Un jour, Mona Moon sera une rebelle

Chapitre 55 : 1974 : Bertram prend la grosse tête

Jour 6

Garce d'autrice, pourquoi t'as coupé le meilleur passage de la veille ?
Mona regarda la liste de Marine Moon. Cela faisait longtemps qu'elle connaissait chaque nom par cœur, elle cherchait simplement de l'inspiration. Finalement, Mona décida d'arpenter les couloirs et de voir quel nom viendrait à sa rencontre.
T'aurais pas autre chose de plus sérieux à faire ? Comme des devoirs ?
Elle arriva dans le couloir qui menait à la salle de métamorphose. À cette heure où les cours étaient terminés, elle ne vit personne. Elle entreprit de le traverser pour rejoindre les grands escaliers.

– MOOOOONNNNNAAAAAAAAA !!!!!!!

Mona se figea, une sueur froide coulant le long de sa nuque. Lentement, elle leva la tête. Grace descendait les escaliers au pas de course. Mona monta les marches un peu plus vite pour aller à sa rencontre.

– Quoi ? demanda Mona, inquiète, lorsque Grace arriva à portée de voix.

À portée de voix normale, pas de hurlement terrifiant !
Grace porta une main sur le côté de son ventre, souffla bruyamment et articulait péniblement.

– Quelqu'un est mort ? demanda Mona, paniquée. Terence ?

Terence ? Pas de faux espoirs, s'il te plaît.
Grace fit non de la tête.
Et voilà, j'ai espéré pour rien.

– Alors qui ? s'écria Mona. Ma chouette ? Rogue ? Lil...

Grace fit à nouveau non de la tête, elle prit une forte inspiration.
T'as failli faire une gaffe ! La blondasse ignore tout de ton amitié clandestine avec Lily.

– Bertram, lâcha Grace.

Mona porta la main à sa bouche.

– Bertram est mort ? dit-elle.
– Non, dit Grace, il est blessé.

Il doit être sacrément amoché le gamin pour nous faire une telle scène dramatique.

– Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Mona, légèrement rassurée. Il s'en remettra ?
– Oui, sa tête a gonflé de volume.

Comme Pierre Richard dans La Chèvre ?

– Madame Pomfresh pourra le remettre sur pied ? demanda Mona. Avec son ancienne tête ?
– C'est déjà fait, il est revenu dans la salle commune.

Heu... pardon ? Tu hurles dans les escaliers, cours après Mona, tu fais monter le degré de tension, tout ça parce que Bertram a vu sa tête gonfler pendant trente secondes ? Mais t'es complètement siphonnée, toi.

– Ben ça va alors, conclut Mona, rassurée.
– Non, ça va pas !

Quoi ? Il s'est cassé un ongle aussi ? Flûte alors, appelons Docteur House pour résoudre cette énigme médicale.

– C'est James qui lui a jeté le sortilège qui l'a mis dans cet état.
– James ?

C'est le type avec qui tu sors ! Un brun pas très grand avec des yeux marron, tu te souviens ?

– Pourquoi il a fait ça ? interrogea Mona.
– Tu devrais mieux le savoir que moi, dit Grace.
– Je vais lui demander, dit Mona.
– Ne tarde pas trop, d'après Bertram, il va être en retenue tous les soirs pendant un mois.

Mona acquiesça et partit de son côté à la recherche de son petit ami. Elle tourna autour de la salle commune des Gryffondor, puis de la bibliothèque, et recommença. Elle rejoignait de nouveau la bibliothèque lorsqu'on l'interpella dans un couloir vide.

– Hé !

Elle se retourna et vit Sirius s'approcher d'elle.

– Tu tombes bien, dit Mona. Où est James ?
– Pourquoi tu veux le voir ?
– Eh bien... commença Mona, hésitante. Parce que je suis sa copine et que j'ai envie de le voir.

Sirius ne parut pas très convaincu.

– Ça n'a pas de lien avec Bertram ? demanda-t-il.
– Si aussi, dit-elle. Et alors ? Je compte lui demander pourquoi il a fait gonfler la tête à l'un de mes amis.
– Parce que tu as un gros béguin pour l'ami en question, dit Sirius.

