13.7 Mika

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Mika se laissa tomber sur le banc de la cellule et se prit la tête à deux mains, et tandis qu'il écoutait le vide autour de lui, une seule idée parvenait à surmonter les autres dans sa tête. Il n'aurait pas pu plus échouer cette quête.

Le silence était si fort, si impressionnant qu'il avait l'impression qu'il allait l'engloutir. Il tenta de démêler la situation dans sa tête, mais épuisé, il s'allongea sur le banc et ferma les yeux. C'était un cauchemar, juste un horrible cauchemar, ou alors un terrible malentendu. Et au-delà de ce malentendu, il y avait ce type, Alexis, qui répétait inlassablement dans sa tête que l'OGRS recrutait des assassins, qu'il en avait été un, que Fabio en avait été un. Pourquoi n'avait-il pas saisi toute l'importance de cette information ? Parce qu'il était pris dans un jeu. Parce que les Carliers sont des assassins, mais des assassins qui ne tuent pas vraiment leurs victimes, des victimes qui disparaissent pour réapparaitre un peu plus tard avec moins de points d'Xp et moins d'argent. Il n'en revenait pas de ne pas avoir pensé à ça plus tôt, de ne pas avoir compris qu'il ne fallait pas aller dans ce bureau et qu'il n'aurait jamais dû tenter de suivre les règles de ce jeu-là parce que ce n'était pas un jeu. Le jeu c'était le CALM, eux ne rigolent pas, merde !

Le silence était de plus en plus fort, de plus en plus insupportable, le temps s'étirait à l'infini dans ce cachot et quand enfin la porte se rouvrit, Mika sursauta tant le bruit des gonds était violent.

Aucune lumière ne provenait de l'extérieur. Il faisait donc déjà nuit. Des pas l'entourèrent, deux mains l'agrippèrent sans ménagement. Il fut conduit dehors et poussé par des militaires casqués qui l'emmenaient vers une voiture. Toutes les lumières de la base étaient éteintes, seules les étoiles éclairaient la scène.

— Eh ! fit-il inquiet. Eh ! Il se passe quoi ! Vous m'emmenez où ?

Angoissé, il se débattit, mais on le tenait solidement, sans menace d'arme. Dommage, parce que cette fois, ça n'aurait pas suffi à le garder tranquille. Toutes les horreurs proférées contre l'OGRS devenaient réalité. Il n'y avait aucune commune mesure entre ce que pouvaient faire des soldats et des MnMolochs. Il savait que s'ils voulaient le torturer, le torturer vraiment, pas avec de la peinture, alors il ne pourrait rien cacher. Rien... Que Ce serait horrible, affreux, insupportable.

Il se débattit encore, on l'empêcha de bouger. On le jeta dans la voiture aux vitres teintées et on lui tordit un bras dans le dos pour l'empêcher de bouger. Tout le long du trajet, Mika chercha à comprendre, le souffle coupé. Où est-ce qu'ils allaient ? Où ? La voiture s'éloignait de plus en plus, dépassait la gare. Il paniqua de plus belle quand ils roulèrent droit sur la brume. Un des hommes ouvrit la portière et Mika se retrouva nez à nez avec la brume. Alors sans crier gare, on le poussa un grand coup en avant.

Mika se réveilla en sursaut. Il resta de longues minutes sans bouger, le temps de chasser les images de son cauchemar et de faire le point.

Il avait faim et froid, mais ses idées étaient plus claires. Il se souvenait où il était, il savait comment il s'était retrouvé ici et il avait une notion suffisamment précise des menaces qu'on lui avait faites pour savoir qu'il n'avait plus de vie humaine possible. Non. Il ne lui restait que le CALM, et encore, seulement s'il parvenait à sortir d'ici, et il y était déterminé.

Il se leva et fit le tour de sa cellule en frôlant le mur du bout des doigts. Qu'est-ce que ses pouvoirs carliers pouvaient lui offrir comme aide, dans cette situation ? Les acrobaties, bof, l'endurance, bof, le silence, bof, le combat, peut-être une fois dehors. Qu'avait-il d'autre ?

Il respira profondément. Qu'aurait fait Iolas à sa place ? Iolas aurait communiqué par télépathie avec les membres de son équipe, Iolas aurait... crocheté la porte ? Non. Il n'y avait pas de serrure et il n'avait aucun matériel. Iolas se serait accroché au plafond juste au-dessus de la porte et aurait assommé ses gardiens à l'instant où ils auraient ouvert. Oh oui, sourit-il. Ça, très certainement. Et lui, Mika, qu'aurait-il fait ? Il aurait pu faire ça, mais combien de temps devrait-il rester accroché au plafond ? D'ailleurs, était-il assez haut pour cela ?

CALMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant