Chapitre 66 : 1975 : Dumbledore et la poire

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Jour 3

Après la déprime d'hier soir, on va peut-être s'éclater un peu ?

– Si tu veux pleurer sur mon épaule, n'hésite pas, lança Grace, désinvolte.

C'est mal parti pour la franche poilade !
Mona releva la tête, mais son amie semblait déjà penser à autre chose. Grace se retourna et fronça les sourcils.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Mona.

– Rien, répondit-elle tandis que Lily Evans les dépassait.

– J'ai l'impression qu'elle nous suit, murmura Grace en désignant la Gryffondor d'un mouvement de tête.

Mona réprima la panique qui menaçait de l'envahir.

– Qu'est-ce qui te fait croire ça ? demanda-t-elle, essayant de rendre sa voix la plus neutre possible.

– Depuis ce matin, on n'arrête pas de la croiser.

Mona l'avait remarqué aussi. Elle avait d'ailleurs tenté à plusieurs reprises de s'éclipser pour rejoindre Lily, mais Grace veillait au grain et n'avait pas quitté Mona d'une semelle.

– Pendant les cours, je veux bien croire qu'on se croise plusieurs fois, mais maintenant ? C'est curieux, tout de même.

Ce qui est curieux, c'est que tu remarques enfin quelque chose de suspect. Franchement, depuis le temps que Mona et Lily sont potes en cachette, comment as-tu fait pour ne rien voir ?

– J'ai faim, annonça Mona. On va dîner ?

– Bonne idée, on pourrait essayer de se placer près de Bertram.

Arrivées dans le hall, Mona agrippa le bras de son amie et la tira en arrière. Elles se cachèrent derrière les escaliers.

Et là, vous vous dites, ça y est, Voldemort attaque Poudlard ! Ben non, c'est juste Terence qui les oblige à se terrer.

– Quoi ?

– Regarde, dit Mona en désignant une partie du hall d'un mouvement de tête.

Terence et Irène Clay étaient en pleine dispute, ils criaient et plusieurs élèves les contournaient.

– Tu vas voir qu'elle va le cogner et que ce sera encore de ma faute, dit Mona.

Non, en fait, c'est de la mienne, j'imagine toujours que Terence se fait taper. Irène ne doit être qu'un produit de mon imagination, elle réalise mes fantasmes.
Soudain, Irène leva la main, prête à gifler le Serpentard, mais elle stoppa son geste tandis que Terence reculait. Elle baissa la main et tourna les talons. Surpris, Terence resta immobile un instant avant de prendre la direction de la Grande Salle. Irène, elle, marchait droit vers les deux filles. Mona attendit que son frère disparaisse dans la Grande Salle pour sortir de sa cachette, suivie de près par Grace.

– Ça va ? demanda-t-elle à la Serdaigle.

– Oui, répondit Irène une fois la surprise passée de voir Mona surgir devant elle.

Ça va ? T'es sûre ? Parce que normalement, tu tapes Terence. Ne me dis pas que tu as perdu en agressivité, j'adore te voir frapper l'autre timbré. C'est l'un de mes petits plaisirs.

– Je me suis encore embrouillée avec ton frère, confia-t-elle.

– J'ai vu ça, répondit Mona.

– À la base, je voulais être gentille avec lui... enfin, du moins, ne pas vraiment lui parler rapport à...

Rapport à la mort du vieux Augustin. Je suis le seul à ne pas regretter ce nazi de la première heure ?
Irène ne termina pas sa phrase.

– Je ne sais même pas comment on en est arrivés à se disputer, avoua Irène. Pour une fois que je faisais un effort.

Elle haussa les épaules avec déception et s'éloigna des deux filles.

– Je ne sais pas qui ils étaient dans une autre vie, mais ils devaient bien se haïr, déclara Grace.

En fait, je sais pas si t'as remarqué, blonde que tu es, mais ils se haïssent déjà dans cette vie-là.
Un groupe de Serpentard, mené par Mulciber, entra dans la Grande Salle.

– Finalement, je n'ai plus faim, annonça Mona.

Pourquoi ? C'est Mulciber qui est au menu ?

– D'accord, comprit Grace. Essaye de trouver les cuisines.

– Bonne idée, répondit Mona sans enthousiasme.

Elle descendit l'escalier que les Poufsouffle montaient pour rejoindre la Grande Salle. Clive Hunting, le préfet de Poufsouffle...

Mais si, vous savez, c'est celui qui a nettoyé la salle du prof taré avec Mona. Vous vous souvenez ? C'était il y a à peine deux jours. Bref,

Clive Hunting avait un jour dit à Mona qu'à une ou deux reprises, il avait aperçu des elfes de maison dans un couloir inutilisé, pas très loin de leur salle commune. Un couloir décoré de tableaux représentant des natures mortes. Mona trouva bien vite ce couloir. Elle ne pensait pas réellement trouver les cuisines, elle souhaitait simplement s'éloigner le plus possible de Mulciber et sa bande.

– Miss Moon ?

Mona se retourna brusquement, craintive ; elle ne pensait pas avoir le droit de se promener par ici.

T'es folle, ma vieille, y'a pas de raison. T'es libre, tu fais ce que tu veux... avec tes cheveux.

Oui, elle est pourrie, mais je devais la placer.

Le professeur Dumbledore lui adressa un sourire bienveillant.

– Oui, professeur, répondit Mona.

– Votre mère m'a contacté, annonça-t-il. L'enterrement de votre aïeul est prévu pour demain. C'est samedi, donc vous pourrez y aller sans problème.

– Oh, dit Mona, un brin rassurée.

– Vous devrez être dans le bureau du professeur McGonagall pour huit heures.

– Très bien, répondit Mona.

– Je pensais que l'un de vos frères vous aurait prévenue, ajouta-t-il.

– Je ne les ai pas vus depuis le déjeuner, avoua Mona.

– Pourquoi n'êtes-vous pas en train de dîner ? demanda Dumbledore.

– Je... commença Mona, ne sachant que répondre.

La pro du mensonge faillira-t-elle devant le mage blanc ?

Mage blanc oui, mais pas Gandalf, ni Merlin... c'est Dumbledore, on est dans Harry Potter, vous vous souvenez ?

– Vous cherchez peut-être les cuisines ? suggéra-t-il avec un léger sourire.

– Non, protesta Mona. Je...

À nouveau, elle ne sut quoi répondre, et le sourire de Dumbledore s'élargit. Il s'avança vers un tableau représentant une coupe de fruits, chatouilla une poire, elle se mit à rire, et une porte s'ouvrit.

– Ne le révélez à personne, Miss Moon, dit-il avec un air sérieux.

– Je ne dirai rien, répondit Mona en secouant frénétiquement la tête.

– Après vous, dit Dumbledore en montrant l'entrée.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant