, dit-il. Elle croit quoi, cette Mary McDonald ?

Avery et Wilkes acquiescèrent tandis que Rogue cachait son approbation.

— Ouais, en plus, elle n'est pas très maligne, ajouta Terence.

Les quatre garçons ne lui accordèrent pas un regard, laissant un blanc s'installer dans la conversation.

— Elle devrait payer, dit Terence plus timidement.

Mulciber leva la tête vers lui et acquiesça sans rien ajouter. Terence fixa le sol, incapable d'ajouter quoi que ce soit. Les deux filles s'éloignaient toujours. Elles atteignirent la porte du dortoir où Hugh les attendait. Le jeune garçon affichait une mine plus sombre qu'à l'ordinaire.

— Ce n'est pas le jour de Terence, commenta-t-il.

— On voit ça, dit Mona. Son léchage de botte n'a pas l'air de porter ses fruits.

— Il devrait plutôt s'éloigner d'eux, non ? demanda Hugh.

— Je ne sais pas, répondit Mona. Je fais en sorte de rester en bons termes avec eux, mais je ne vais pas chercher à leur parler s'ils m'ignorent.

— C'est aussi ce que je fais, dit Hugh avec un air sérieux.

Ses sourcils étaient froncés, son attention semblait décuplée, et sa baguette magique dépassait de sa manche, prête à servir.

— Terence était en retenue avec Slughorn un peu plus tôt, dit-il. Il a les mains couvertes d'énormes verrues.

Les deux filles se tournèrent immédiatement vers Terence. Ses mains étaient enfouies dans ses poches, à l'abri des regards indiscrets.

— Irène aussi a eu une retenue difficile, apprit Mona, déçue de ne pas avoir pu apercevoir les chancres.

— J'espère que ses parents sont plus compréhensifs que les nôtres, confia Hugh. Terence a reçu la pire lettre de réprimande de notre mère.

— Il n'avait pas à chicaner Irène, conclut Grace. C'est une gentille fille, un peu fofolle, mais elle ne mérite pas ça.

— Oui, acquiesça Hugh. Bon, je vais rejoindre Lorcan.

Il s'éloigna, et les deux filles montèrent les escaliers menant au dortoir.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant