11.2 Mika

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Ian les emmena jusqu'aux vestiaires des salles de sport, où des cabines noires et rouges étaient alignées.

— C'est chouette ici, fit Mika. J'ai des douches communes dans les baraquements où j'habite maintenant. C'est loin d'être aussi classe. Mais je vais passer mon tour, je n'ai pas de quoi me changer.

— Je m'occupe de ça, dit-il en prenant son téléphone. Ne t'inquiète pas.

Fabio était déjà dans une de ces cabines. Les deux autres garçons suivirent. Osa eut un moment d'hésitation.

— C'est mixte, hein ?

— Ça te gêne ? demanda Fabio surpris.

— Non. Ça me surprend, c'est tout.

— Carliers hommes et Carliers femmes sont traités pareils, répondit Ian. Nous ne faisons guère de différence. Tu ne verras jamais une quête dont le prérequis est d'être une femme, des lieux pour homme...

— Si c'est vrai, c'est bien, approuva la jeune femme. Après, j'imagine qu'il y a des gros lourds comme partout, et qu'une femme torse nue aurait le droit à d'autres regards qu'un mec en pagne.

— La différence, Osa, rétorqua Ian, c'est qu'une Carlier qui subit un traitement qui ne lui convient pas se fait un devoir de remettre son agresseur à sa place.

— Facile à dire... L'agressivité n'est pas la solution.

— Non, c'est vrai. Mais bon, je n'ai jamais vu de problèmes avec certaines de mes équipières qui avaient du mal avec les fringues. Le mot carlier n'a pas de genre, pas plus qu'aucun autre nom de nos peuples. Ce n'est pas une problématique qui nous touche beaucoup, tout simplement.

Un pas léger approchait des vestiaires.

— Je suis là, chanta Marshall. Mes mignons, j'ai le regret de vous dire que seuls deux d'entre vous ont les moyens de s'offrir mes services.

— Oh merde, murmura Ian. J'ai oublié ce détail.

— Oui, mon petit. Donc, comme je vous aime bien, je vous ouvre une ardoise. Osa, c'est bon, Fabio je mets ça sur le compte de ton frère comme d'habitude, mais Mika et Ian il va falloir me rembourser.

— Pardon Marshall. J'ai complètement oublié, s'excusa Ian. Je n'ai plus l'habitude de devoir vérifier mon solde.

— Tu es tout pardonné, fit Marshall, mais ne recommence pas. Je vous connais tous un peu alors j'ai fait au mieux, je vous ai à tous préparé une tenue d'exercice. Vous m'en donnerez des nouvelles. Il serait bien que vous prévoyez ce genre de situation à l'avenir. Prenez-vous une chambre pour l'équipe et laissez-y des affaires, vous aurez l'air moins bête.

— Merci, Marshall, minauda Osa.

Les autres l'imitèrent. Marshall se mit à rire.

— Je vous aime, dit-il en s'éloignant. Halala... il n'y a rien à faire, je vous aime.

Le silence retomba, seulement perturbé par les bruits d'eau.

— Tu m'aurais dit que tu avais contacté Marshall, je t'aurais dit qu'on n'avait pas les moyens, remarqua Osa depuis sa cabine.

— Désolé, fit Ian. Vraiment. J'avais assez d'argent pour ne jamais avoir à me soucier de ce genre de détails, avant.

— À l'avenir, laisse-moi m'en occuper, soupira-t-elle. Ça évitera de me retrouver avec de gros trous inutiles dans mon trésor. Surtout que je suis couturière de métier et que je n'ai pas l'habitude d'avoir à acheter les tenues que je fabrique moi-même.

CALMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant