18.1 Charlotte

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Comme je suis en ce moment dans un lieu où le wifi ne va pas de soi, je préfère publier ce chapitre un peu plus tôt dans la journée, tant que je le peu encore... 

Bonne lecture !

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La gare spatiale était vide et silencieuse. Derrière un guichet, une femme lisait sur une tablette tactile. Elle releva les yeux vers Charlotte et les baissa aussitôt sur son livre. D'une main, elle attrapa sans regarder une brochure sur la pile et la lui tendit.

— Pour toute autre demande, veuillez vous adresser à mon collègue, dit-elle en montrant un bureau quelques mètres plus loin. Je ne m'occupe que des départs.

Charlotte baissa les yeux sur la feuille. Ce bref coup d'œil qu'elle venait de lancer en disait long. Encore une ratée qui fait perdre son temps à tout le monde, une nulle qui ne sert à rien et qui abandonne au premier échec...

Elle serra des dents et consulta les tarifs. Lorsqu'elle vit les chiffres, elle blêmit.

— Pourquoi est-ce beaucoup plus cher de revenir sur Terre que de venir sur Gaïa ? demanda-t-elle.

— Parce que nous n'avons pas le même matériel ici que là-bas et aucune ressource de carburant, le lancement est beaucoup plus couteux. D'autre part, l'inflation fait qu'ici, cette somme est presque équivalente à celle payée par un terrien pour venir sur Gaïa. Troisièmement, les aspirants gaéliens sont sponsorisés pour venir ici avec leur bagage de culture et d'intelligence. Mais ça n'intéresse personne de vous payer le billet de retour. Si vous avez un travail, votre patron sera peut-être disposé à vous aider si vous travaillez pour une de ses filiales terriennes.

— Je travaille pour l'OGRS.

— Désolée, mais l'OGRS n'accepte pas ce genre de demande. Désirez-vous toujours partir ? 

— Est-il possible de payer en plusieurs fois ?

— Non.

Charlotte tourna les talons, frustrée, et un peu inquiète aussi. Elle avait quitté son job, elle s'était débarrassée de son appartement, elle pensait vraiment avoir de quoi partir, elle possédait bien plus que le prix d'un billet pour aller sur Gaïa, comment aurait-elle pu imaginer... quelle arnaque ! 

Elle poussa un long soupir et sortit de la gare. Elle jeta un nouveau coup d'œil au prospectus et comprit qu'à moins d'un véritable miracle, elle n'obtiendrait jamais la somme dont elle avait besoin. Et là, en cet instant, elle comprenait bien mieux pourquoi le taux de suicide était si fort sur Gaïa. Là-bas, toujours parfaitement cachée par le soleil, se trouvait la Terre, qui n'était plus accessible. Qui ne le serait plus jamais. Il ne lui restait plus qu'à faire son deuil. 

CALMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant