Chapitre 8 : 1971 : Chouette !

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— C'est pas passé loin, dit Mona.

— Oui, on a eu chaud.

— On y va ? demanda Mona, soudain excitée.

Elle se mit à sautiller sur place.

Qui a mis des ressorts sous les chaussures de cette pauvre fillette ?

— Oui, on y va, mais par pitié, ne saute pas comme ça, on pourrait te voir. Tu sais que tu dois...

— Me tenir droite et élégante en toutes circonstances, finit Mona.

— Exactement.

Les deux femmes se mirent en route, Mona marchant devant, trépignant d'impatience. Enfin, elles arrivèrent devant l'animalerie. Le visage de Mona s'illumina devant la vitrine.

Alors que cette vitrine est pourtant recouverte de fientes d'oiseaux et autres répugnances du genre. Et au-dessus de tout ça, il n'y a pas de magnifiques oiseaux multicolores ou de doux animaux. Non, il y a des rats, des chouettes effrayantes et même un machin qui ressemble à une brosse à balai... À la réflexion, c'est peut-être bien une brosse à balai.

La sonnette au-dessus de la porte s'anima, sortant Mona de sa torpeur. Magda la regardait avec une légère impatience. La fillette se pressa pour rejoindre sa mère. La boutique était envahie de bruits divers et plus étranges les uns que les autres. Du moins pour un Moldu, car pour un sorcier, c'est parfaitement normal. Comme ce rat qui saute dans un cercle de feu, cette grenouille qui crache des mini-princes charmants, ce chat avec des lunettes, ou encore ce chien qui copule avec un pied de chaise...

Mona, prends cet animal-là ! Imagine s'il prend le pied du vieux Ed pour un pied de chaise, j'aurais enfin de quoi me bidonner.

— Je peux vous aider ? demanda une vendeuse, petite et un peu grassouillette.

Oui, est-ce que ce chien a d'autres particularités que de s'accoupler avec votre mobilier ?

— Nous venons acheter une chouette, déclara Magda.

Vu les prix des chouettes, tu devrais plutôt te rabattre sur les rats... quoique, vu le prix des rats... essaye les cafards.

— Bien sûr, dit la vendeuse avec un sourire rayonnant.

Elle les conduisit vers l'entrée du magasin, juste derrière la vitrine. Elle tapota sur une étagère avec sa baguette magique et dit :

— En place, les filles !

En place, les filles ? C'est les petits rats de Paris ici ?
Vous avez vu le jeu de mots ? Les rats de Paris... et on est dans une animalerie... laissez tomber.

Brusquement, toutes les chouettes de la boutique vinrent se placer sur l'étagère, juste devant un nom de race et un prix.

D'accord, j'ai pigé le truc. Mais pourquoi dire "les filles" ? Les chouettes mâles, ça existe aussi... ou alors faut qu'on m'explique un truc.

— Il nous faut impérativement une chouette femelle, expliqua Magda.

— Oui, je sais, dit la vendeuse avec un sourire. J'ai toujours la même demande venant des membres de votre famille.

Les Moon sont repérés.

— C'est une tradition, dit Magda avec un léger sourire.

Et franchement, c'est la tradition la moins con du lot. Parce qu'entre donner aux femmes un prénom qui commence par un M, les réunions de famille néo-nazies et toutes les autres... offrir une chouette à chaque femme Moon avant qu'elle n'entre à l'école, c'est la tradition la moins crétine, y'a rien à dire.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant