Chapitre 46 : 1974 : Amitié de placard

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Jour 3

Mona s'étira et bailla longuement en tentant de se cacher derrière son livre de divination.

— Miss Moon pourrait peut-être nous renseigner sur l'importance des planètes de la constellation du Grand Chien ?

Elle se réveilla brusquement et se redressa vers l'enseignante.

— Eh bien, commença Mona, hésitante. Ce sont les étoiles qui forment la Petite Ourse.
— Raté, c'est la Grande Ourse, et cela ne concerne qu'une étoile, répondit le professeur Tradewell. De plus, ce n'est pas vraiment la réponse que j'attendais. Vous n'êtes pas en cours d'astronomie.

La cloche retentit, et Mona sentit le soulagement l'envahir.

— Ce sera donc tout, et bon appétit ! dit Tradewell à la cantonade.

Les élèves se levèrent ensemble et se pressèrent vers la porte. Mona perdit Grace dans la petite foule et se retrouva en fin de file avec des Gryffondors.

— Tradewell a exagéré, murmura une voix que Mona connaissait très bien. On n'a pas encore étudié les étoiles de cette constellation en divination.
— Merci, souffla Mona sans la regarder.

Mona avança un peu plus et jeta un coup d'œil à Lily. Les deux filles échangèrent un sourire. Mona ralentit de nouveau l'allure, et Lily l'imita. Une fois que les deux filles se retrouvèrent seules dans le couloir, elles se parlèrent normalement.

— Décidément, Tradewell te déteste toujours autant, déclara Lily.
— Oui, heureusement qu'on en a fini avec les leçons particulières qu'elle nous donnait. Et dire que cela a duré trois mois.
— N'empêche, confia Lily, j'ai peur qu'elle veuille me redonner des leçons. J'ai encore baissé ma moyenne dans cette matière.
— Pas moi, dit Mona. Ma moyenne est trop faible pour descendre encore plus bas.

Lily éclata de rire.

— J'aurais dû suivre l'avis de Severus et ne jamais choisir cette matière.
— Oui, on aurait dû aller en étude des Runes avec lui, dit Mona. C'est une écriture aussi lisible que des pattes de mouche.

À nouveau, Lily éclata de rire.

Non, alors là non, je proteste. Je vous rappelle que je suis le moteur comique de cette histoire. J'ai la double fonction de Narrateur et d'humoriste. Alors Mona, ne me pique pas mon rôle, contente-toi de vivre ta vie normalement selon les petites notes du cahier blanc.

— Au fait, j'ai vu James Potter. Tu le tortures, le pauvre ?
— C'est un prétentieux, dévoila Lily. Je fais tout pour qu'il m'oublie, mais rien ne marche. Apparemment, il tient à ce que nous soyons amis.

Amis ?

Des pas retentirent dans le couloir. Les deux filles tendirent l'oreille. Le regard de Mona s'alarma ; elle ouvrit la première porte qu'elle vit et entra dans le placard à balais que la porte dissimulait. Lily la suivit, l'air assez renfrogné. Mona guetta par le trou de la serrure ce qui se passait dans le couloir. James Potter et Sirius Black marchaient côte à côte. Derrière eux, Peter les suivait en trottinant.

— Peut-être qu'il ne nous ment pas, suggéra Peter.
— Si, il nous ment. Personne, en dehors de lui, ne sort de l'école. Et lui, c'est tous les mois. Il nous cache quelque chose, déclara Sirius.

Les voix des garçons s'éloignèrent, et Mona ne put rien entendre de plus. Elle supposa que le sujet de la conversation était Remus. Cependant, elle n'eut pas l'occasion de se poser des questions trop longtemps. Lily ouvrit la porte avec fureur.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Mona, surprise.

Mona, t'aurais pas pété ? Vous étiez enfermées dans un petit endroit clos, tu aurais pu te retenir.

