5.3 Mika

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Les deux garçons firent le tour discrètement tandis que Fabio écrivait un message à sa copine pour annoncer qu'ils arrivaient.

— Bien, réfléchit Mika. J'imagine que rentrer par la grande porte est exclus.

Il se sentait épuisé. Ça n'avait rien d'étonnant vu la journée qu'il avait passée, mais en plus, le vacarme et l'atmosphère le plombaient.

— J'ai essayé, répondit Fabio. C'est mort. Trop bien gardé.

— J'imagine. Tu crois qu'il y a moyen de se déguiser en Artiseurs ?

— Non. Ils sont trop bizarres.

— Je vois.

— Je pensais que l'un de nous deux, à l'aise avec les acrobaties, pourrait monter là-haut.

Il montra une lucarne entrouverte à l'arrière du bâtiment, à un mètre de la brume.

— Et pendant ce temps, l'autre fout le bordel pour attirer l'attention sur lui.

Mika observa la lucarne, perplexe.

— C'est dangereux et... dangereux, dit-il. Tu sais où est Osa ?

— Elle m'a parlé de passerelles et de faux plafonds au-dessus de fournaises.

— Ok...

Il poussa un soupir et se passa une main dans les cheveux pour les ébouriffer. Ça ne devait pas être si compliqué...

— Voilà ce que je propose. On va monter tous les deux, et on va essayer de se la jouer Carlier, puisque c'est ce qu'on est. Je ne pense pas qu'il faille faire diversion, ce serait trop gros. Les Artiseurs ne sont pas une intelligence artificielle, ils sauront tout de suite où on veut en venir si on se montre. Je serais plutôt pour qu'on ne se sépare pas et qu'on se couvre l'un l'autre.

Fabio hocha la tête. Mika s'était attendu à un avis contraire, à des remarques, mais non, rien.

— Mais si tu ne veux pas, on peut faire autrement, précisa-t-il.

— C'est très bien, répondit Fabio amusé et un brin moqueur. Vas-y, je t'en prie, passe devant.

Mika se retourna vers la structure. Oui, d'accord, ce n'était pas aussi évident que ça en avait l'air. Il s'approcha du mur, prit un peu d'élan et attrapa la plus basse corniche du bout des doigts. Super, et maintenant qu'il était suspendu par les mains, il faisait quoi ? Conan le barbare aurait soulevé tout le poids de son corps d'une seule main pour se hisser sur la corniche, en tenant un fendoir massif dans l'autre. Mika essaya, mais ne s'éleva pas d'un millimètre, même à la force de ses deux bras. Il tenta de trouver un point d'appui pour ses pieds, en vain. C'est alors que Fabio s'approcha de lui, le prit par les jambes et le souleva. Mika profita de l'aide pour atteindre un amas de tuyauterie fumante et se retourna pour tendre la main à Fabio, qui monta à son tour.

— Bon, on est déjà allés plus loin que moi tout à l'heure, admit Fabio. C'est bon signe non ?

Mika acquiesça. Il n'avait pas le vertige, mais il avait la conscience aigüe de la brume juste derrière lui et du fait que s'il tombait en arrière, il serait désintégré en un seul instant. L'OGRS faisait le test devant tous les nouveaux arrivants et Mika y avait eu le droit à son premier jour sur Gaïa. Ils approchaient un morceau de taule comme un ancien panneau tordu. Pour Mika, il s'agissait des restes d'une barrière de sécurité. Ils le poussaient dans la brume. Ça rentrait comme dans un nuage, sans faire de remous, sans bruit particulier. Et quand ils reculaient, on pouvait s'apercevoir que ça n'avait jamais pénétré à l'intérieur, mais que ça avait été désintégré en frôlant la surface. Et que de toute la matière disparue, il ne restait rien, pas même une vague couleur, pas de particules, rien. Pas étonnant que se jeter dans la brume ce soit devenu la méthode de suicide la plus pratiquée sur Gaïa. Mais Mika n'avait aucune envie de disparaitre.

CALMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant