Chapitre 26 : 1972 : Polluer l'air

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– Ouf, lâcha Ludo. Parce qu'avec la situation, on aurait un beau scandale si tu avais un petit copain avant tes seize ans.

– Quelle situation ? demanda Tarquin.
– Rien, dit Ludo. Allez, on va en cours. À plus tard, Mona.

Mona les regarda partir et repensa aux garçons qui pourraient lui plaire. En y réfléchissant bien, elle ajouterait ce garçon qui venait de passer devant elle. Il était marrant avec sa plante en pot dans les bras. Mona secoua ses idées et rejoignit la salle de classe, se souvenant avec horreur qu'elle était assise à côté de Gaïden pour cette matière.

– Ludo ne voulait plus me lâcher, mentit Mona en s'asseyant.
– Ah ?

Ce fut le seul mot que Gaïden lui adressa pour le reste de la journée. Mona ne fut pas mécontente lorsque la cloche sonna, lui permettant de se ruer dans la salle commune. Elle ouvrit la porte et bondit à l'intérieur, voulant rejoindre au plus vite son dortoir. Mais elle se heurta à Terence.

– Fais attention, reprocha Terence.
– Excuse-moi.
– Tu vas où comme ça ?
– Dans mon dortoir, répondit-elle sans réfléchir.

À peine les mots sortis de sa bouche, elle les regretta aussitôt. Elle aurait dû dire qu'elle allait aux toilettes, Terence l'aurait laissée passer sans poser plus de questions.
Mona, tu es méfiante envers ton frère, il va peut-être te laisser tranquille sans te poser de questions.

– Tu fuis qui ?

Ok, j'ai rien dit.
Mona prit la peine de réfléchir avant de répondre.
C'est bien, tu progresses. La prochaine fois, essaie de réfléchir avant de choisir ton animal de compagnie. Je dis ça comme ça, mais ta pigeonne au doux nom de Dame de Fane a déchiqueté l'oreiller de Grace ce matin. Elle ne devait pas supporter l'odeur de la blondasse ; moi non plus, mais est-ce que pour autant je bouffe son oreiller ? Ou alors c'est lié aux plumes à l'intérieur de l'oreiller... Dame Fureur a peut-être cru reconnaître les plumes d'un membre de sa famille. On ne parle pas assez des parents des oiseaux, non ? C'est un fait intéressant. Bon, d'accord, il arrive souvent que des volatiles tuent leurs nourrissons, mais ce n'est pas une raison. Si ça se trouve, c'est pour ça que Dame Furibonde attaque tout ce qui approche de Mona, parce que son climat familial lui a inculqué d'attaquer pour protéger... Il faudrait s'y intéresser, je suis sûr qu'il y a quelque chose là-dessous. Je lance une pétition ? Allez zou, qui signe ?... Vous bousculez pas... Mmh ?... Non ?... Personne ? Bon, très bien, on retourne au texte, bandes d'égoïstes. De toute façon, je connais la suite. Grace va arriver, tu vas voir.

La porte d'accès à la salle commune s'ouvrit, laissant entrer Grace.
Tiens, tu vois, et qui c'est qui l'avait prédit ? Bibi !

– Pourquoi Gaïden te regardait comme ça ? demanda Grace avec un immense sourire.
– Gaïden Wilkes ? demanda Terence, surpris.

Tu lui parles tous les jours, tu le vois chaque matin et t'es pas sûr que Grace parle de ce Gaïden-là ? Parce que y'en a beaucoup, des Gaïden à Poudlard ? Faut prévenir et à chaque fois qu'on citera un Gaïden, je préciserai qu'il s'agit bien de Wilkes.

– Oui, dit Grace en adressant un sourire rayonnant à Terence. Alors, Mona ?
– Euh... ben...

Là, j'aimerais pas être à ta place. Fais ce que tu sais faire de mieux... enfin qu'un jour peut-être tu sauras faire de mieux. Mens.

– En fait, je pense que c'est à cause des flageolets que j'ai mangés ce midi, inventa Mona en retenant une sueur froide.

Qu'est-ce qu'elle parle de flageolets ? Elle ne va quand même pas...

– Je n'ai pas arrêté de... polluer l'air, mentit Mona, gênée. Gaïden a dû s'en rendre compte.

Elle l'a fait, elle a osé raconter un mensonge encore plus gênant que la réalité. Mona, il faudrait qu'un jour je pense à t'expliquer quel est l'intérêt du mensonge.

– Mona ! s'indigna Terence.
– Ben quoi, c'est la nature.
– Bon, je monte en haut, décréta Grace précipitamment.

Besoin de t'éloigner pour polluer l'air ?

– Tu peux parler, dit Mona. Tu fais des concours de pets avec Hugh.

Scoop ! Attention mesdames et messieurs, voici le scoop de l'année : Terence et Hugh font des concours de pets. Ça aurait été con de passer à côté d'une telle nouvelle.

– J'avais sept ans, dit Terence d'une voix étrangement aiguë. Et puis même, c'était à la maison. Tu ne pouvais pas faire attention ?
– Ben, ce n'était pas facile, dit-elle.
– De toute façon, rien n'est de ta faute, dit-il. Tu déshonores la famille, mais ce n'est pas de ta faute.

Quand on lâche une caisse, on déshonore sa famille ? Purée, faut que je fasse gaffe.

– T'exagères pas un peu, dit-elle. Juste pour une histoire de...
– Je te parle de l'immondice que tu côtoies, grinça Terence à voix basse.

Ah d'accord... Il parle de qui ?

– Grace ? dit Mona.
– Tu le fais exprès ? Grace McFadden est très respectable. Il ne lui viendrait pas à l'esprit de fréquenter une... Mol... due.
– Ah, tu parles de Kathy ! s'écria Mona, la lumière se faisant dans son esprit.
– Pas si fort, chuchota Terence.
– Tu chipotes, je ne la vois presque plus, dit-elle. Uniquement trois à quatre fois par semaine durant les vacances.

C'est vrai, il chipote... Bon d'accord, elle passe plus de temps avec la gamine qu'avec sa famille. Mais faut se mettre à sa place.

– Tu fais semblant ! reprocha Terence. Tu es fausse avec tout le monde ici.
– Pas toi ? dit Mona, qui commençait à être agacée. Je te rappelle que notre famille est ruinée et ne possède plus aucune influence nulle part.
– Mais arrête de parler si fort, s'énerva Terence.
– T'es pas faux, toi ? Tu crois que Regulus Black resterait ami avec toi s'il savait que tu n'es pas aussi important qu'il le croit ?
– Je ne parle pas de la situation financière de notre famille, dit-il. De toute façon, c'est temporaire.
– Temporaire ? Ça fait juste trois ou quatre décennies que c'est temporaire, et ça empire d'année en année.
– Notre rang reste élevé, même sans argent, dit Terence. Mais toi, tu fais semblant d'être digne de ce rang. Tu considères les Moldus comme des sorciers de notre rang.
– Oui, et alors ?

Terence recula d'un pas, horrifié.

– Je n'osais pas le croire, dit-il.
– Kathy est tout aussi gentille que Grace, et elle réussira aussi bien sa vie dans son monde que Grace dans le nôtre, si ce n'est mieux. Kathy veut diriger l'un des magasins de décoration de son père.
– Tu es immonde, cracha-t-il.
– Alors va vite le cafter aux parents, dit Mona. Il n'y a que ça que tu sais faire à la perfection.

Elle tourna les talons et planta là son jeune frère.
Mona, je... je... j'ai rarement été aussi fier de toi... je... j'suis ému... (larme).

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant