Un jour, Mona Moon sera une rebelle

Chapitre 84 : 1976 : La cheville de Rogue est une rapporteuse

Le dîner n'avait pas encore commencé. Les portes de la Grande Salle restaient closes, et les élèves affluaient par petits groupes dans le hall. Mona pensa alors à sa liste ; l'attente du dîner était l'un des moments de la journée les plus propices pour parler aux élèves des autres maisons. Elle déambula alors entre les étudiants, cherchant sa proie. Tel un sanglier cherchant sa proie.

Ké ? les sangliers ça ne cherche pas sa proie ? Ça mange quoi alors ? Des truffes. À ok, donc en fait le patronus de Mona, c'est la honte jusqu'au bout.

— Poisson ou viande ?

Mona se retourna brusquement. C'était Bertram qui l'avait accostée avec cette question.

— Pardon ? demanda Mona.

Son cœur s'accéléra légèrement. Pourtant, Bertram n'était pas celui qui déclenchait ce phénomène le plus violemment en ce moment.

Mais qui est donc ce garçon mystérieux ?moi je sais mais je vous le dirais pas heu ! Nanananananereuh !

Hors enfantillage, des pronostiques ?

— Poisson ou viande ? Qu'est-ce qu'on mange ce soir, à ton avis ?

Tu voulais qu'il te demande quoi avec cette question ? En quoi tu allais te réincarner ? Cherche pas tu te réincarneras en volaille folle. Ou en sanglier, tu passeras ta journée à fouiller la terre pour trouver des truffes. Alors que maintenant tu fouilles la merde pour trouver des emmerdes. Ça va pas beaucoup te changer.

— Poisson, répondit Mona. Je parierais sur du filet de lieu.

— C'est bon ça, déclara Bertram. J'espère que ce sera du lieu, sinon je serais déçu.

Mona lui adressa un large sourire tandis qu'il s'éloignait vers Terence. Mona reprit donc sa quête, un petit sourire aux lèvres. Puis elle croisa le regard de Franck Londubat.

— Salut, lui dit-elle.

— Salut, Mona, répondit-il. Tu vas bien ?

— Oui, et toi ?

— Oui. Tu n'es pas trop embêtée parmi les Serpentard ? s'inquiéta-t-il sincèrement.

— Non, répondit-elle. Je gère.

— Si un jour tu as besoin d'aide...

— TOI !

Franck se tut. Lui et Mona se tournèrent vivement vers Rogue, qui agrippait le bras de Mona.

— Laisse-la, ordonna Franck aussitôt.

Une demi-douzaine d'amis de Franck apparurent derrière lui, comme par magie.

Comme par magie dans une école de sorcier, avouez que c'est pas commun.

— Ça va, rassura Mona tandis que Rogue l'entraînait. Ça ne doit pas être ça. Merci Franck, à plus tard, et passe le bonjour à ta mère.

Elle n'était pas sûre que Franck ait entendu la fin de sa phrase. Rogue l'avait déjà entraînée à l'entrée d'un couloir discret.

— Mais qu'est-ce qui te prend, Prince ? lui murmura-t-elle précipitamment.

— Tu peux m'expliquer pourquoi James Potter vient de me suspendre dans les airs par la cheville ?

Il voulait faire des frites et il lui manquait de l'huile ?

— Parce qu'il ne t'aime pas ? suggéra Mona, agacée. Parce que tu es aussi amoureux de Lily ? Parce que...

— Je reformule ! gronda Rogue avec colère.

Mona tenta de ne pas paniquer devant le visage plus que hargneux de son ami.

— Pourquoi est-ce que Potter m'a soumis au Levicorpus, alors que nous avons inventé ce sortilège et que nous sommes censés être les deux seuls sorciers à le connaître ?

C'est une bonne question, Mona explique lui que tu roucoulais avec James quand c'est arrivé. Attends, je prends le pop corn et je me marre.

— Ah ça, dit-elle, fautive.

Oui ça, raconte lui.

— Alors, pourquoi ?

— Parce que je lui en ai parlé ? avoua-t-elle timidement.

Rogue cogna contre le mur à côté du visage de Mona. Plus loin, des têtes se tournèrent dans leur direction. Personne n'approcha, probablement trop éloignés pour voir ce qu'il se passait réellement.

Je mets « probablement », parce qu'il est aussi possible qu'ils veuillent laisser des Serpentard mal-aimés s'entre-tuer.

— Mais merde ! hurla-t-il. Ces types m'attaquent à quatre contre un, et maintenant ils m'attaquent avec mes propres sortilèges ! T'aurais pas pu te la fermer au lieu d'essayer de l'impressionner ?

— Ça t'a bien arrangé que je l'impressionne, dit Mona, qui ne parvenait pas à crier aussi fort que lui. Je l'ai éloigné de Lily pendant quelque temps.

— Et pour ça, tu devais lui parler de nos sortilèges ? cria Rogue. Tu as pourtant l'habitude de meubler une conversation avec rien. Ce n'est pas ce que tu faisais avec Londubat ? Je me demanderai toujours pourquoi tu te forces à nouer des amitiés avec des personnes que tu n'apprécies même pas.

— Parce que je suis une Moon ! hurla Mona. Et que c'est mon rôle de tenir ces mondanités !

— Ça ne vaut vraiment pas le coup d'être une Moon alors ! cria encore plus fort Rogue. Ce devrait être aux autres de venir te lécher les bottes !

— Je dois tenir la liste ! Créer des liens utiles pour ma famille, c'est comme ça que le business marche !

— Si à ton rang, on doit toujours avoir ce genre de comportement, ça ne sert à rien d'avoir un nom si prestigieux !

— Justement si, surtout si les Moon sont ruinés !