Un jour, Mona Moon sera une rebelle

Chapitre 41 : 1974 : A. Nonyme

Jour 1

Bonjour, je m'appelle Anatole Nonyme et je serai votre narrateur pour cette histoire. Notre voyage à destination de l'année 1974 durera 7 jours. La grève étant terminée, nous allons décoller ; veuillez attacher vos ceintures de sécurité. Je vous souhaite un agréable voyage et je vous remercie d'avoir choisi la compagnie des Moon.

Mona avala un morceau de filet de lieu, imbibé de beurre blanc, et ferma les yeux pour savourer sa dégustation.

Vous voulez que je vous donne la recette du beurre blanc ? C'est très rapide. Des échalotes coupées très finement, du vin blanc, du vinaigre blanc (moitié moins que le vin). Tout ça dans une casserole à feu tout doux doux doux. Quand les échalotes deviennent translucides, vous ajoutez beaucoup de beurre coupé en dés et conservé au frigo auparavant. Et vous remuez vivement en laissant la casserole sur feu doux doux doux... Vous m'en direz des nouvelles.

Mona rouvrit les yeux et vit avec stupéfaction que Gaïden Wilkes la regardait avec un sourire.

Et ce n'était pas un sourire du genre « je me fous de ta gueule », ce que tout le monde aurait pu faire vu la tête de Mona quand elle mange son poisson. Non, c'était un sourire du genre « comment c'est trop mignon ! ». Donc, maudit Wilkes, dégage de là ou je m'énerve.

Mona détourna rapidement son regard. Ses yeux tombèrent sur Mulciber, Avery et Rogue en pleine discussion sur leur idole, « Lord Voldemort ». Ils parlaient à voix basse, mais Mona pouvait entendre chaque syllabe de leur conversation.

– Apparemment, il recrute en permanence, expliqua Avery. Parfois, il envoie plus d'hommes pour enrôler de nouveaux fidèles. Du moins, c'est ce que mon père m'a dit.

– Il nous suffit donc de trouver l'un de ceux qui recrutent au moment où nous sortirons de l'école, déclara Mulciber.

– N'importe quel fidèle fera l'affaire, ajouta Rogue. Il sera trop content de ramener au Maître de nouvelles recrues.

La fourchette de Mona tomba dans son assiette en résonnant. Les trois garçons cessèrent aussitôt de parler. Mona ne se tourna pas vers eux, mais guetta Rogue du coin de l'œil. Il reprit son couteau et sa fourchette et entama son assiette, tandis que Mulciber et Avery reprenaient leur conversation.

Mulciber a donc réussi à convertir Rogue ? Il va devenir Mangemort ? Comment j'suis sur le cul !

Mona termina son assiette alors que Grace commençait à dresser la liste des garçons qui lui plaisaient bien.

– Il faut qu'on se mette d'accord pour Bertram, déclara Grace à voix basse.

– Comment ça ?

– Il nous plaît à toutes les deux ! rappela la blonde. Alors on décide que celle de nous qu'il ne choisira pas ne sera pas jalouse de l'autre.

– D'accord, dit Mona. Bien sûr, tu as raison, nous devons nous décider avant.

Mona savait qu'elle mentait ; si jamais son amie parvenait à se rapprocher de Bertram, Mona aurait du mal à dissimuler sa jalousie. Bertram n'était pas le seul garçon intéressant aux yeux de Mona, elle balaya la grande salle du regard et s'arrêta sur deux ou trois visages attrayants. Elle tomba par hasard sur celui de Remus Lupin, cela faisait trois jours qu'il n'assistait plus aux cours.

Trois jours ? Ben voyons, ce ne serait pas le temps que dure la pleine lune ?

Les yeux de Mona se tournèrent à nouveau vers ses camarades. Gaïden l'épiait encore du coin de l'œil.

Nondidiou ! Mais qu'il arrête ! Mona, fais quelque chose !

– Faudrait peut-être que tu expliques à Gaïden que tu ne le trouves pas beau, murmura Grace. Le pauvre, il souffre en silence.

– Pas question que je lui explique, avoua Mona. Je ne suis pas très courageuse.

– Quel scoop, répondit Grace laconique. Bon, on y va ?

Elle se leva et Mona l'imita après avoir englouti la dernière bouchée de son poisson trempé dans la sauce blanchâtre.

– À tout à l'heure, lança Grace à l'assemblée.

Une seconde ! Vous n'attendez plus Mulciber ? Vous vous barrez comme ça ? Mais... mais... comment j'suis trop fier... ému... limite j'en pleurerais de joie...

Limite hein !... j'suis pas en train de chialer !... nan mais je précise.

Les deux jeunes filles de quatorze ans quittèrent la grande salle. Elles arpentèrent les couloirs en direction de la salle de classe où se déroulerait leur prochain cours.

– Ne regarde pas, mais on est suivies, murmura Grace.

Oh nondidiou ! Par qui ? Voldemort ? Bellatrix Lestrange ? Drago Malefoy ? Ah non, il n'est pas encore né, c'est vrai.

– Par qui ?

– Gaïden.

Nan mais il le fait exprès l'abruti ! Il commence vraiment à me courir sur le haricot, il faut faire quelque chose, Mona, fais un truc !

– Tu me donnes de l'avance ? demanda Mona à son amie.

– Comme d'habitude, répondit Grace. Fuis, je te couvre !

La fuite ! C'est comme ça que tu réagis ?

Les deux filles attendirent de contourner un couloir, puis Grace renversa le contenu de son sac sur le sol et Mona fila à toute allure.

C'est quoi le plan ? Wilkes est censé glisser en mettant le pied sur la trousse rose fluo de Grace ?

Lorsque Mona arriva au bout du couloir, elle prit à droite et dévala une volée de marches. En bas, elle vit une porte qu'elle ouvrit sans hésitation. Elle traversa l'ancienne salle de classe au pas de course et franchit une autre porte. Elle longea le couloir dans lequel elle atterrit, puis s'arrêta brusquement pour observer attentivement le mur devant elle. Mona chercha une fissure entre les pierres ; lorsqu'elle la trouva, elle sortit sa baguette magique et la pointa vers la petite crevasse. Elle murmura une incantation et une partie du mur se déplaça pour dévoiler un escalier en colimaçon en très mauvais état.

Mais alors Mona, tu trouves des passages secrets ? Mais c'est plutôt pas mal... je suis fier de toi.

Elle alluma sa baguette magique, posa le pied sur la première marche et referma le passage derrière elle. Elle monta les escaliers lentement et le plus silencieusement possible. Soudain, elle dérapa. Elle leva sa main pour se cramponner à quelque chose et sentit une main la rattraper. Elle récupéra son équilibre en hâte et pointa sa baguette allumée vers son sauveur, paniquée par la présence d'une autre personne à cet endroit.