Mona recula d'un pas, surprise.

– Comment tu le sais ?
– C'est James qui me l'a dit.

Elle chercha une sortie de secours mais n'en vit aucune.

– Bon, et alors, qu'est-ce que ça peut te faire ?
– James est mon meilleur ami, j'aimerais bien comprendre pourquoi tu sors avec lui si tu en aimes un autre.

Mona pouffa, Sirius était vraiment si naïf ?

– Si c'est ton meilleur ami, tu sais donc que lui aussi en aime une autre, dit-elle. Je ne lui ai pourtant pas gonflé la tête !

Sirius fronça les sourcils et réfléchit un instant.

– Ah donc... tu... il... vous...

C'est bien, tu connais les pronoms qu'on place devant les verbes conjugués.

– Quoi ?
– C'est quoi votre relation alors ? questionna-t-il.
– Ça ne te regarde pas, dit Mona.
– Donc en fait, enchaîna-t-il en l'ignorant, il te fallait simplement un type, n'importe lequel.

Mona croisa les bras et fit bien face à Sirius.

– Vas-y, continue ton délire, dit-elle.
– Je ne délire pas, tu voulais juste un faire-valoir, affirma Sirius.
– James n'est pas un faire-valoir qui me sert à attirer l'attention de Bertram.

Habile. C'est un faire-valoir qui te sert à éloigner Wilkes.

– J'ai aussi entendu parler de Gaïden Wilkes, lâcha-t-il.

Pas con, le garçon.

– Et donc ? demanda Mona. Tu me fous la paix ? James et moi savions très bien ce que nous faisions lorsque nous avons commencé notre relation.
– L'ennui, vois-tu, dit Sirius, c'est qu'en voyant Bertram, James s'est dit qu'il fallait lui jeter un sortilège.
– Oui, ça, j'avais compris, et j'allais justement demander une explication à James.
– Fais fonctionner tes méninges, petite Moon. Pourquoi James irait humilier un type pour qui tu as le béguin ?

Mona se figea.
Pourquoi James irait... non... non... ça peut pas être ça. NonNonNonNonNon, on parle de James Potter là, le père de... NonNonNonNon. Ce n'est pas possible que James soit en train de tomber amoureux de Mona.
Elle hésita, ferma les yeux et tenta de prendre la parole, mais Sirius la coupa.

– Change de faire-valoir, dit-il. Prends un type qui n'en a rien à faire de toi, un type que tu pourras utiliser sans qu'il s'accroche à toi.
– T'es marrant, toi, vu mon nom, ça limite drôlement le choix.
– T'avais qu'à me demander à moi, dit Sirius. Je porte le nom des Black et j'en ai rien à foutre de toi.

Et les pincettes, tu connais ?

– Parce que tu aurais dit oui ? demanda Mona, dubitative.
– Si Peter était venu me demander de te rendre ce service...
– Peter n'apprécie pas du tout que je fréquente l'un de ses amis...
– Eh bien, coupa Sirius, agacé, si on m'avait dit que James tomberait amoureux de toi en jouant les faire-valoir, je me serais d'office proposé pour être ton petit ami.
– Tu serais peut-être tombé amoureux toi aussi.

Il rit nerveusement.

– Non, dit-il. Sincèrement, non.

Mona prit une tête genre « comment j'suis faussement convaincue ».

– Largue James maintenant, dit-il. Je lui dirai que j'ai surpris une conversation entre Lily et une de ses copines, comme quoi elle serait jalouse de toi. Il t'oubliera vite, et moi, je prends sa place.

De quoi ? Non mais ça va pas la tête ! T'as méchamment craqué ton slip, toi !

– Je gagne au change, dit sarcastiquement Mona.
– Ben si t'es pas un monstre, c'est ce que tu feras !
– Ne t'inquiète pas, dit-elle. Je vais rompre avec James et...
– Alléluia, coupa-t-il. Ça ne t'ennuie pas que je passe l'épreuve maintenant ? Parce que si ça reste dans ma tête, ça va me torturer.
– Pardon ?

Subitement, Sirius se rapprocha de Mona et l'embrassa sur les lèvres.