CALM

5.5 Mika

Mika reprit connaissance allongé au milieu d'une cage circulaire dans un sous-sol comme celui de la cafétéria qu'il avait visité avec Iolas. Sauf que cette pièce-là était pleine à craquer de MnMolochs qui se déchainaient autour de lui en écoutant un métal bien bourrin. Ils frappaient sur les barreaux, chantaient faux en se passant des bouteilles d'alcool, et se passaient des sortes de fusils en plastique que certains pointaient vers l'intérieur de la cage et Mika, dans l'œil du cyclone, comprenait doucement qu'il était au menu.

Il tenta de bouger un peu. On avait donné des coups de couteau dans les scotchs qui le ligotaient, si bien qu'en tirant un peu, il réussit à se libérer assez pour pouvoir se lever. Aussitôt, toute l'attention se tourna vers lui. Peut-être qu'il aurait dû rester couché... La tête lui tournait, il avait mal à la tête, mal partout en fait, il se sentait nauséeux. Qu'est-ce qu'ils comptaient lui faire ? Le tuer, lui aussi ? Il fallait qu'il sorte d'ici. Vite...

Il s'avança vers les barreaux de la cage alors un des tireurs appuya sur la gâchette de son arme en plastique et une boule de peinture verte lui explosa au visage. C'était plus surprenant que douloureux. La peinture était chaude, mais pas brulante. Par contre, il en avait dans la bouche, sur les yeux, dans le nez... Il battit en retraite sous les rires et les moqueries en s'essuyant le visage. C'était la même odeur que celle qui empestait son appartement. Voilà comment Amandine avait repeint. Au fusil à peinture... Une autre balle l'atteignit derrière le genou, assez fort pour que sa jambe plie et qu'il se retrouve à quatre pattes par terre. Aussitôt, il s'en prit une sur les fesses. La musique hurlait toujours aussi fort. Les coups de peintures étaient de plus en plus insupportables. Il en était désormais recouvert de la tête aux pieds. Il se releva et vit Amandine. Elle tenait un fusil et souriait d'un air mauvais. Elle ne jurait vraiment pas dans ce décor. Comment avait-il fait pour être aussi aveugle ?

— Garce ! ragea-t-il en la regardant dans les yeux, poings serrés.

Elle tira, visant sa tête. Mika esquiva. Aussitôt, les MnMolochs redoublèrent de cris de liesse. Un autre tira, Mika se détourna juste à temps. Que les balles de peintures explosent de l'autre côté de la cage et éclaboussent les MnMolochs ne dérangeait personne, au contraire. Ça les amusait.

Très vite, ils commencèrent à scander quelque chose. Il fallut un peu de temps à Mika pour comprendre, puis esquivant une nouvelle balle de peinture pour s'en prendre une à l'arrière du crâne, il saisit enfin ce qu'on attendait de lui. Ils lui disaient « Danse ! ». Ils voulaient le voir danser. Il revit Iolas, au milieu des MnMolochs, qui esquivait les coups avec une grâce surhumaine. C'était ça, qu'ils voulaient, qu'il esquive la peinture, qu'il fasse des trucs de Carlier, sauf que lui ne savait pas faire ça.

Un nouveau coup de ces balles de peinture l'atteignit à la tempe. Elles devenaient difficiles à supporter. Certains coups trop bien ajustés lui coupaient le souffle ou manquaient de le faire chuter. Il devait se forcer pour ne pas bouger, attendre qu'ils se lassent, mais le supplice ne semblait pas vouloir finir.

Puis tout à coup, autre chose fut scandé et un MnMoloch en short à treillis et débardeur tendu sur ses muscles entra dans l'arène. Mika perdit son sang froid et recula, paniqué.

Le type approchait, un sourire aux lèvres, poing serré comme un boxeur de rue, souple sur ses jambes. Puis d'un coup, il frappa. Mika se prit un unique coup en plein visage qui le propulsa contre les barreaux de la cage sous les cris du public. Sonné, il se sentit nauséeux, au bord de l'inconscience tandis que du sang se mélangeait à la peinture sous son nez. Des mains l'agrippèrent à travers les barreaux et il sentit qu'on commençait à lui arracher ses vêtements. Il s'extirpa à grand-peine et fut forcé de retourner au centre, face à ce type complètement dingue qui s'apprêtait à frapper encore.