— J'en ai marre qu'on se cache, éclata Lily. On a le droit d'être amies.
— En théorie, oui, on est libres. En pratique, Serpentard et Gryffondor se détestent. J'appartiens à une famille pro-sang pur, et toi, tes parents sont moldus.
— Et alors ? Severus et moi ne cachons plus notre amitié aux autres maintenant.
— En même temps, vous êtes amis depuis plus longtemps que toi et moi, fit remarquer Mona.
— Et alors, ça ne change rien.
— Rogue n'a pas de famille digne de ce nom, lâcha Mona. Si les Moon apprennent que je suis amie avec toi, ils m'écharperaient. J'ai déjà eu du mal à faire accepter mon amitié avec Kathy, ils considèrent que c'est le seul écart de conduite auquel j'ai droit.
— Donc on va rester des amies cachées jusqu'à la fin de notre vie, conclut Lily, énervée.

Ben ça ne devrait plus trop tarder, on est en 1974, tu meurs en 1980, vous pouvez tenir six ans... Purée, c'est méchant ce que je narre là. Pauvre Lily qui va mourir heurtée par un truc vert !

— C'est une idée, dit Mona.
— Génial, dit sarcastiquement Lily.
— Être amies jusqu'à la fin de nos vies, ça me semble une bonne idée.

Lily esquissa un sourire.

Sérieux, on dirait un couple, roulez-vous une pelle tant que vous y êtes ! Non non, Mona n'a même pas eu son premier baiser. Premier baiser qu'elle devrait bientôt recevoir, d'ailleurs.

Les deux filles filèrent vers la grande salle en empruntant deux chemins différents. En arrivant dans la grande salle, Mona eut l'agréable surprise de trouver Grace installée auprès de Bertram. Elle s'installa à son tour, entre son amie et Regulus Black ; en face d'elle se trouvait Terence, qui zieutait Mona avec un œil noir. Mona salua ses voisins de table. Bertram lui rendit son sourire, et Mona sentit son cœur faire un saut périlleux. Bertram souriait très rarement. Il avait un petit côté sérieux, un regard impénétrable ; il parlait rarement, ce qui ajoutait à son charme mystérieux.

Oh purée, et voilà que je me mets à faire de la narration de midinette. Je sais bien que je dois parler en fonction du point de vue de Mona. Mais Bertram n'est ni plus ni moins qu'un boudeur trop con pour déblatérer correctement.

— Tu connais Irène Clay ? attaqua Terence de l'autre côté de la table.
— Irène ? La fille de Serdaigle ? répondit Mona innocemment.
— Oui, grogna Terence.
— Elle est assez sympathique, elle parle beaucoup, un peu trop franche par moments, mais globalement, elle est gentille, il me semble.
— Il te semble ? répéta Terence, agacé. Je t'ai vue lui parler une bonne dizaine de fois, et visiblement vous vous connaissez bien, alors fais pas genre.
— Ok, je connais bien Irène, et je l'aime bien.
— C'est une idiote.
— Elle m'a parlé de votre... altercation, dit Mona en insistant bien sur le dernier mot.

Terence recula et sonda le visage de sa sœur. Elle lui adressa un faux sourire rayonnant.

— Lorsque tu la verras, reprit Terence, moins rageur. Dis-lui qu'on ne traite pas ceux de notre rang de cette manière.

Il flippe, allez Mona, balance l'info devant tout le monde : « Terence s'est fait tabasser par une fille ! »

— Avec moi, elle se comporte merveilleusement bien, lui apprit Mona. Elle doit se souvenir qu'elle aussi appartient à un certain rang, ce qui la met à égalité avec nous.

Terence inspira profondément, mais n'ajouta rien de plus. La menace que Mona révèle qu'Irène l'avait giflé devait retenir sa langue.

— Moi, je la trouve sympathique, Irène, déclara Regulus. Elle parle trop, mais pour une Serdaigle, je la trouve sympathique.

Tout le monde se tourna vers lui. Regulus non plus n'avait pas l'habitude de prendre la parole en public, tout comme Bertram. Malheureusement pour lui, Regulus ne possédait pas le charme de son camarade.

Il est moche pour ceux qui n'ont pas compris, c'est pas un monstre non plus, il est simplement banal.


Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant