18.5 Charlotte

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À la tombée de la nuit,  Charlotte se concentra sur la dernière partie de ses recherches, soit le point le plus en hauteur de Nevenoe. Elle n'eut pas longtemps à réfléchir pour trouver. Les tours du quartier des affaires étaient dominées par une un peu plus haute, celle de la mairie de Nevenoe.

Un peu mal à l'aise dans sa robe blanche pas vraiment assortie à la saison, Charlotte s'engagea dans le hall du grand bâtiment et le traversa d'un pas qu'elle voulut assuré. À l'accueil, un homme leva le regard vers elle, répondit à son sourire, puis baissa à nouveau les yeux sur son écran. Alors elle continua son chemin.

L'ascenseur ne montait pas jusqu'en haut de l'immeuble, pourtant les secondes pendant lesquelles Charlotte se retrouva coincée dans cette boite en fer lui semblèrent durer une éternité. Quand enfin elle put en sortir, elle se retrouva dans un endroit classieux et trop propre qui la mit d'autant plus mal à l'aise. Elle chercha les escaliers de secours, et lorsqu'elle les trouva, continua à monter. Elle y était presque...

La porte de sortie la plus haute était verrouillée, évidemment. Et Charlotte n'avait pas la moindre connaissance en crochetage. Elle réfléchit, força sur la poignée, tenta même un petit coup d'épaule, mais cette porte était bien plus solide qu'elle n'en avait l'air. Elle tenta tout de même de la forcer jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle n'était vraiment pas de taille. D'ailleurs, ce n'était peut-être même pas la bonne porte, ça aurait été dommage de se donner tant de mal pour rien... Mais il y avait quand même beaucoup de chances pour que ce soit là.

Elle ne pouvait pas repartir comme ça, c'était vraiment trop nul, il fallait qu'elle trouve une solution, un moyen d'entrer. C'est alors qu'elle remarqua le triskèle gravé en haut de la porte à côté d'une petite maxime à peine lisible.

« Sans haine ni violence, mais respect »

Sans haine, ni violence, mais respect. Elle répéta cette petite phrase sans comprendre, la prononça à voix haute pour trouver un éventuel jeu de mots, fouilla encore et encore pour trouver une autre partie de l'énigme et finit par perdre patience et donner un bon coup d'épaule dans la porte.

La haine, la violence... Elle était en plein dedans. Ça l'agaçait cette putain de porte fermée alors qu'elle était venue jusque là ! Elle se calma, et faisant taire l'ironie sombre qui l'habitait à l'idée de se laisser berner de la sorte par une énigme, elle s'inclina très légèrement.

— Je voudrais entrer, pouvez-vous vous ouvrir ?

Respect, qu'est-ce que ça voulait dire que le respect ? 

— S'il te plait ? 

Elle soupira. Débile. Évidemment, ça ne pouvait pas être aussi facile... Il lui manquait quelque chose, forcément.

— Un petit coup de main ? 

Lilou la regardait en souriant, appuyée, contre le mur juste derrière elle. Charlotte se sentit espionnée.

— Vous êtes là depuis combien de temps ? demanda-t-elle agacée.

— Peu importe.

— Vous avez la clef ?

— La clef, vous l'avez déjà, assura Lilou. Vous n'avez juste pas su vous en servir.

Charlotte secoua la tête. Elle avait déjà la clef ? L'énigme ? Bon sang...

— S'il vous plait, pouvez-vous cesser de parler par énigme ? 

— Bien, bien. Je vais vous aider. Reculez.

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