13.5 Mika

23 6 5
                                    


Autant le samedi avait été un jour de victoire, autant le dimanche fut un jour morne et sans saveur. Osa ne reparut pas, et de toute façon, elle les avait prévenus qu'elle ne le ferait pas. Pour Mika, c'était la fin d'une période dont il avait l'impression qu'il n'avait pas assez profité.

Le lundi matin, alors qu'il était prêt pour aller en cours, et même un peu en avance, il décida d'aller faire un tour du côté de l'administration. Il pensait que ce ne serait pas encore ouvert, pourtant quelqu'un tenait le secrétariat.

— Bonjour, salua un secrétaire assis derrière un comptoir couvert de dossiers. Je peux vous renseigner ?

— Oui, fit Mika en cherchant ses mots. Le mois dernier, on m'a confisqué mon ordinateur et fait déménager en attendant que mes résultats scolaires se soient améliorés. Les quelques examens que j'ai passés sont concluants, et j'ai été dispensé du cours de soutien parce que je n'en ai pas besoin. Alors je viens voir s'il est possible de récupérer mes affaires.

— Je vais voir ça, approuva-t-il avec un sourire.

Ce n'était pas un sourire rassurant. Mika le trouvait même moqueur. Il renseigna son nom, son cursus, et son adresse ainsi qu'un matricule qu'on lui avait donné en arrivant sur Gaïa et on lui demanda de patienter sur l'un des sièges à côté.

En fait, plus il attendait, plus Mika se disait que ça avait été une très mauvaise idée. Il se souvenait la manière dont on l'avait conduit chez lui, entouré de deux soldats armés, pour aller fouiller dans ses affaires et l'en déposséder. Et puis il se souvenait aussi de ce qu'avait dit Alexis, à Ys. Alexis, tout comme Fabio avait été engagé pour tuer. Pour retrouver les disparus de Nevenoe, ceux qui se réfugiaient dans le jeu, et pour les tuer. Il venait de demander à une organisation meurtrière de statuer sur son cas. Son cœur se mit à battre plus vite. En fait, il était peut-être même en train de se mettre en danger.

Non... non. Il ne fallait pas qu'il se laisse contaminer par la paranoïa du CALM. Il n'avait rien fait de mal, il avait été raisonnable, il avait choisi de faire les choses bien même s'il s'était gardé un peu de marge pour vaincre Maligne.

Son assurance fondit quand il vit Adèle Léon sortir d'un bureau et venir à sa rencontre.


— Bonjour Mikael. À votre demande, nous allons étudier votre cas.

— Merci.

Elle le précéda dans un bureau et referma la porte derrière lui. Ici, tout était propre, ordonné, sans décoration, sans originalité.

— Asseyez-vous, dit-elle avant de prendre place à son tour. J'ai eu connaissance des conclusions de votre professeur de soutien, qui m'a assuré que vous n'aviez aucun problème avec les maths.

Elle ouvrit un dossier et montra les feuilles sur lesquelles il avait travaillé avec Maligne.

— En effet, elle a pu m'expliquer que vous aviez réussi des exercices non dénués de difficulté par rapport à votre niveau.

Mika hocha la tête.

— Je sais aussi que vous avez obtenu des résultats sans équivoque aux derniers petits contrôles de routine que vous ont soumis vos professeurs dans le cadre des cours.

Mika approuva à nouveau.

— Et pour finir, j'ai appris que vous aviez suivi mes conseils et que vous aviez pris un stage au sein de l'OGRS, en laboratoire d'analyse. Un choix étonnant, d'ailleurs, qui ne correspond pas vraiment à vos velléités d'explorateur.


— La brume est un mystère parmi tous ceux dont Gaïa recèle, répondit-il mal à l'aise.

Elle acquiesça.

CALMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant